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Agneau de Pâques : Après la panique, la filière se rassure

OVIN / Prise par un vent de panique durant la fin du mois de mars, la filière ovine se rassure un peu : l’agneau de Pâques s’est relativement bien vendu, mais les prix sont très décevants. Il est aujourd’hui très difficile pour les éleveurs d’avoir une visibilité sur les prochaines tendances, même à court terme.

Agneau de Pâques : Après la panique, la filière se rassure
L'agneau de Pâques a été pénalisé par le contexte de confinement.

« Mettez-moi un carré d’agneau ! » Durant le week-end pascal, et la semaine précédant les fêtes, les boucheries ont été prises d’assaut par leurs clients. A Privas, il était même difficile de trouver son gigot sans l’avoir par avance commandé. « Nous avons aussi mis en place un système de livraison à domicile, explique un salarié de la boucherie Saulignac (Privas). Nous avons bien vendu pour ces fêtes de Pâques ».

A quelques exceptions près, le constat semble globalement partagé par les boucheries ardéchoises. Malgré le confinement, l’agneau de Pâques a été plébiscité. Certes, les volumes vendus sont nettement inférieurs qu’à l’ordinaire, mais restent soutenus. Les bouchers ont globalement maintenu leurs prix. Néanmoins, quelques éleveurs ont eu du mal à écouler leurs bêtes, et certains agneaux sont restés dans les bergeries. Côté vente directe, s’il est difficile d’avoir des données chiffrées, la situation semble très hétérogène d’une exploitation à l’autre.

« Nous avons craint le pire »

Les éleveurs coopérateurs ont eux aussi pu se rassurer. Après le vent de panique qui a saisi les élevages durant le mois de mars, ils semblent retrouver peu-à-peu une visibilité sur les prochaines semaines. “Fin mars, nous avons craint le pire, confie Bruno Damiens, éleveur ovin à Champis et administrateur de la coopérative Agneau Soleil. La collecte a même été interrompue durant une semaine en Nord-Ardèche, avant de reprendre lentement durant les deux semaines suivantes, mais sans garantie de prix. Une situation regrettable, car avant la crise du Covid-19, les cours étaient plutôt élevés et on pouvait espérer de très bons prix pour les fêtes pascales.” Par ailleurs, la ccopérative Agneau Soleil a demandé à ses adhérents d’envoyer leurs animaux à Sisteron pour l’abattage.

Avec la fermeture de nombreux commerces et rayons de boucherie traditionnelle dans les grandes et moyennes surfaces (GMS) à la mi-mars, les cours de l’agneau français se sont écroulés. “Seul l’agneau néo-zélandais ou britannique, en barquette, était resté dans les rayons, affiche Alain Crozier, éleveur à Saint-Gineys-en-Coiron et président du syndicat départemental ovin (SDO). Mais la campagne nationale de communication menée par la FNSEA et Interbev, conjuguée à la réouverture progressive des commerces, a permis de relancer un peu le commerce de l’agneau français.”

Un rebond avant les fêtes... au détriment des prix

La semaine précédant les fêtes de Pâques, une recrudescence des achats a permis à la filière de retrouver des couleurs. Après la forte chute des abattages en semaine 13, leur hausse en semaine 14 aurait permis de rattraper les reports de la semaine précédente, selon Interbev. Durant la semaine 15, à la veille des fêtes de Pâques, le niveau des abattages serait relativement proche de ceux des années précédentes.

 “Globalement, la GMS a joué le jeu, et remplacé l’agneau d’import, payé au rabais, par de l’agneau français, indique encore Alain Crozier. Mais cela n’a pas été sans conséquence sur les niveaux des prix.”

Des règles assouplies pour les signes de qualité

La situation s’est stabilisée la semaine avant Pâques, et on a aujourd’hui une indication des prix à la semaine, voire sur la semaine suivante, rassure Bruno Damiens, président de l’Agneau de l’Adret. On se situe à environ 6,40 € / kg équivalent carcasse pour l’agneau Label Rouge et Agneau de l’Adret. C’est 0,40 € de moins que l’année précédente, mais ce n’est pas aussi catastrophique que ce à quoi on s’attendait. On parvient à écouler nos agneaux et c’est l’essentiel”. Pour faire face à cette situation inédite, les cahiers des charges des signes officiels de qualité et labels ont été assouplis quant aux délais d’abattage.

Administrateur de l’Agneau Soleil, Bruno Damiens sait que la situation est difficile pour les éleveurs. “Nous ferons le bilan dans quelques semaines au sein de la coopérative. Si l’on peut amortir les pertes, on le fera : c’est le rôle d’une coopérative d’être solidaire.” En attendant, il espère " que cette crise aura au moins permis de sensibiliser les consommateurs à acheter français. Et si cet été, pour leurs grillades, ils pensent à l’agneau français, ce sera déjà une petite victoire.”

Mylène Coste

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