SEMENCES ET PLANTS
Interprofession des semences et plants : une transition amorcée

Amandine Priolet
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Le Semae, interprofession des semences et plants, poursuit ses travaux. L’innovation et l’amélioration de la compétitivité et de l’attractivité sont deux enjeux majeurs portés par l’ensemble des acteurs de la filière.

Interprofession des semences et plants : une transition amorcée
De gauche à droite, Didier Nury, directeur de Top Semence, Jean-Christophe Conjeaud, responsable projets R&D à l’Anamso, Philippe Roux, délégué régional du Semae Sud-Est, et Yves Courbis, président de Top Semence.

« Notre métier de semencier est en constante évolution et les enjeux sont de plus en plus prégnants », a annoncé Yves Coubis, président de Top Semence, à l’occasion d’une conférence de presse régionale du Semae (ex-Gnis) à La Bâtie-Rolland (Drôme). L’interprofession des semences et plants (Semae) fête en 2022 ses soixante ans d’existence au plus près des acteurs de la filière semencière. « Notre mission est d’assurer la disponibilité et la fourniture de semences et plants de qualité en s’adaptant à la diversité des attentes des agriculteurs, des jardiniers et des consommateurs en France, ainsi que sur les différentes zones de la planète », a rappelé Didier Nury, administrateur du Semae et directeur de Top Semence. « L’ouverture à la diversité des mondes semenciers est un élément nouveau que nous souhaitons pérenniser », poursuit-il. Premier producteur européen et exportateur mondial de semences agricoles, le monde semencier français s’illustre depuis quelques années par son dynamisme. Le quart Sud-Est (comprenant Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur) compte 2 085 agriculteurs-multiplicateurs de semences sur plus de 38 250 ha (dont 2 433 ha en agriculture biologique). La Drôme se distingue comme le premier producteur de semences du quart Sud-Est (9 000 ha), avec 695 emplois directs référencés.

Des enjeux de responsabilité sociétale

Pour autant, le métier étant en continuelle mutation, une veille permanente est nécessaire pour répondre aux enjeux de demain. Dans la continuité du plan de filière de 2017, le Semae a débuté en 2021 un projet stratégique novateur à l’horizon 2024 qui comprend quatre engagements majeurs : répondre aux attentes des citoyens et des consommateurs, innover pour accompagner les filières en transition agroécologique, protéger, enrichir et diffuser la biodiversité et enfin améliorer la compétitivité et l’attractivité de la filière semences. « L’enjeu est de conserver notre place de premier exportateur mondial », précise Didier Nury. Par ailleurs, la signature en décembre 2021 d’un contrat d’objectifs et de performance (COP) entre l’État et le Semae vise à pérenniser les missions de service public confiées à l’interprofession des semences et plants et d’assurer l’adaptation du système de contrôle à toutes les semences et toutes les agricultures.

Une filière à la pointe de l’innovation

Pour répondre aux défis de la filière, le Semae participe également aux orientations de recherche & développement (R&D), avec un budget recherche annuel de 363 M€ en 2021. « La filière semencière consacre une part importante de financement dans l’innovation et la recherche au même titre que l’industrie pharmaceutique, informatique et aéronautique », explique Philippe Roux, délégué régional du Semae Sud-Est. En région, les expérimentations portent sur des actions spécifiques sur les productions oléagineuses. « Dans notre région, 30 % de la production de semences est consacrée aux oléagineux (soja, colza et tournesol) », indique-t-il. Parmi les travaux en cours, la gestion de la récolte à travers des solutions de bio contrôle (zinc, acide acétique), du matériel spécifique de coupe (type Sunspeed, Class) ou l’acquisition de références sur un séchoir mobile expérimental. « Malgré l’évolution génétique et face à la hausse des coûts énergétiques, le séchage des semences oléagineuses n’a pas fait l’objet d’études depuis plusieurs années », alerte Jean-Christophe Conjeaud, responsable projets R&D à l’Anamso (Association nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences oléagineuses). Pour optimiser l’action de séchage en conservant la qualité des semences, la conception d’un séchoir mobile et multi-espèces vise à reproduire, à échelle réduite, les conditions réelles du séchage statique en bennes. Les essais permettent d’acquérir des données en termes de température, de hauteur de charge et de consommation de gaz. Par ailleurs, pour maîtriser les ravageurs (grosses altises et charançons du bourgeon terminal) lors de l’implantation de productions de colza, et dans une volonté de réduire l’utilisation des produits phytosanitaires, des expérimentations sont menées sur l’introduction de plantes compagnes et les itinéraires techniques à conduire (association colza/lentille/fenugrec). La filière axe également ses recherches sur la gestion de l’andainage en production de semences de soja, la gestion de la pollinisation, les dégâts d’oiseaux sur les cultures, l’application raisonnée des intrants, les innovations techniques telles que la robotique, la télédétection ou la pulvérisation dirigée. « Ces actions concourent à accompagner les agriculteurs-multiplicateurs et les entreprises pour aller vers des solutions plus performantes en réponse aux attentes sociétales, environnementales et réglementaires », conclut Philippe Roux.

Amandine Priolet

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Dans le quart Sud-Est, 30 % de la production de semences est consacrée aux oléagineux (soja, colza et tournesol).

Chiffres clés

Filière semences & plants

1er producteur européen 402 760 ha

1er exportateur mondial de semences agricoles : 1,9 md€

11 000 emplois directs

17 900 agriculteurs multiplicateurs

3,5 Md€ de chiffre d’affaires : +11% en 5 ans.

69 entreprises de sélection

240 entreprises de production

Section plantes oléagineuses

58 900 t de semences produites sur 42 252 ha

497 variétés inscrites et 70 nouvelles variétés/an

698 entreprises de distribution

3 391 agriculteurs multiplicateurs

524 Md€ de chiffre d’affaires

14 entreprises de sélection

59 entreprises de production

En régions Aura & Paca

17 stations de sélection

38 sites de production

3 093 points de vente

2 085 agriculteurs multiplicateurs

38 250 hectares dont 2 433 en bio

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La conception d’un séchoir mobile et multi-espèces – aujourd’hui en phase expérimentale à Top Semence - vise à reproduire à échelle réduite les conditions réelles du séchage statique en bennes.

Une ouverture à la diversité des semences

Pour être pleinement représentatif de la diversité de la filière, l’interprofession des semences et plants, Semae, a créé une nouvelle section intitulée « Diversité des semences ». « Cette nouvelle section regroupe un certain nombre d’espèces afin de proposer à tout acteur de la filière d’engager des réflexions stratégiques pour l’avenir », indique Didier Nury, administrateur du Semae. Sont réunis au sein de cette section des acteurs de l’agriculture biologique et biodynamique, de l’agriculture urbaine, de la certification et commercialisation des productions bio, de la conservation des ressources phytogénétiques, des semences de ferme et des semences paysannes, des chefs cuisiniers, des jardiniers et des paysans boulangers. « Il n’y a pas qu’un monde des semences, mais plusieurs », indique Didier Nury.

A.P.

COMMUNICATION / Renforcer l’image de la filière

« Pour être compétitive, la filière semencière doit savoir attirer des jeunes », a avoué Philippe Roux, délégué régional du Semae Sud- Est. La communication positive auprès du grand public – et plus particulièrement des étudiants – est donc un axe de travail fort de la filière. La campagne de communication « Semeurtime - Il est l’heure de se révéler » vise à donner envie aux jeunes (14-18 ans) de s’intéresser au secteur agricole et plus précisément à la filière semences, à travers une série de visuels décalés et d’interviews vidéo de professionnels de la filière. À retrouver sur : semeurtime.com. Parmi les autres actions en ce sens, la participation de la filière à la Semaine du jardinage proposée en mars par Val’Hor, des cours en ligne à travers le Mooc Semences et des partenariats avec Agridemain pour l’organisation des Journées nationales de l’agriculture en juin. Par ailleurs, la mise en place de la chaire entre l’institut Agro et le Semae (2021-2026) sur le thème « Diversité, amélioration des plantes et qualité des semences pour l’agroécologie » permettra de sensibiliser et former les générations à venir au monde de la semence, garante de la souveraineté alimentaire.

A.P.