TABLE RONDE
Pac, Egalim 2, phytos… des enjeux nationaux et locaux

M.D.C
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Invité au congrès de la FDSEA, Arnaud Rousseau, 1er vice-président de la FNSEA, a décrypté méthodiquement les enjeux nationaux et locaux soulevés par la réforme de la Pac et la loi Egalim 2.

Pac, Egalim 2, phytos… des enjeux nationaux et locaux
Adhérents, élus et invités ont suivi avec attention la table ronde sur les thèmes « Pac, économie, gestion des risques climatiques et sanitaires », qui s'est tenue le 11 février au congrès de la FDSEA.

« Il n’y a pas de temps à perdre sur la Pac. Les agriculteurs doivent connaître les règles du jeu », a lancé d’emblée Arnaud Rousseau, vice-président de la FNSEA et producteur de céréales et protéagineux en Seine-et-Marne. Alors que la France vient tout juste de fournir son Plan de stratégie national (PSN) à la Commission européenne, le bras droit de Christine Lambert a rappelé que « les sujets ne vont pas changer radicalement mais sont encore susceptibles » d’évoluer avant la première déclaration Pac au 15 mai 2023.

L'élu national s’est notamment exprimé sur les mécanismes de l’écorégime, grande nouveauté de cette Pac, qui vient « noter » les exploitations agricoles (sur l’entrée surfacique et la certification notamment) pour débloquer les aides. « Nous pensons que 20 à 25 % des agriculteurs français auront beaucoup d’efforts à consentir », a indiqué Arnaud Rousseau.

« En Ardèche, 85 % des agriculteurs rentrent d’ores et déjà dans les critères. Environ 10 % devront faire des efforts et 5% ne pourront pas toucher les aides en l’état », a précisé Jérôme Volle, vice-président de la FNSEA et viticulteur à Valivignères. « L’enjeu pour notre département, c’est de continuer à accompagner les agriculteurs pour qu’ils puissent bénéficier des aides. La Pac est là pour maintenir l’agriculture et l’activité économique sur le territoire. »

Autre enjeu, faire reconnaitre « un maximum » de Surface agricole utile à la Pac. « L’Ardèche, c’est 21 % de SAU. Nous sommes un petit département mais avec une agriculture forte », a poursuivi Jérôme Volle. « Sur des territoires comme le nôtre, nous pouvons avoir des surfaces faibles en potentiel productif mais avec de bons résultats économiques et de la valeur ajoutée. », a appuyé Benoit Claret, vice-président de la FDSEA.

La notion d’actif agricole au sens de la Pac a aussi été abordée. « Nous avons tout intérêt à suivre de près le sujet du plancher minimum d’animaux dans nos exploitations diversifiées en Ardèche », a souligné Jérôme Volle

« Nous ne lâcherons pas 1 % »

Il a longuement été question du dossier brûlant de la contractualisation, rendue obligatoire par la loi Egalim 2. « La première loi Egalim prévoyait le ruissellement de la valeur ajoutée et il n’y en a pas eu. La seconde loi impose la non-négociabilité des contrats. L’objectif, c’est de redonner sa juste valeur à l’alimentation, qui plus est dans un contexte d’envolée du coût des matières premières » a résumé Arnaud Rousseau. « Nous sommes dans le bras de fer le plus total avec les grandes surfaces. Sur les coûts de production, nous ne lâcherons pas 1 %. La FNSEA est résolument derrière ce sujet. Nous menons la bataille et nous tirerons les conclusions dans trois semaines à la fin des négociations commerciales. »

Benoit Claret, en tant que président d'organisation de producteurs de lait (Fromagerie du Vivarais) a illustré ce propos par la possible contractualisation des veaux laitiers et des vaches de réforme.

L’inquiétude des arboriculteurs

Les débats se sont également attardés sur les problématiques phytosanitaires. Aurélien Soubeyrand, responsable de la section fruits à la FDSEA, a pris la parole pour dire « l’inquiétude grandissante » des producteurs arboricoles du département devant la volonté de Bruxelles de réduire de 50 % les phytos d’ici 2050. « Nous avons besoin de production et de réciprocité. Il y a un combat à mener sur les clauses-miroirs alors que l’on importe en Europe plus de 500 matières actives interdites et que 2% de contrôles sont réalisés sur ce qui rentre en Europe », a martelé Arnaud Rousseau. « Il faut également investir massivement dans la recherche et l’innovation pour la résistance à la sécheresse ».

Il a aussi été enfin question des chartes riverains et des ZNT, avec un débat sur les distances minimum qui n'est pas tranché. « 150 m, c’est un quart de l’agriculture qui disparait. Aujourd’hui, nous sommes à 10 m. Ce sujet ne fait que commencer. La FNSEA est la fantassin numéro 1 dans ce combat, votre premier rempart ».

Aurélien Soubeyrand, responsable de la section fruits à la FDSEA, Arnaud Rousseau, premier vice-président de la FNSEA, Jérôme Volle, vice-président de la FNSEA, et Benoit Claret, vice-président de la FDSEA.