OVIN VIANDE
Damien Chaussignand, l'Agneau d'Ardèche par passion

Marin du Couëdic
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Damien Chaussignand est l’un des trente éleveurs ardéchois à avoir rejoint la marque collective Agneau d’Ardèche. Depuis les hauteurs de Sceautres, ce passionné perpétue au quotidien une tradition ancestrale tournée vers la qualité et le respect des milieux naturels pâturés.

Damien Chaussignand, l'Agneau d'Ardèche par passion
Damien Chaussignand, éleveur ovin depuis 1995 en Ardèche.

Le plateau du Coiron, ses contreforts et ses paysages pastoraux sont intimement liés à l’élevage ovin. Damien Chaussignand, 41 ans, est l’un de ces passionnés qui perpétuent cette tradition d’élevage extensif, soucieux de proposer une viande de qualité et de conjuguer biodiversité et activité humaine sur ce territoire.

Agriculteur depuis 1995, installé à Sceautres après avoir repris la ferme familiale en 2012, il élève 260 brebis et 70 vaches allaitantes depuis une diversification dans l’élevage bovin. Son modèle économique repose sur l’autonomie alimentaire – avec des céréales (orge, méteil…) et un fourrage produits directement sur l’exploitation – et le pastoralisme avec un parcellaire composé de bois pâturés (90 ha), de landes (100 ha) et de prairies artificielles et naturelles (60 ha).

« Je suis à la tête d’une petite unité agricole avec un minimum d’intrants sur des surfaces peu productives (0,4 UGB/ha, ndlr). Mes animaux sont dehors une bonne partie de l’année et leur alimentation est produite en grande majorité sur l’exploitation. C’est un modèle qui demande beaucoup de temps et de d’énergie mais qui est essentiel pour valoriser ma petite production », explique Damien Chaussignand.

« Reconnaissance du travail accompli »

Adepte d’un système d’élevage vertueux et tourné vers la qualité davantage que la quantité, c’est tout naturellement que l’éleveur a rejoint la marque collective Agneau d’Ardèche, portée par le Syndicat ovin de l’Ardèche depuis plus d'un an. « Je n’ai pas changé ma façon de travailler en adhérant à la démarche. Le cahier des charges est une véritable reconnaissance de notre travail. Ce savoir-faire que m’a transmis mon père, éleveur dans l’âme, et que j’ai toujours voulu poursuivre », explique Damien Chaussignand.

C’est environ 350 agneaux qui naissent, sont élevés et engraissés chaque année sur son exploitation agricole, dont la très grande majorité sont écoulés sous le label Agneau d’Ardèche. « La marque permet de valoriser notre production et sécuriser nos revenus, avec une viande vendue un peu plus cher ». Une dynamique intéressante alors que le cours de l’agneau se maintient en 2022, mais qui reste fragile. « L’important aujourd’hui, c’est de faire connaître la marque aux bouchers comme aux consommateurs. J’ai de bons retours concernant ces derniers, qui apprécient la qualité de la viande et les conditions d’élevage. Voir un consommateur content, c’est le plus important pour nous éleveurs. »

Pâques mais pas seulement !

Alors que Pâques approche à grand pas, Damien Chaussignand rappelle que l’agneau peut se consommer à toute saison. « C’est un produit de plus en plus important pour les fêtes fin d’années et lors de la saison estivale. Les bouchers et les restaurateurs essayent de travailler sur des périodes différentes car c’est une viande qu’on presque proposer toute l’année. »

L’éleveur rappelle également que c’est tout un tissu économique local qui vit à travers la démarche Agneau d’Ardèche : abattoir, bouchers, grandes et moyennes surfaces (GMS), restaurateurs. De son côté, il travaille avec l’abattoir d’Aubenas et écoule toute sa production auprès d’un chevillard.

« Mon travail, c’est de faire naître, d’élever, d’engraisser et de le faire le mieux possible, en étant à l’écoute des animaux. Les brebis sont des animaux sensibles qui réclament beaucoup de présence », poursuit-il.

Depuis peu, Damien Chaussignand réalise ses agnelages en novembre-décembre et en février-mars. « J’ai voulu décaler avec le vêlage et les semis à l’automne. « Passer à deux agnelages par an au lieu de trois limite un peu ma production mais me permet de travailler plus efficacement », détaille-t-il.

Un investissement et une passion de tous les jours et pour ce père de trois enfants, dont les trois fils sont passionnés d'élevage. La relève est assurée !

« Faire évoluer la marque vers une IGP »
Mickaël Giraud.
INTERVIEW

« Faire évoluer la marque vers une IGP »

La marque Agneau d’Ardèche se développe sur le département. Le point avec Mickaël Giraud, vice-président du syndicat ovin d’Ardèche et éleveur à Saint-Joseph-des-Bancs.

Quel bilan après cette première année de production ?

Mickaël Giraud : « Nous sommes satisfaits de cette première année de vente et de mise en route pour la marque collective Agneau d’Ardèche. Ce qui importe maintenant, c’est de bien asseoir notre production et nous ancrer sur le territoire. Aujourd’hui, une trentaine d’éleveurs, 17 bouchers et 3 grandes et moyennes surfaces adhèrent à la démarche. L’idée est d’attirer davantage de bouchers et de GMS, avant de faire entrer plus de producteurs. En parallèle, nous devrons mieux faire connaître la marque auprès du grand public. »

Pâques est une période importante pour la viande ovine ?

M.G : « Il s’en mange beaucoup à cette période, avec la tradition de l’agneau pascal. Nous profitons de Pâques pour rappeler aux consommateurs que la marque Agneau d’Ardèche existe, que c’est une production locale avec des animaux nés, élevés et abattus en Ardèche, qui valorise le travail des éleveurs et soutient toute la filière viande du département. Cette période de Pâques, c’est aussi le début des beaux jours, où la viande d’agneau est importante pour tout ce qui est barbecue. C’est une viande qui se grille bien, une viande de fête. »

Où en est le projet d’obtention du label IGP ?

M.G : « Nous nous dirigeons petit à petit vers cette Indication géographique protégée, un signe de qualité gage de proximité et de qualité. L’Agneau d’Ardèche est une marque encadrée par un cahier des charges qui fait de la proximité et de la traçabilité une donnée majeure. Mais constituer une IGP ne se fait pas en un claquement de doigts. Cela va demander du temps, du travail et des financements. Nous aurons peut-être à faire évoluer les règles du cahier des charges. Il faut compter 7-8 ans minimum. »

Propos recueillis par M.D.C

CAHIER DES CHARGES / Un produit 100 % ardéchois

CAHIER DES CHARGES / Un produit 100 % ardéchois

Le cahier des charges de la marque Agneau d'Ardèche garantie une viande d’agneau né, élevé et abattu dans le département, puis sélectionné et transformé par des artisans bouchers ardéchois. Pendant au moins 60 jours, les agneaux sont élevés sous la mère. Ils se nourrissent par la suite d’herbe et d’une alimentation complémentaire garantie sans OGM. Au total, ils pâturent avec les brebis au moins 6 mois dans l’année, sous châtaigniers quand cela est possible. Les agneaux sont issus d’élevages traditionnels et extensifs, tous âgés de moins de 210 jours. Plus largement, cette démarche valorise le savoir-faire pastoral et le maintien de la biodiversité.

GMS / Une opération de promotion au Super U du Cheylard

GMS / Une opération de promotion au Super U du Cheylard

Samedi 9 avril, trois éleveurs du Syndicat ovin de l’Ardèche ont participé à une opération de promotion au Super U du Cheylard. Objectif : faire connaître la marque Agneau d’Ardèche et plus largement la viande ovine auprès du grand public. « Nous avons proposé au public des morceaux de gigot d’agneau à la plancha. Certains ont été surpris car ils avaient une image d’une viande ovine très forte en goût, très différente de l’agneau que l’on propose aujourd’hui », explique Frédéric Faure, éleveur ovin et bovin allaitant à Mézilhac. « Il y a une carte à jouer dans les grandes surfaces, qui sont de plus en plus ouvertes aux produits locaux. C’est un marché à prendre pour la notre marque », poursuit-il. La démarche Agneau d’Ardèche travaille aujourd’hui avec trois GMS : Le Leclerc de Saint-Étienne-de-Fontbellon, l’Intermarché de Privas et le Super U du Cheylard donc.