COUVERTS VÉGÉTAUX
Le projet SEVE, pour mieux étudier la couverture des sols
Trouver la bonne association de couverts, désherber par occultation en post-semis... Le projet SEVE (Sol, Engrais Verts, Eau en maraîchage en Drôme-Ardèche) a pour vocation de travailler sur des solutions où les cultures sont directement implantées dans un couvert végétal. Des premiers résultats ont été présentés début octobre.
C’est au sein de l’exploitation L’Ilot à mille feuilles, ferme en maraîchage diversifié à Eurre dans la Drôme, que s’est tenue le 8 octobre dernier une après-midi technique autour des couverts végétaux. Plus d’une trentaine de maraîchers avait répondu à l’invitation de l’association pour le développement de l’agroforesterie (Adaf 26) pour assister à une restitution de résultats d’essais du projet SEVE (lire encadré) menés en 2023-2024 sur six fermes de Drôme et d'Ardèche.
Plusieurs mélanges de couverts végétaux ont été étudiés tout au long de la saison (hiver, printemps, été), afin d’observer leurs comportements en termes de production de biomasse, de dégradation, de rendement en matière sèche... Les couverts de printemps ont par exemple bien fonctionné (4,5 t de matière sèche / ha pour 60 unités d’azote restituées), avec un mélange de seigle fourrager, vesce commune, féverole, moutarde, phacélie et trèfle incarnat. « Semer des couverts dans des cultures permet de semer plus tôt et donc d’améliorer la production de biomasse en gagnant en degrés par jour. Le couvert bénéficie également de l'humidité de la culture (couverture végétale, irrigation) pour lever », indique Amandine Faury, chargée de mission maraîchage sur sol vivant à l’Adaf 26.
Trouver les bonnes associations de couverts
Cette année, la ferme L’Ilot aux mille feuilles a testé deux mélanges en association dans des parcelles de salades, betteraves et fenouil : un mélange à base de vesce velue, lin, et pois fourrager et un mélange à base de trèfle incarnat. « Les couverts ont plus ou moins bien réussi en fonction de l’état d’enherbement du sol. Dans certains cas (fenouil et betteraves), la pression en pourpier était trop importante et a concurrencé le couvert, lequel avait été semé fin août après deux désherbages, quatre semaines après la plantation. […] Il faut encore chercher les bonnes combinaisons pour les dates de semis en fonction des dates de plantation pour différents couples cultures / couverts », prévient Amandine Faury.
Par ailleurs, l’Adaf 26 a testé un couvert de sorgho fourrager sous serre, semé le 2 juillet, avant plantation de salades. « Le sorgho a permis de très bien structurer le sol et de faire un important apport de biomasse. Cependant, le rapport carbone sur azote élevé créé des immobilisations d’azote lors de la dégradation dans les premières semaines », explique la chargée de mission.
Désherbage par occultation en post-semis
Dans ce projet, d'autres expérimentations sont menées comme des essais autour d'un semi direct de carottes sur un compost de déchets verts. L’objectif était non seulement d’améliorer le semis direct, mais aussi de limiter la pénibilité que demande le désherbage sans impacter le rendement. Après observation sur les fermes partenaires, les résultats sont plutôt encourageants : « Le semis direct sur compost de déchets verts avec occultation1post-semis a permis un gain important en temps et en pénibilité de travail sur la ferme. D’autres séries ont moins bien fonctionné à cause d’une moindre irrigation avant la pose de la bâche d’occultation post-semis. L’irrigation des carottes sur compost de déchets verts est vraiment primordiale », prévient la chargée de mission. Toutefois, il conviendra d’approfondir les essais avec l’apport d’autres matières organiques comme les résidus de couverts, de pailles, etc.
Cette journée technique a également été l’occasion pour les professionnels de la filière de partager leurs expériences sur divers matériels, dont l’épandeur autoconstruit par L’Atelier Paysan dans le cadre du projet Outildem (voir photo), visant à proposer à des maraîchers en agroécologie de tester des outils autoconstruits afin de perfectionner leurs pratiques.
Amandine Priolet
1. L’occultation est basée sur l’utilisation de bâche opaque pour recouvrir la surface du sol.
Le projet Seve
Le projet SEVE (Sol, Engrais Verts, Eau en maraîchage en Drôme-Ardèche) est porté par l’association pour le développement de l’agroforesterie (Adaf 26). Il regroupe six maraîchers de la Vallée du Rhône en Drôme et en Ardèche. Tous, selon le site Internet de l'association, cherchent à mettre en place des systèmes où les cultures sont implantées directement dans un couvert végétal couché. Les objectifs du projet étant de : améliorer la fertilité des sols, améliorer la productivité des cultures, améliorer la résilience face aux sécheresses et améliorer la viabilité des exploitations. Il est financé par la Compagnie national du Rhône (CNR) et la Fondation de France, jusqu’à fin 2028 dans le cadre de l’appel à projets « Ensemble, accompagnons la transition de l’agriculture en vallée du Rhône ».