FORÊTS BOIS
Susciter des vocations pour une filière dynamique et locale !

Cette année, 220 collégiens ardéchois sont sensibilisés à l’environnement, aux rôles et aux métiers de la filière forêt bois. Piloté depuis 2018 par le Département en partenariat avec l’Education nationale, ce programme d’animation associe le savoir-faire des professionnels du secteur. Objectifs : orienter les adolescents vers une filière pleine d’atouts mais encore trop méconnue.

Susciter des vocations pour une filière dynamique et locale !
Cinq collèges ardéchois ont bénéficié de ce programme d’animation cette année : les établissements de Vernoux-en-Vivarais, Crussols/Saint-Péray, Joyeuse, Le Cheylard et Cruas.

La filière forêt bois ne manque pas de ressources dans le département : 58% de l’Ardèche est couverte de forêts, soit le taux de boisement le plus élevé de la région Auvergne Rhône-Alpes qui tient, quant à elle, la 3e place au niveau national (36%). A ce jour, plus de 700 entreprises et 1 300 emplois liés à l’exploitation du bois, 1ère et 2e transformation hors bois de chauffe, sont recensés en Ardèche. Malgré ces atouts, ce secteur d’activité souffre d’un déficit d’image et rencontre des difficultés de recrutement. « Beaucoup d’entreprises ferment car elles ne trouvent pas de repreneurs », confirme Amélie Taupin, chargée de mission forêt bois de l’interprofession Fibois Ardèche Drôme. La filière est pourtant rémunératrice et bénéficie d’un marché porteur : le prix du bois a augmenté de près de 40 % cette année en France. Amélie Taupin l’assure : « C’est une filière dynamique et locale qui a besoin de main d’œuvre. Quand on y rentre, on est sûr de trouver du boulot ! »

Face à ce constat, le Département pilote un projet de sensibilisation et d’orientation des collégiens sur les métiers de la forêt et du bois depuis 2018, dans le cadre du programme Apeca1. Ce projet est mené en partenariat avec l’Education nationale et sollicite l’expertise de spécialistes de la filière pour organiser des animations pédagogiques en classe, en entreprise et sur le terrain. Les adolescents sont amenés à rencontrer divers intervenants de Fibois, de l’Organisme national des forêts (ONF), du Centre régional de la propriété forestière (CRPF) et du Centre d’études forestières et agricoles (Cefa) de Montélimar. Objectifs : faire découvrir l’écosystème forestier et l’importance du bois aux adolescents, ses métiers et ses applications au quotidien, leur donner des éléments de connaissance pour cerner les notions de développement durable, les formations proposées… Et susciter des vocations !

Des rôles de protection naturelle, économique et récréatif

Près de 220 collégiens volontaires ont participé à ce programme cette année, dont une vingtaine d’élèves du collège Albert Mercoyrol de Cruas. Après avoir assisté à deux ateliers en classe, ces derniers ont suivi, jeudi 6 mai, une sortie organisée au col de Duranne dans la forêt domaniale de Saint-Vincent-de-Barrès. Animée par un technicien forestier de l’ONF et un professionnel de Fibois, cette sortie en pleine nature a permis de rappeler les rôles majeurs de la forêt. « La forêt protège et fixe l’équilibre naturel de la planète, produit des choses et accueille du public », résume Vincent Didier, technicien forestier à l’ONF. Qui s’occupe de quoi ? Les différents organismes de gestion et de contrôle des forêts ont été présentés sommairement aux adolescents, sans manquer de mentionner l’avènement de la notion de gestion durable des forêts avec l'ordonnance de 1669 « sur le fait des Eaux et Forêts » initiée par Colbert.

Sur place, les collégiens ont découvert une parcelle de 2 hectares de Pins noirs d’Autriche tout juste coupée. Non endémique, cette essence a été plantée dans de nombreux secteurs du Coiron et de Sud Ardèche il y a une centaine d’années, pour fixer les sols en pentes et restaurer les forêts de montagne. Aujourd’hui, un champignon endémique (Sphaeropsis sapinea) qui vit dans leurs bois, inoffensif en temps normal, ne cesse de se développer jusqu’à faire dépérir l’arbre. Une réaction naturelle face l’affaiblissement des arbres ces dernières années, causé principalement par la sécheresse. Aucune solution n’existe et « ces arbres qui supportaient tous les types de sols, même ingrats, le vent, la sécheresse, le froid, n’ont clairement plus leurs places aujourd’hui en Ardèche ». Cette coupe sur 2 ha n’a pourtant pas été faite pour des raisons sanitaires mais dans le cadre d’un plan d’aménagement forestier. Car lorsque l’arbre n’est pas trop atteint par le champignon, son bois peut encore être commercialisé et les travaux de renouvellement des parcelles être entamés. « Nous devons restaurer ces terrains et trouver des essences qui résisteront mieux, peut-être même des essences qui ne sont pas forestières », ajoute Vincent Didier. « La forêt de demain sera une forêt mosaïque, où nous expérimenterons des choses car nous sommes confrontés à un vrai problème que nous ne maîtrisons pas, même sur nos essences endémiques et locales. »

« Voir la forêt comme une ressource mais surtout comme une richesse ! »

Cinq collèges ardéchois ont bénéficié de ce programme d’animation cette année (les établissements de Vernoux-en-Vivarais, Crussols/Saint-Péray, Joyeuse, Le Cheylard et Cruas) et les demandes se multiplient ! Les effets se font également sentir auprès des adolescents. Certains d’entre eux ont décidé de s’orienter vers des formations de charpentiers ou de technicien forestier. « Il est très important de sensibiliser les jeunes aux enjeux que représentent la forêt sur le plan écologique mais aussi économique. Les collèges volontaires qui sont passés par ce programme vont devenir des établissements phares pour les années suivantes et pour porter cette politique éducative locale », indique Bernadette Roche, conseillère départementale en charge de la forêt et de l’aménagement foncier. Reste à créer également de la cohésion entre les différents acteurs de la filière, notamment les propriétaires forestiers privés : « Ils représentent 90% des propriétés forestières du territoire et elles sont insuffisamment gérées. Nous nous appliquons à résoudre ce problème. Grâce au soutien financier du Département, 4 associations de regroupement de propriétaires forestiers, dotées de documents de gestion durable, ont vu le jour ces dernières années. Il y en a donc 5 à présent en Ardèche et elles permettent de faire appel à des experts forestiers pour organiser l’entretien et la gestion de cette ressource locale importante. Il faut voir la forêt comme une ressource mais surtout comme une richesse ! » 

A.L.

1. Accompagnement des projets éducatifs des collèges ardéchois.

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