ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
Agriculture et production d'énergie : les JA prônent la prudence

Les Jeunes agriculteurs de l'Ardèche organisait leur assemblée générale, jeudi 9 mars à Savas. Comme le reste du département, ce canton du nord Ardèche s'interroge sur l'avenir de l'agriculture à l'heure du développement des énergies renouvelables.

Agriculture et production d'énergie : les JA prônent la prudence

L'agriculture pour nourrir ou pour produire de l'énergie ? Un soupçon provocateur, c'est avec cette question que les Jeunes agriculteurs de l'Ardèche ont ouvert le débat de leur assemblée générale 2023. « Moins de terres c'est moins de nourriture. Pour nous le photovoltaïque au sol c'est non ! » Déclare d'emblée Rémi Dumas, vice-président au niveau national.

Agrivoltaïsme : bientôt une charte

Pour ce qui est de l'agrivoltaïsme (dont les contours ont récemment été définis par la loi d'accélération pour les énergies renouvelables1), les avis sont mitigés. « Ces installations sont-elles adaptées aux machines ? Quelles est leur durée de vie ? Quelle transmissibilité des exploitations ? », s'interroge le représentant syndical national.

Présents dans l'assemblée, les services de l’État se veulent rassurant. « Nous avons mené une réflexion collective en Ardèche et une charte devrait être signée prochainement. Dans un premier temps nous ouvrirons seulement la porte à quelques expérimentations », annonce Fabien Clavé, chef du service agriculture à la DDT. Plutôt que de se lancer tous azimuts, la DDT de l'Ardèche assure qu'il faut prendre le temps. « Démontrons d'abord que cela peut fonctionner, parce qu'une fois fait ça sera probablement irréversible », conclut Fabien Clavé.

Les prix, le nerf de la guerre

Arboriculture, élevage laitier : dans ce canton du nord de l'Ardèche, ces activités qui tendent à perdre en rentabilité sont très présentes. Hausse des coûts de production, faiblesse des prix, réduction de l'arsenal phytosanitaire... Face à toutes ces contraintes, les agriculteurs ne pourraient-ils pas se laisser séduire par la lucrative production d'énergie ?

« Le cœur du problème c'est que les agriculteurs risquent d'aller chercher la rentabilité ailleurs parce que les produits ne le sont pas ! » Résume Jocelyn Dubost, président du syndicat au niveau régional. « Oui c'est dur mais il faut s'accrocher pour aller chercher de bons prix. » Renchérit le représentant national, avant de conclure : « Ça sera toujours plus valorisant de vendre ses cerises à un bon prix que de regarder le soleil taper sur ses panneaux ! »

Quid de la méthanisation ?

Si au niveau national, la bataille des prix est LA priorité, dans l'assemblée les adhérents cherchent à imaginer les bases d'un modèle vertueux. « Il faudrait limiter l'agrivoltaïsme à 1 ou 2 ha, sans dépendre à 100 % de cette source de revenu. » Propose Sylvain Bertrand, agriculteur sur la commune de Bozas. « Outre l'autoconsommation, ne serait-il pas intéressant de vendre nos surplus aux voisins dans une logique de circuit court ? » S'interroge-t-il encore.

Si cette option semble peu probable dans un marché de l'électricité qui reste « assez fermé », selon le représentant de la DDT, le gaz peut, lui, être produit par les agriculteurs et vendu localement, notamment avec la méthanisation. Une technique que le président du canton, Anthony Feasson, connaît bien, puisqu'il l'expérimente avec d'autres agriculteurs depuis plusieurs années. « Ça peut être sain s'il y a de la complémentarité entre les cultures et les techniques et non de la concurrence », suggère-t-il.

Souveraineté la maître-mot

Une logique que défend la députée Laurence Heydel-Grillere, présente dans l'assemblée : « Pour ma part je dirais l'agriculture pour nourrir ET pour produire de l'énergie ! Car c'est aussi une question de souveraineté... La France a besoin d'agriculture pour se nourrir et l'agriculture a besoin d'énergie pour produire. »

Pauline De Deus

1 Art. L. 314-36. Une installation agrivoltaïque est une installation de production d’électricité utilisant l’énergie radiative du soleil et dont les modules sont situés sur une parcelle agricole où ils contribuent durablement à l’installation, au maintien ou au développement d’une production agricole.
Des dîners presque parfaits

Des dîners presque parfaits

Cette année, les Jeunes agriculteurs de l'Ardèche ont décidé d'innover. Sur proposition des deux animatrices, Glwadis et Andréa, chaque canton a préparé un dîner à l'occasion de son assemblée générale annuelle. Des repas qui ont été assidument jugés par les deux animatrices, selon quatre critères : la décoration, la provenance des produits, le fait-maison et enfin l'assiduité et l'écoute. Le nom des grands gagnants a été dévoilé par Frédéric Bosquet, président des caisses locales ardéchoises de Groupama. Et c'est finalement le canton de Vernoux-Saint-Péray qui remporte le prix du dîner d'Assemblée générale presque parfait ! En guise de récompense, le canton sera invité à partager un repas au restaurant avec les membres du bureau des JA de l'Ardèche.

Le monde agricole aux côtés des JA

MSA, Groupama, chambre d'agriculture, Safer, DDT, Crédit agricole, élus départementaux... De nombreux acteurs du monde agricole étaient présents aux côtés des Jeunes agriculteurs de l'Ardèche pour leur grand-messe annuelle. Les combats syndicaux ont évidemment été évoqués, et notamment la question de l'eau sur laquelle les Jeunes agriculteurs se mobilisent afin d'avoir des solutions de stockage.

À ce sujet, Olivier Amrane, président du Département, a réafirmé sa volonté de maintenir le barrage des Collanges et de le nettoyer en profondeur. La députée Laurence Heydel-Grillere a, quant à elle, demandé aux acteurs locaux d'être « force de propositions sur ce sujet afin d'avoir un maximum de dossiers à défendre ».

Concernant la prédation, Olivier Amrane a annoncé qu'un vœu serait prochainement adopté par le Département pour augmenter les quotas de prélèvement des loups sur le territoire.

La présidente des Jeunes agriculteurs de l'Ardèche, Nathalie Soboul, a ensuite clôturé cette assemblée générale avec optimisme en rappelant, que « malgré les difficultés et les questions que l'on peut se poser sur l'avenir, les Jeunes agriculteurs sont toujours aussi motivés ! »