DÉPARTEMENT
Matthieu Salel : « Nous allons augmenter notre enveloppe consacrée à l’agriculture »

La programmation 2023-2027 du Feader (fonds européen agricole pour le développement rural) se précise. Aux côtés de la Région et de l’Europe, le Département compte bien y « prendre sa part » pour cofinancer certains projets. Le point avec Matthieu Salel, vice-président du Département en charge de l’agriculture, de l’environnement et du tourisme.

Matthieu Salel : « Nous allons augmenter notre enveloppe consacrée à l’agriculture »

Quel sera le niveau d’engagement du Département dans cette nouvelle programmation Feader ?

Matthieu Salel : « À la suite des arbitrages rendus par l’État, le montant des crédits Feader alloués à la Région Auvergne Rhône-Alpes pour 2023-2027 baisse de 20 millions d’euros (M€) par an, soit 100 M€ sur 5 ans ! La Région Aura a fait le choix de garder le même niveau d’engagement en assumant, notamment une hausse de 15 M€ de son budget consacré à la dotation jeunes agriculteurs (DJA), désormais gérée par les régions. Laurent Wauquiez a aussi demandé aux Département de prendre leur part, et c’est ce que nous comptons faire en Ardèche, en augmentant notre enveloppe consacrée au projets Feader de 20 %. Elle passera donc de 500 000 à 600 000 €. C’est un choix fort que nous faisons, car nous croyons que l’agriculture doit être soutenue à la hauteur des enjeux qu’elle traverse. »

Justement, quels enjeux seront ciblés par les fonds départementaux ?

M.S. : « Nous avons fait des choix qui correspondent aux enjeux actuels, tout en essayant de prendre en compte toutes les filières. Notre engagement se décline autour de 4 grandes priorités : la protection des cultures végétales face aux aléas climatiques et sanitaires ; la question de l’eau et de l’irrigation ; l’accompagnement du pastoralisme avec les plans pastoraux et enfin la politique départementale autour du bois et de la forêt.  Bien sûr, cela n’empêche pas les agriculteurs de demander des aides du Feader à la Région et à l’Europe sur d’autres thématiques. Mais ce sont ces axes là que le Département a choisi de cibler. »

En matière d’irrigation, quels types de projets cela inclut-il ?

M.S. : « Cela peut être des aides pour améliorer des systèmes d’irrigation déjà existants, pour financer l’aménagement de retenues collectives ou individuelles, mais aussi pour financer l’achat de matériel (abreuvement, goutte-à-goutte…). »

Outre le Feader, comment se déploie votre soutien aux filières ?

M.S. : « Nous soutenons tous les plans de filière de la Région Aura, dans une démarche de co-financement. Nous souhaitons en effet poursuivre notre participation aux plans châtaigneraies traditionnelles, truffes et Ppam. Le Département se réserve également la possibilité d'intervenir sur les autres plans de filières, comme les plans "Vins" ou "Fruits". La Région est d’ailleurs en train de revoir ses plans pour les années à venir. »

Propos recueillis par Mylène Coste

« Concertation plutôt que concurrence » 
La première réunion des assises de l'eau s'est tenue en septembre.
ASSISES DE L’EAU

« Concertation plutôt que concurrence » 

Matthieu Salel revient sur les avancées des assises de l’eau, initiées en septembre par la Préfecture et le Département.

« Depuis la première rencontre des assises de l’eau de septembre, le travail avance. Dans le sud de l’Ardèche, une réunion s’est tenue en novembre sous l’impulsion de l’EPTB, du Département et des services de l’Etat. Près de 200 personnes étaient présentes, représentantes du monde agricole, du tourisme, de l’environnement, des collectivités et usagers… On s’est parlé franchement, chacun a fait remonter ses attentes et ses enjeux. Lors de ces rencontres, le Département est attentif aux enjeux agricoles. On se rend compte qu’il y a beaucoup d’amalgames sur la question : on confond les projets de « méga-bassine » avec les petits projets de retenues collinaires ardéchois. On essaie donc de faire de la pédagogie pour expliquer qu’il ne faut pas tout confondre ! Il faut aussi savoir ce que l’on souhaite pour demain : veut-on pourvoir consommer des produits en circuits courts ? On ne peut pas faire pousser des légumes sans eau !

Les assises de l’eau permettent en tout cas de s’écouter les uns les autres. Il y a une vraie volonté de travailler en concertation, plutôt qu’en concurrence. On est tous conscients que la réponse doit être globale et qu’on doit avancer ensemble. »

Collèges : le prix des repas revalorisé

Alors que les tarifs de l’assiette des cantines scolaires oscillaient jusqu’ici entre 1,70 et 2,25 €, le Département a fait le choix d’une uniformisation par le haut de l’assiette. « On a fait passer le tarif à 2,50 € pour tous, souligne Matthieu Salel. C’est à la fois un choix contraint par l’inflation, mais c’est aussi une volonté pour maintenir la qualité des repas et d’uniformiser les tarifs d’un collège à l’autre. Le Département est doté d’un groupement d’achat, via lequel on encourage les chefs des cantines des collèges à consommer local. » Matthieu Salel insiste : cette décision a fait consensus. Il souligne également : « C’est le Département qui assumera la majeure partie de cette augmentation, puisque seuls 4,5 % de cette hausse sont laissés à la charge des familles. »

« Pas de subvention pour les défenseurs du loup »

« Pas de subvention pour les défenseurs du loup »

Matthieu Salel persiste et signe : comme il l’avait annoncé à Berzème suite aux dernières attaques du loup sur des troupeaux, le Département n’attribuera plus aucune subvention aux associations qui soutiennent la protection du loup. « Je l’ai dit et je l’assume. C’est un engagement de cohérence. On ne peut pas déplorer la mort de brebis tuées par le loup et en même temps aider ceux qui plaident pour sa protection. » C’est dit !

L’indiscrétion : Qu’y aura-t-il sur votre table pour Noël ?

« Je ne sais pas encore ce qu’on mangera, mais on dégustera une bouteille de la cuvée « Terra Helvorum » vieilli dans l’Aven d’Orgnac, que j’ai eu la chance d’acquérir lors de la vente aux enchères des Vignerons Ardéchois. »