EXPERIMENTATION
Zoom sur les travaux conduits par la station du Pradel

Ressources fourragers, rendements laitier et fromager, gestion du parasitisme... La ferme expérimentale du Pradel multiple les projets d'expérimentation en élevage caprin.

Zoom sur les travaux conduits par la station du Pradel
Credits photo : Station du Pradel.

Le projet SécuFourrage vise à trouver des leviers pour adapter les productions végétales fourragères au changement climatique et améliorer leur résistance aux températures élevées et extrêmes. Pour cela, quatre mélanges de semis sont testés pour l’alimentation du troupeau sur une base brome et luzerne : ST Marcellin (fétuque élevée, brome, dactyle, RGA / trèfle blanc, trèfle fraise, luzerne, lotier) pour sa résistance au sec ; protéines (fétuque élevée, brome, dactyle, RGA / trèfle blanc, trèfle fraise, luzerne, sainfoin, lotier) ; diverses bio-actives (fétuque élevée, brome, dactyle, RGA / chicorée, plantain, trèfle blanc, trèfle hybride, luzerne, sainfoin, lotier) ; et un méteil de printemps (triticale, avoine, vesce et pois fourrager) tout juste pâturé. Avec le peu de production d’herbe ces dernières semaines, ce méteil a pu être bien exploité et présente des résultats satisfaisants. Prochainement, un sorgho fourrager lui sera implanté afin d’évaluer son adaptation au pâturage selon les stades et le comportement des chèvres. Ce projet SécuFourrage est financé par la Région Auvergne Rhône-Alpes (Aura) dans le cadre des Pepit (Pôles d’expérimentations agricoles partenariales pour l’innovation et le transfert aux agriculteurs) et déposé par la Chambre d’agriculture de la Drôme.

Toujours sur le fourrage, la station du Pradel participe au projet Cap‘Protéine inscrit dans le cadre du Plan de relance du gouvernement. Une parcelle de démonstration sera réalisée sur l’implantation et le comportement de différentes espèces fourragères dont de nombreuses légumineuses. Objectifs : trouver des cultures de printemps qui permettent de produire assez de protéines sur les fermes et ainsi limiter la dépendance aux importations. Des essais alimentaires seront également menés en fin d’année 2021 en comparant un méteil aplati contre entier.

Entamé en 2019 et conduit par l’Idele, le projet Casdar ValCabri ambitionne d’améliorer l’engraissement du chevreau à la ferme et travaille sur plusieurs axes de recherche, dont celui des croisements de race. Des comparaisons ont été menées de janvier à mars 2021 pendant une cinquantaine de jours entre des lots de chevreaux de race Alpine et des croisés de race Boer. Objectif : évaluer les effets des races. Les données de croissance, la qualité des carcasses et de la viande des chevreaux restent encore en cours d’analyse.

Dans le cadre du projet Pepit MaLiSTEC, différents essais sont menés sur les leviers permettant de limiter la multiplication et la transmission des Escherichia coli STEC du tube digestif au lait. Des essais avaient été réalisés en 2020 sur différentes procédures de désinfection des trayons avant la traite. En 2020, 25 fermes de la région Aura ont aussi été suivies sur des périodes complètes d’accumulation des litières (températures et évolution quantité de E. coli) afin de mieux connaître les caractéristiques des litières caprines et d’identifier des pratiques préventives par rapport au risque de contamination fécale du lait via la litière. Les résultats montrent que les fréquences et la quantité de paillage ont une incidence sur l'évolution des bactéries. En 2021, différentes variations de fréquence et de quantité de paille seront testées sur trois périodes d'accumulation au Pradel, comparées à une pratique témoin, pour définir les pratiques les plus adaptés. 

Sur les machines à traire, le projet Pepit CMaFLAuRA sur l'implantation du biofilm se poursuit. Il vise à évaluer différentes procédures de nettoyage et suivre l'évolution des flores microbiennes de la machine à traire jusqu'à l'atelier de fromagerie, et leur impact sur le rendement fromager et la flore d'affinage. Quatre procédures sont testées : simple rinçage le soir ; eau moins chaude ; produits alternatifs à base de lessive de soude et vinaigre blanc ; nettoyage au peroxyde d’hydrogène du manchon trayeur avec l’automate Perfo Dose de Kersia.

Entamé début avril, un projet intitulé Rendement fromager, financé par le plan de filière caprine, teste également différentes compositions du lait (haut/bas taux butyreux et haut/bas taux protéique) afin de caractériser le lien entre qualité du lait et rendement fromager.

En matière d'adaptation à la sécheresse, la ferme étudie l’arbre comme ressource fourragère pour les chèvres. Un premier pâturage a été réalisé en 2020, avec l’appui financier de l’Anicap, sur les mûriers blancs du Pradel implantés depuis plus de 25 ans et a présenté des résultats encourageants. On note une quantité de lait équivalente entre le lot allant sur les muriers et le reste du troupeau resté en bâtiment. La qualité du lait s'est améliorée assez nettement en matière de taux butyreux. Une dégustation finale a montré que le picodon de mûrier est aussi bon que le standard. L’expérimentation autour du pâturage des arbres se poursuivra sur la ferme du Pradel en 2021 avec le programme APaChe (arbres pâturés par les chèvres) financé par les Fonds Massif. Ce projet s'étendra sur la zone du Massif central pour connaître les pratiques des éleveurs caprins et de nouveaux tests seront menés au Pradel sur les mûriers. Il vise à évaluer les effets de ce type d'alimentation sur le comportement des chèvres, l'apport alimentaire, ses impacts sur le rendement et la qualité du lait et des fromages, en matière de dégustation également.

Aucun outil existe aujourd'hui pour savoir à quel moment une parcelle est parasitée ou ne l'est plus. Afin de répondre à cette problématique, le projet Pepit ParCapAuRA cherche à référencer la durée des infestations parasitaires selon la période de rupture (estivale et hivernale) et les méthodes d'assainissement des parcelles (fauche).

A.L.