SANITAIRE
Un plan départemental pour lutter contre le moustique
Invités généralement indésirables à l’arrivée de la saison estivale, les moustiques sont pourtant de retour. Afin d’endiguer leur prolifération et notamment celui du moustique tigre, le Département a présenté son plan de lutte en trois axes.
Détecté pour la première fois en 2012, le moustique tigre est désormais implanté dans 71 départements français. En Auvergne-Rhône-Alpes, les 12 départements sont concernés. En 2022, on comptait 800 communes colonisées. 66 % des habitants de la région sont ainsi impactés par le moustique tigre. Essentiellement urbain, le moustique tigre (la femelle) a la particularité de piquer essentiellement en journée. Classé parmi les dix espèces les plus invasives du monde, il est depuis janvier 2024 considéré comme endémique en France. Source de préoccupation pour la santé publique, il peut propager des maladies exotiques telles que la Dengue, le Zika ou encore le Chikungunya.
Un impact économique et touristique
« Aujourd’hui, les restaurants se posent la question d’ouvrir leur terrasse ou non », lance le président de la CCI Ardèche, Marc Souteyrand et maire d’Ucel. « Il y a des personnes qui viennent me voir pour me demander ce que la mairie a l’intention de faire face à l’invasion de moustiques. » « Les touristes risquent de raccourcir leur séjour s’ils subissent trop de piqûres », intervient Véronique Chevalier, vice-présidente en charge du tourisme à la CCI de l’Ardèche, présidente de la fédération départementale de l’hôtellerie de plein air et directrice du camping domaine Les Ranchisses à Chassiers.
Pour répondre à cet afflux croissant de moustiques sur le territoire, le Département, en partenariat avec l’Entente interdépartementale Rhône-Alpes (EIRAD), a lancé un plan d’action de lutte contre les moustiques. Comportant trois axes, « l’idée est de valoriser l’action autour de la nuisance du quotidien, la présence des moustiques en Ardèche, et particulièrement des moustiques-tigres, est aujourd’hui une réalité qui ne peut qu’aller en augmentant dans les années à venir. La lutte contre ce fléau sur notre territoire est un enjeu de santé publique. Il est de notre devoir de participer à ce combat qui est l’affaire de tous, collectivités et grand public, et ce, durant toute l’année », résume Olivier Amrane, président du Département.
Une campagne de communication pour sensibiliser les Ardéchois
Le principal problème avec le moustique tigre est qu’il sévit chez les particuliers. « C’est un moustique urbain, car il n’a pas besoin d’un énorme volume d’eau pour se développer, contrairement au moustique commun », intervient Samuel Lauriol, directeur du camping de Laborie à Pradons, dont l’expérience pour éradiquer le moustique se compte en décennies. Pour limiter ses lieux de pontes, des documents seront distribués auprès des centres médicaux, les mairies et les établissements scolaires afin de sensibiliser aux bonnes pratiques et aux bons gestes à l’attention de l’ensemble de la population. « Les cimetières ou encore les hôpitaux aux toits plats sont des réserves auxquelles on ne pense pas forcément », ajoute Pierre Bellanger, 1er adjoint à la mairie de Vogüé, référent moustique tigre.
Parmi les pratiques à adopter tout au long de l’année, il est important de mettre à l’abri des averses de pluie les objets dans lesquels les moustiques pourraient pondre leurs œufs, de vider les contenants après chaque pluie, de couvrir les réservoirs d’eau, même avec une moustiquaire, et de nettoyer les équipements pour assurer un bon écoulement de l’eau, ou de percer les contenants tels que les pieds de parasol.
Un traitement au niveau local et départemental
Pour dérouler son plan d’action, le Département apportera une assistance technique avec deux référents départementaux aux collectivités, afin de les aider à définir leur programme de traitement en matière de périmètre, de planification ou de quantification de volumes de biocides nécessaire. « Le biocide utilisé, Vectomax G, est biodégradable et n’a pas de résidus dans le milieu la matière active, c’est une poudre diluable, sous forme de granulé pour une diffusion pendant 4 semaines qui traite uniquement le moustique qui capte sa pitance en surface », intervient Samuel Lauriol. Seul problème, ce biocide est très cher et ne peut donc pas être acheté par des particuliers. De plus la détention de deux Certiphyto pour l’acheter et le répandre est obligatoire. Hormis cette méthode, le piégeage ou la favorisation de nichoirs à hirondelles, mésanges ou chauve-souris peuvent être envisagés pour épurer la population de moustique.
Une veille départementale pour faire remonter les informations
C’est pourquoi le Département en lien avec l’EIRAD organisera des formations de référents départementaux et communaux pour faire de la prévention ou du traitement. Une veille départementale a été mise en place à l’aide d’un numéro vert à destination des élus locaux et acteurs économiques.
« L’idée n’est pas d’éradiquer le moustique, mais de réduire sa nuisance et de limiter les risques sanitaires. Nous devons prendre notre part dans le rééquilibrage », conclut Samuel Lauriol.