TRANSPORT
Les trains reviendront-ils en Ardèche ?

Anaïs Lévêque
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TRANSPORT / Le 10 janvier 2020, la Région Auvergne Rhône-Alpes s’est engagée pour la réouverture aux voyageurs de la ligne de trains de la rive droite du Rhône en investissant d’ores et déjà 600 000 € afin de réaliser des études d’avant-projet. Trois gares sont concernées : Le Pouzin, Cruas et Le Teil.

Les trains reviendront-ils en Ardèche ?
La gare de Cruas est fermée aux voyageurs depuis 1973. Sa mise en service ainsi que celles du Teil et du Pouzin sont prévues pour 2025. Elles devraient desservir les gares drômoises de Romans-sur-Isère, Valence TGV, Valence Ville et Livron-sur-Drôme.

Depuis 1973, l’Ardèche est le seul département en France métropolitaine à ne plus avoir accès à des trains de voyageurs. Seuls les transports de marchandises sont autorisés à circuler sur la rive droite du Rhône. Pour les usagers du département, la SNCF propose de relier les gares de Valence et de Montélimar seulement par cars. Ce paysage est pourtant bien loin de celui des années 1950 quand la plupart des villes ardéchoises disposaient d’une gare reliée au réseau national. Malgré les très nombreuses sollicitations des associations de voyageurs et d’élus ardéchois ces dernières décennies, sans oublier les campagnes électorales, les trains de voyageurs désertent toujours le territoire.

La Région Auvergne Rhône-Alpes (Aura) s’engage désormais à mettre fin au litige. Elle projette de rouvrir la ligne de la rive droite du Rhône aux voyageurs grâce à l’aménagement en haltes simples des gares du Pouzin, de Cruas et du Teil en direction de celles de Livron-sur-Drôme, Valence Ville, Valence TGV et Romans-sur-Isère.

Définir les besoins et les aménagements

Le 10 janvier 2020 à la gare de Cruas, une première étape a été officialisée. Une convention a été signée entre le président de la Région Laurent Wauquiez et Thomas Allary, directeur régional SNCF Réseau, afin de réaliser les études d’avant-projet et permettre le lancement des travaux. Le coût de ces études (600 000 €) seront pris en charge par la Région. Objectifs : définir précisément les besoins des usagers, le programme, la planification et les coûts des travaux.

« On doit reconstruire des quais, les aménager, mettre des abris de quais et de nouveaux équipements tels que les distributeurs de vente pour les voyageurs. Nous devons aussi réaliser des choses beaucoup plus réglementaires et procédurales, des analyses environnementales pour préparer les éventuels enquêtes sur l’eau, etc », a exposé Thomas Allary. Il faudra également vérifier que les trains de voyageurs soient compatibles avec la circulation des trains de fret qui existent déjà sur la rive droite du Rhône, mais aussi s’ils viennent bien s’insérer sur la rive gauche en direction de Livron-sur-Drôme, Valence et Romans-sur-Isère.
À Cruas, la gare appartient à la municipalité et est entièrement rénovée depuis 2008, ouverte au public et aux associations. « Elle peut être remise en service quasiment du jour au lendemain sans frais, a indiqué le maire Philippe Touati. Les élus communistes se sont battus régulièrement auprès de toutes les instances territoriales pour cette réouverture. Nous n’avons jamais baissé les bras. »

7 allers-retours / jour pour 250 voyageurs

« Nous avons fait le choix d’un projet simple, concret, finançable et évolutif », a indiqué le président de la Région Aura. Nul doute que les usagers seront au rendez-vous. Reste à déterminer combien de personnes seraient susceptibles d’utiliser cette ligne. Pour l’heure, différentes liaisons ont été prédéfinies. La première concerne une liaison au départ de Romans-sur-Isère jusqu’au Teil, à raison de 7 allers-retours / jour pour une moyenne de 250 voyageurs / jour : 3 trains le matin entre 6 h et 9 h, 1 train le midi et 3 trains le soir entre 16 h et 19 h. Une connexion au TGV et au TER est aussi prévue, du Teil jusqu’à Valence TGV en 50 mn et jusqu’à Valence ville en 40 mn.
« Cela peut avoir une utilité pour les lycéens qui se rendent au lycée du Teil. On a la dimension des emplois et des entreprises qui peuvent être très demandeurs, depuis le pôle de Valence ou celui de la centrale nucléaire de Cruas, a souligné Laurent Wauquiez. Présidente de la Région Occitanie, Carole Delga fait la même étude de son côté pour voir s’il n’est pas possible de faire une jonction partant de Nîmes jusqu’à Avignon et qui permettrait ensuite de venir dans notre direction », a-t-il ajouté.

« Agir et aller vite »

Un calendrier prévisionnel de mise en oeuvre a été présenté. La phase des études d’avant-projet, de procédures réglementaires et d’appels d’offres devrait s’étendre jusqu’en 2022. Les travaux s’en suivraient sur une période de deux ans. Enfin, la mise en service de la ligne est prévue dès décembre 2024 pour le service annuel de 2025.
« Il faut arrêter de parler de fantasme sur cette question des trains sur la rive droite. Il est important d’agir et d’aller vite », a souligné Laurent Wauquiez. Pour Thomas Allary de SNCF Réseau, « nous sommes complètement dans notre objectif et les attentes des voyageurs. L’aire du temps, c’est répondre aux enjeux climatiques et environnementaux, et donc faire plus de trains ».
L’estimation générale de ce projet se situe entre 15 et 17 millions d’euros, selon les aménagements. Les études menées par SNCF Réseau permettront d’évaluer précisément ce budget. Par la suite, « nous prendrons des décisions et nous essaierons d’avancer », a indiqué le président de la Région Aura. « Sur un dossier de cette ampleur, et pour assurer le fonctionnement de la ligne, il faudra additionner les forces et que tout le monde se mette autour de la table pour financer, a-t-il prévenu. C’est un travail en commun que l’on doit porter en équipe. »

Signature
En compagnie du conseiller régional Paul Vidal et du préfet de l’Ardèche Françoise Souliman (tous deux à gauche), le directeur régional SNCF Réseau Thomas Allary et le président de la Région Auvergne Rhône-Alpes Laurent Wauquiez ont signé une convention, le 10 janvier 2020, afin de réaliser les études d’avant-projet et permettre le lancement des travaux.