Dans la cour des fermes
Deux astuces d’agriculteurs recycleurs

Pour recycler leurs déchets, les agriculteurs ne manquent pas d’ingéniosité. À Solignac-sur-Loire, en Haute-Loire, l’un d’entre eux a conçu sa propre presse à plastiques. Dans la Drôme, un éleveur a pris l’habitude de compresser ses déchets avant l’arrivée des camions de collecte. Explications.

Deux astuces d’agriculteurs recycleurs
Gilles Tallobre de la Haute Loire à côté de l'une de ses bottes de plastiques agricoles usagés. ©HLP

À 63 ans, Gilles Tallobre installé depuis 1980 sur une ferme dans le village de Coucouron à Solignac-sur-Loire, déborde d'énergie. Outre le travail quotidien de son exploitation, cet agriculteur bricole, soude... et invente des astuces pour se faciliter la vie au quotidien. Investi depuis le départ dans la collecte de plastiques agricoles usagés, organisée par la chambre d'agriculture de Haute-Loire en partenariat avec Adivalor, Gilles Tallobre a, au fil du temps, réfléchi à la manière la plus astucieuse de stocker ses plastiques jusqu'à la collecte. Sa réflexion a abouti à la conception d'une presse à plastiques. Un outil « maison » dont il souhaite partager la conception avec les autres agriculteurs.

Bien stocker pour éviter la dissémination dans la nature

Installé sur 60 ha (30 ha de prairies et 30 ha de cultures - blé, orge, luzerne, méteil, lentille verte du Puy, petit épeautre du Velay), il élève 30 montbéliardes et produit 160 000 l de lait par an. Pour nourrir son cheptel, Gilles a opté pour l'enrubannage (venu en remplacement de l'ensilage il y a quelques années) soit 350 boules par an en moyenne et récolte aussi généralement 140 balles de foin et 100 boules de paille (pour sa stabulation entravée). Cette production fourragère induit l'utilisation de bâches plastiques, ficelles et filets. Or, au fil de l'ouverture des balles de fourrage, il revient à chaque agriculteur de veiller à les stocker correctement pour éviter toute dissémination au gré du vent et des intempéries. Chez Gilles Tallobre, pas question de laisser s'envoler ces plastiques pour les voir ensuite pendre le long de ses clôtures à barbelés. Une image peu attrayante pour les habitants du village et pour les nombreux randonneurs, venus de la voie verte située en contre-bas, qui passent juste devant sa ferme... Gilles ne conçoit pas non plus de voir atterrir ce genre de plastiques dans l'eau de la rivière qui coule quelques centaines de mètres en aval de son village.

Compresser ses déchets à moindre coût

C'est ainsi qu'il a inventer un outil efficace et surtout à moindre coût (maximum 50 €) pour bien stocker ses plastiques. Il a récupéré dans son stock de matériaux à recycler, des plaques de fer d'une bonne épaisseur et les a assemblées pour former une presse, à installer sur le chargeur de son tracteur. Quant aux plastiques usagés, ils sont placés, au fur et à mesure de l'utilisation des balles de fourrages, dans un container en plastique (percé au fond pour permettre l'écoulement de l'eau en extérieur) lui-même inséré dans l'armature métallique d'un récupérateur d'eau. « La première étape consiste à sangler le container de l'intérieur en plaçant des ficelles au fond qu'on laisse déborder sur les côtés et qui serviront à sangler les bottes. Vous pouvez ensuite y déposer les plastiques usagés. Et lorsqu'il y en a suffisamment, je presse avec mon chargeur, ce qui procure une très bonne maniabilité grâce à la commande hydraulique. En général, je presse trois fois chacun des containers, cela ne me prend pas beaucoup de temps. Une fois pressées, ces bottes de plastiques seront positionnées à des endroits stratégiques de ma ferme pour abriter du vent et des courants d'air. » Astucieux, cet outil devrait être amélioré pour parfaire son efficacité. Il est aussi multifonctions. « Je m'en sers de presse à plastiques et également pour enfoncer les piquets de clôtures. »

Moins de volume que du vrac ! 

Dans la Drôme, Jean-Marc Grange est loin de regretter l’époque où ses « tas de ficelles traînaient partout » dans son exploitation. Cet éleveur laitier prend tellement à cœur le recyclage des déchets, qu’il en a lui-même initié la collecte sur le secteur de Châteaudouble. Chaque année, le volume de déchets collecté augmente. Une réelle fierté pour le professionnel, qui a également mis en place une solution pour compresser les plastiques qu’il accumule avant la collecte. « Je fais des ballots, que je compresse avec mon tracteur, déclare-t-il. Je crée un carré avec des palettes et des ficelles sur les côtés, puis je tasse avec une botte rectangulaire, cela fait bien moins de volumes que du vrac ! » Des pratiques quotidiennes et peu coûteuses qui pourraient inspirer bien d’autres agriculteurs.

Véronique Gruber et Léa Rochon