AGROMÉTÉO
Le mois de septembre de tous les extrêmes

Sébastien Duperay
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BILAN CLIMATIQUE / Seizième mois plus chaud que la normale, septembre est aussi le mois de tous les excès. Une vague de chaleur du 13 au 16, le retour des pluies mi-septembre et l’arrivée précoce du froid en fin de mois ont rythmé la rentrée. Le contraste s’accentue entre territoires secs et régions où l’humidité est préservée.

Le mois de septembre de tous les extrêmes
Ce qu’il faut retenir du mois de septembre : de très grosses chaleurs, des pluies intenses, mais qui ne rattrapent pas les écarts entre des régions qui restent sèches et d’autres qui ont été abondamment arrosées, et le retour précoce du froid en fin de mois.

Septembre est le seizième mois consécutif plus chaud que la normale (période de référence 1981-2010), avec une température moyenne qui s’établit à 19,2 °C, soit un excédent de 1,6 °C, rapporte le ministère de l’Agriculture dans sa note mensuelle de climatologie diffusée le 8 octobre. La situation est totalement inédite, d’autant que le dernier mois de l’été a également été celui de tous les records : de chaleur, de froid en fin de mois et de précipitations, avec des régions très déficitaires et d’autres, exceptionnellement excédentaires, en raison, notamment, d’un épisode cévenol particulièrement intense mi-septembre. L’excédent de températures a été plus marqué dans le grand quart Nord-Est, où il a dépassé les 2 °C : + 2,2 °C en moyenne sur le mois, d’après Agreste ; + 2,6 °C à Dijon, détaille la Chaîne Météo dans son bilan climatique le 30 septembre. Une vague de chaleur a touché le pays entre le 13 et le 16 septembre. Des températures exceptionnellement élevées ont été relevées, atteignant près de 39 °C dans le Sud-Ouest.

Humidité très contrastée

Sur le front des pluies, celles-ci ont été globalement en retrait de 10 %, ce qui, en cumulé depuis le 1er mars, porte le déficit moyen à 13 % sur l’ensemble du territoire. Cette situation masque un contraste très fort entre des régions où l’intensité hydrique a été extrêmement faible et d’autres, qui ont été copieusement arrosées. Pour les premières, le déficit en septembre a atteint, par exemple, 33 % dans le Nord, 30 % dans le Nord-Est ou encore 23 % dans le Centre-Est.

À l’inverse, « la Corse et dans une moindre mesure le Sud-Ouest ont été bien arrosés », indique Agreste. L’épisode cévenol qui a touché le Gard le 19 septembre a amené une quantité exceptionnelle d’eau. Un record a été battu à Valleraugue, où 688 mm sont tombés en quelques heures, soit l’équivalent d’une année de précipitations, relate la Chaîne Météo ! Le froid a fait son retour en fin de mois, permettant d’atténuer l’excédent moyen de températures. D’abondantes chutes de neige ont été enregistrées les 26 et 27 septembre sur les reliefs alpins et des records de températures basses ont été atteints : - 7,6 °C à Tignes, - 7°C à L’Alpe d’Huez ou 8,8 °C à Grenoble. Très inhabituel pour une fin septembre !

Chaleur remarquable en Aura

En région Auvergne Rhône-Alpes, la température moyenne, qui s’est établie à 16 °C, a, comme sur le reste de la France, été supérieure de 1,6 °C par rapport à la normale. Sur les départements de l’Allier, du Rhône, de l’Ain, dans la vallée du Rhône et sur le Lyonnais, les écarts ont même été de + 2 à + 3 °C en septembre. Quelques secteurs ont été plus froids que la moyenne, les Alpes, l’Ardèche ou l’Auvergne. La période de forte chaleur qui a traversé le pays, s’est arrêtée longuement entre le 12 et le 18 septembre en région. On a ainsi relevé « jusqu’à 35 °C dans les plaines de l’Allier le 14 (35,8 °C à Montluçon, 35,9 °C à Vichy) et plus de 30 °C ailleurs sur de nombreux postes (34,2 °C à Clermont-Ferrand comme à Saint-Étienne Bouthéon, 33 °C à Ambérieu) », précise Météo France dans son résumé mensuel régional le 5 octobre. Du côté des précipitations, la situation est préoccupante, avec un déficit d’environ 20 % sur la région. « Ce dernier culmine à près de 80 % dans la vallée du Rhône et une grande partie du Cantal. Il est encore de 50 % ou plus sur la majeure partie de Rhône-Alpes et dans la plaine de la Limagne », commente l’organisme météorologique. Le 19 septembre, l’Ardèche et une partie de la Haute-Loire sont touchées par l’épisode cévenol. « 105,3 mm sont recueillis à Barnas et 83,1 mm aux Sablières », rapporte Météo France. Un temps instable s’installe ensuite et les températures chutent brutalement à partir du 23. Celles-ci se situent 10 °C en-dessous des normales, notamment sur les Alpes, l’Auvergne et le Lyonnais.

Records de chaud et de froid en BFC

En région Bourgogne-Franche-Comté, le mois de septembre est également plus chaud que la normale : + 1 à + 2 °C en Franche-Comté, + 2 à + 3 °C en Bourgogne. Il se décompose en trois phases. Durant la première, du 1er au 7, il fait chaud, mais sans excès. À partir du 8 septembre, la région est traversée par la vague de chaleur, avec des records de températures le 14. « On enregistre 32,3 °C à Belfort, 32,8 °C à Luxeuil (Haute-Saône), 33,2 °C à Dijon, 33,4 °C à Besançon, 33,5 °C à Lons-le-Saunier, 34 °C à Macon, 35,3 °C à Auxerre et Nevers », indique Météo France dans son bulletin régional mensuel du 6 octobre. Changement de temps à partir du 16 septembre : les températures baissent doucement, puis rapidement à partir du 24. Un coup de froid se manifeste les 27 et 28 septembre, « où les maximales plafonnent à une dizaine de degrés en plaine », selon Météo France. Les pluies, quant à elles, sont très inégales sur la région : « Elles sont spatialement très hétérogènes ; en effet si l’est de la Franche-Comté ne reçoit que 50 à 60 % des précipitations normales attendues pour un mois de septembre, le centre de la Bourgogne en recueille 120 à 140 % voire 159 % à Bourbon Lancy (Saône-et-Loire) », précise l’établissement de météorologie.

Sébastien Duperay

Rapport à la normale 1981-2010 du cumul des précipitations en septembre 2020

Rapport à la normale 1981-2010 du cumul des précipitations en septembre 2020
Les zones rouges enregistrent un déficit de précipitations fort par rapport à la normale.

Écart à la normale 1981-2010 de l’indice SWI d’humidité des sols au 1er octobre 2020

Écart à la normale 1981-2010 de l’indice SWI d’humidité des sols au 1er octobre 2020
Les zones rouges présentent des niveaux d’humidité des sols inférieurs à la normale.

PRAIRIES / La pousse de l’herbe continue de se dégrader

« La pousse d’été (du 20 juin au 20 septembre) ne représente que 15% de la pousse d’été de référence. Elle est déficitaire dans 97% des régions fourragères », résume Agreste dans sa note de conjoncture Prairies de septembre. « Les quelques précipitations de cette fin d’été n’auront pas suffi à favoriser la pousse estivale », expliquent les statisticiens. Ainsi, au 20 septembre, la production cumulée des prairies permanentes se dégrade encore au niveau national. Elle est estimée à 73% de la production cumulée de référence (1989-2018) à la même période. Ce déficit est particulièrement marqué du Nord-Ouest au Centre-Est et gagne désormais l’Occitanie et la Nouvelle-Aquitaine. Il reste très important dans les Hauts-de-France et le Grand Est (respectivement 51% et 52% de la production cumulée de référence à la même période). Il s’accentue en Bourgogne-Franche-Comté et en Auvergne Rhône-Alpes avec des valeurs de production estimées respectivement à 62% et 75% de la référence. Seules la Bretagne et la région Paca y échappent.

BLÉ / En progression

BLÉ / En progression

Les prix du blé tendre sur le marché physique français ont nettement renchéri cette semaine, dans le sillage des contrats blé sur Euronext et à Chicago. L’Algérie pourrait importer 5 Mt de blé pour cette campagne et non 4 Mt comme annoncé par le gouvernement algérien (source : USDA - Thomson Reuters). Les mêmes sources indiquent que le Maroc pourrait importer jusqu’à 6,2 Mt, soit 35% de plus par rapport à la campagne précédente. Les origines France et Ukraine continuent d’être plébiscitées par le Maroc. La pandémie reste un élément d’incertitude fort pour les marchés.

MAÏS / Raffermissement

MAÏS / Raffermissement

Les prix du maïs sur le marché physique français se sont appréciés. La demande reste très présente dans l’Hexagone avec des fabricants d’aliments du bétail aux achats, pour honorer les reformulations, et des vendeurs peu présents (retard des récoltes, quantités limitées et écart de prix avec le blé non motivant). Au 28 septembre, Céré’Obs a évalué les conditions de culture « bonnes à très bonnes » du maïs grains hexagonal stables à 58% (58% l’an passé à pareille époque). La récolte était effectuée à hauteur de 32% en fin de semaine 39 (15% la semaine précédente et 5% l’an passé à pareille époque).

COLZA / En hausse

COLZA / En hausse

Les cours du colza sont de nouveau en hausse, grâce au soja états-unien. Résurgence forte des craintes liées à la crise sanitaire, baisse des stocks états-uniens de soja en raison d’une forte demande de la Chine ont pesé sur le marché. La Chine a poursuivi ses achats et l’USDA a annoncé une baisse des stocks du pays et les incertitudes, notamment économiques, sur la recrudescence des cas de Coronavirus à travers le monde inquiètent. Le contrat à Chicago est passé de 996,25 cts $/boisseau (lundi 28 septembre) à 1 021,50 cts $/boisseau (lundi 5 octobre).