VOLAILLES
L'Anvol demande aux Français « d’accepter les nouveaux poulaillers »

Dans un manifeste lancé le 7 septembre, l’interprofession des volailles de chair demande aux citoyens de « soutenir les éleveurs » en acceptant la construction de nouveaux bâtiments. Côté marché, la RHD est redevenue le moteur de la consommation.

L'Anvol demande aux Français « d’accepter les nouveaux poulaillers »
L’objectif du plan de filière est de reconquérir 10 % de parts de marché aux importations. ©DR

Lors d’une conférence de presse le 7 septembre, l’interprofession des volailles de chair (Anvol) a lancé un manifeste dans lequel elle appelle notamment les citoyens à « accepter l’installation de nouveaux poulaillers dans leur village ». « Les Français veulent manger de la volaille française, mais il est de plus en plus difficile de faire accepter la construction de nouveaux poulaillers », a souligné le président de l’Anvol Jean-Michel Schaeffer. Ce « dialogue très compliqué avec les riverains » constitue un « enjeu majeur » pour la filière, a appuyé la directrice de l’interprofession, Anne Richard. D’ici fin 2021, l’Anvol lancera un outil en direction des éleveurs pour favoriser une « meilleure concertation ». Dans son manifeste, l’interprofession s’adresse aussi, entre autres, aux consommateurs, qu’elle incite à « s’informer sur l’origine des volailles », mais aussi aux maires, appelés à « créer un environnement favorable aux échanges », ou encore aux conseillers régionaux, priés de « financer indistinctement tous les modes d’élevage ». Atteindre l’objectif du plan de filière de reconquérir 10 % de parts de marché aux importations nécessite de renouveler les cessations d’activité, ainsi qu’une croissance de 1 % par an du nombre d’élevages (sur 14 000 actuellement).

Influenza : le Sud-Ouest de retour

Côté marché, la consommation de volailles a « retrouvé son schéma pré-Covid », avec une croissance globale de 5,9 % au premier semestre 2021 par rapport à 2019, tirée par la restauration. Une conjoncture qui profite aux importations, qui représentent 39 % des volailles au premier semestre 2021 (46 % pour le poulet). Au terme d’une année 2020 atypique, marquée par la fermeture de la restauration et par une explosion des autres achats, les Français ont consommé 1,88 million de tonnes de volailles contre 1,9 million de tonne en 2019. Le retour à la normale se dessine également sur le front de l’influenza. Après une baisse de production de volailles de 30 % de janvier à mai 2021 (par rapport à 2020), « le Sud-Ouest est de retour », souffle Bernard Tauzia, président du Synalaf (volailles label). En particulier, « les mises en place de poulets Label rouge sont revenues à la normale », affirme l’éleveur landais. La filière attend désormais le « décret d’application » des nouvelles règles de biosécurité, dans l’espoir de « passer un hiver plus serein ». Même si l’Hexagone a retrouvé son statut indemne d’influenza le 2 septembre, « nous continuons d’être affectés » par la fermeture de certains pays, s’inquiète Louis Perrault, président du SNA (accouveurs). Autant de marchés qui doivent être rouverts un par un aujourd’hui, alors que l’export représente 20 à 25 % des ventes pour le maillon accouvage/sélection. Les entreprises de ce secteur bénéficient d’indemnisations pour pertes économiques ; celles qui ont émargé à ce dispositif totalisent 25 millions d’euros de pertes d’EBE, selon M. Perrault. Des aides « qui permettent de continuer à exploiter, pas à investir », regrette le président des accouveurs.

Matières premières : 2e phase de hausse

Autre motif d’inquiétude : la flambée des matières premières, céréales et oléoprotéagineux en tête. « On rentre dans une deuxième phase de hausse », s’alarme Paul Lopez, président de la FIA (industriels), avec notamment des « problèmes de disponibilité » sur le maïs « ancienne campagne », et des hausses des prix étendues aux emballages et à l’énergie. L’indice Itavi de l’aliment poulet standard affiche ainsi « une hausse de plus de 30 % sur les mois de juin-juillet-août par rapport à la même période en 2020 », peut-on lire dans le dossier de presse de l’Anvol. Lors de la première phase de hausse – de fin 2020 à mi-2021 –, la hausse des prix a été « répercutée partiellement [à l’aval], pas en totalité et pas aussi vite qu’on le souhaitait », rappelle Paul Lopez tout en soulignant l’intérêt des discussions sur les coûts de production au sein de l’interprofession. Avec cette deuxième phase de hausse, « le travail va reprendre » sur ce sujet à l’Anvol, indique son président Jean-Michel Schaeffer.

YG