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Objectif 100 % autonomie fourragère et protéique

Foin de luzerne, céréales autoconsommées, pâturage tournant... Tout est mis en place pour assurer un lait et des fromages « 100% made in Alixan » à l'Earl Les Pampilles.

Objectif 100 % autonomie fourragère et protéique

Lionel Mossière et sa femme Florence ont repris une ferme dans la Drôme, proche de Romans-sur-Isère, avec le projet de pérenniser un atelier caprin avec transformation fromagère, à dimension humaine et de manière la plus autonome possible. Quinze ans après leur installation, le pari est en passe d’être réussi.

Miser avant tout sur la luzerne

L’exploitation dispose de sérieux atouts : un parcellaire plutôt groupé, 90% labourable, une surface potentiellement irrigable de 36 ha. Mais encore faut-il savoir se donner les moyens d’exprimer ce potentiel. L’assolement est composé d’une douzaine ha de luzerne, 3 à 4 ha de PME proche du bâtiment, une vingtaine d’hectares de céréales (orge, blé et maïs grain). La première stratégie mise en place a été de développer les luzernes et surtout de miser sur la qualité. Fauche très précoce (stade bourgeonnement) en bénéficiant du vent du nord et du sud qui permet de sécher rapidement le foin au sol. Sans matériel très sophistiqué (faucheuse à disques avec conditionneur à rouleaux, andaineur double rotors), sans fanage, le travail se fait avec beaucoup de douceur et une surveillance accrue. Lionel arrive à récolter des luzernes feuillues à plus de 18 à 20% de MAT. C’est l’aliment de base des chèvres en lactation, des taries et des chevrettes !

Céréales de la ferme pour une production de près de 900 l / chèvre

Avec des rendements corrects (60q Orge en sec, 110q maïs irrigué), Lionel complémente ses chèvres avec les céréales produites (35t pour l’ensemble du troupeau). Le lait est au rendez-vous avec 850 à 950 litres en moyenne par chèvre. Les taux sont historiquement bas mais le rendement fromager reste bon. Un aliment riche en matière grasse et à 26% de MAT a été acheté en 2020. L’impact attendu sur les taux est resté modeste. L’achat a été supprimé en 2021. Au final la consommation de concentré est de moins de 400g/l lait. L’efficacité est bonne pour un concentré à 95% issu de l’exploitation. Enfin les éleveurs ont investi récemment dans un robot d’alimentation (20 000 € HT) qui passe 8 fois par jour en alternance soit, 4 fois par repousser les fourrages et 4 fois pour distribuer les concentrés. Le gain sur la productivité des chèvres a été modeste mais c’est surtout un confort de travail très apprécié.

96% d’autonomie en protéine en 2020

Les chiffres parlent d’eux même : autonome en fourrage, vente du foin le moins adapté aux caprins, vente de céréales et achat de concentré réduit au minimum ; voir nul comme en 2021. Les éleveurs ont trouvé leur équilibre technique et économique !

Aller au bout de la logique avec le pâturage

En 2021, les éleveurs franchissent encore un pas : passage en bio et mise en place du pâturage. Pour Lionel et Florence, c’est la continuité de leur projet. La conduite du troupeau était proche du bio et avec très peu d’achats. Les rotations à base de luzerne et les fumiers permettent d’être quasiment autonome en engrais. Le pari le plus ambitieux est de faire pâturer les chèvres. Et là encore, les éleveurs ne font pas les choses à moitié : implantation de prairies multi-espèces sur le conseil de notre conseiller fourrage d’Adice, Patrick Pellegrin, création de chemins d’accès, découpage du parcellaire pour faire des parcs de 2-3 jours, accessibles à l’irrigation et à la faucheuse. Ainsi 3-4 ha ont été réaménagés. Les premières sorties en 2021 ont été sportives mais concluantes ! Maintien du lait et le plaisir de voir les chèvres pâturer au pied de la maison. Les clients sont ravis !

L’autonomie mais pas à quel prix ?

Les éleveurs participent activement au groupe « coût production ». Après quelques années plus difficiles, les résultats sont maintenant très satisfaisants. Tant en termes d’efficacité économique (44% EBE/produit hors main-d’œuvre), revenu, capacité à continuer à investir et temps de travail (embauche d’un salarié à temps partiel). Les charges courantes sont très basses (<800€/1000l) et inférieures de 300 € à la référence. Seule la hausse du carburant aura un impact significatif sur les charges. Le passage en bio ne s’est pas accompagné à ce jour d’une hausse du prix des fromages mais c’est un sérieux atout commercial tout comme le 100 % autonome ! Enfin la mesure de leur impact carbone 2020 est bonne en associant productivité animale, longévité du troupeau, faible consommation d’intrants. La mise en place du pâturage et les rotations plus longues devraient encore améliorer le bilan et notamment le stockage du carbone.

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Earl les Pampilles, une ferme engagée dans le Réseau Cap’Protéines

Earl les Pampilles, une ferme engagée dans le Réseau Cap’Protéines

Le projet national Cap’Protéines, piloté par Terres Inovia et Institut Élevage, vise deux objectifs : accroître la production de protéines via les fourrages et valoriser en élevage les tourteaux et graines d’oléo protéagineux d’origine France. Ce programme se décline en quatre actions majeures :

  • Innover dans la diversification des productions fourragères riches en protéines et investir dans la recherche de nouveaux modes de production animale à travers des plateformes d’essais et une série d’essais zootechniques.
  • Faire connaître des systèmes fourragers et animaux plus autonomes et résilients ; avec 330 fermes pilotes bovins, caprin et ovins.
  • Développer des références et des outils : logiciels, plateformes numériques, applications éleveurs et conseillers.
  • Créer une dynamique collective pour adopter de nouvelles pratiques.

Les éleveurs et acteurs de la recherche appliquée et du conseil sont impliqués. Le centre Élevage de Poisy, Arvalis à Pusignan ou la ferme expérimentale caprine du Pradel conduisent des essais zootechniques ou agronomiques. Les lycées agricoles du Valentin (26) ou du Pradel (07) mettent en place des plateformes de démonstration et des collections fourragères pour former les futurs éleveurs. Les Conseil Élevage sont mobilisés pour suivre des élevages innovants en recherche d’autonomie protéiques. Ainsi cinq élevages caprins sont accompagnés par Adice. Parmi les leviers mis en place, on retrouve : pâturage tournant, prairies multi-espèces, foin luzerne séchée au sol, séchage en grange, méteil grain, culture de soja et protéagineux graine.

Adice organise une journée Portes ouvertes Cap’Protéines à l’Earl des Pampilles le jeudi 23 juin à 9h30. Six ateliers seront proposés pour aborder et échanger autour des questions d'autonomie alimentaire, protéique et énergétique : production et récolte de foin luzerne ; pâturage tournant petites parcelles, méteil grain, soja toasté, semences fermières (trieuse graines) ; production et autoconsommation énergie photovoltaïque ; bilan carbone ; haies et bien-être animal. En complément du témoignage de Lionel Mossière, gérant de l'Earl Les Pampilles, les ateliers seront animés par des experts Adice et divers partenaires : Institut Élevage, Cap Pradel, Mission haies et Diméo Energie.

Journée gratuite et ouverte à toutes et tous.  Contact : Jean-Philippe Goron (Adice) au 06 71 00 37 19 et à [email protected]