SYNDICALISME
Un dynamisme intact

L’assemblée générale des Jeunes agriculteurs (JA) Ardèche a réuni près de 80 personnes le 11 mars à la ferme de Boulegue sur la commune de Darbres.

Un dynamisme intact
À la tribune, de gauche à droite : Gaëtan Mouthon, trésorier de JA 07, Quentin Coudeyre, secrétaire général, Benoit Breysse, président, Christel Cesana, présidente de la FDSEA, Benoit Claret, président de la Chambre d’agriculture de l'Ardèche.

« L’assemblée générale des Jeunes agriculteurs Ardèche, un évènement important dans la vie de notre syndicat qui nous permet de nous retrouver entre adhérents mais aussi avec nos partenaires », selon le président, Benoit Breysse. « L’an dernier ce fut une année mouvementée, notamment à cause du climat, malgré tout nous sommes là. » Une rencontre qui en 2021 avait dû se tenir à huis clos et donc d’autant plus attendue cette année. Les participants ont été accueillis chaleureusement par le président JA Rhône Coiron, Timothé Arnaud. Et avant de commencer l’assemblée proprement dite, un hommage a été rendu par tous les présents - élus politiques et agricoles, administratifs, adhérents - à Jean-Paul Roux, agriculteur et maire de Lussas, décédé le 4 février, unanimement reconnu. « Une figure de la ruralité ardéchoise et du Coiron », a rappelé le président du Département, Olivier Amrane.

2021, une année en demi-teinte

Le secrétaire général de JA 07, Quentin Coudeyre, a présenté le rapport d’activités articulé autour de trois points principaux. La situation sanitaire tendue a été la cause d’annulation de manifestations (concours de taille de la vigne, fête de l’agriculture et son concours de labour). Les aléas climatiques (gel, grêle…) ont fortement impacté les exploitations ardéchoises. La prédation avec la présence du loup confirmée sur le Coiron, une problématique de plus pour les éleveurs. Pour autant, les Jeunes agriculteurs ardéchois ne se découragent pas et continuent à se mobiliser sur tous les fronts et notamment celui de la communication avec l’École des responsables, les tournées cantonales, l’information sur l’installation auprès des lycéens (lycée agricole Olivier de Serres) et les journées découverte des métiers de l’agriculture. Des rencontres majeures avec des élus nationaux, dont le Premier ministre, ont ponctué cette année riche en engagements et marquée par une grande conviction dans cette volonté d’avancer.

Une rémunération du travail plus juste

La loi Égalim 2 promulguée le 18 octobre 2021, visant à protéger la rémunération des agriculteurs, n’a pas échappé aux JA, soucieux de vivre mieux de leur travail. Mathieu Théron, président JA du Cantal, administrateur à JA national, élu à la Fédération nationale bovine (FNB), installé en Gaec avec son père et son frère, était invité à intervenir sur la contractualisation à cette assemblée. Pour raison de santé, il n’a pas pu y assister en présentiel mais par visioconférence, dont la mauvaise qualité de connexion a expliqué l’arrêt précoce et le report de la rencontre à une date ultérieure. Avant ce souci technique, Mathieu Théron a pu s’exprimer sur loi Egalim 2 qui rend la contractualisation obligatoire pour toutes les vaches, génisses et jeunes bovins (JB) de race à viande, commercialisés depuis le 1er janvier 2022. Selon lui : « La loi Egalim 1 n’avait pas le caractère obligatoire, personne en viande bovine ne s’était emparé de cet aspect-là d’où crise avec le prix du broutard car les cours étaient lamentablement bas. Le syndicalisme a demandé de revenir à la législation d’où la loi Egalim 2 avec ce caractère obligatoire. Cette loi présente un intérêt majeur : l’agriculteur va proposer à l’acheteur un contrat autour de deux axes, le coût de production et le coût du marché ». Dans ce contrat, il n’y a pas forcément de prix mentionné mais plutôt une méthode de calcul qui prend en compte un indicateur du coût de production, un indicateur de marché (cotation), des indicateurs de qualité (conformation, race) et les valorisations liées à des cahiers des charges spécifiques (non OGM, label rouge, etc.). « La FNB propose des contrats types, l’agriculteur remplit son contrat et l’envoie en recommandé à l’acheteur », précise le président JA du Cantal en insistant sur l’importance du recommandé.

Le président, Benoit Breysse, a proposé sur ce sujet des réunions cantonales pour mieux expliquer l’aspect technique des dossiers.

Cécile Chanteperdrix

Privilégier un diagnostic précoce
Les techniciens du GDS, Fabrice Mejean et Margot Brie, accompagnés de Jean-François Crozier, agriculteur.

Privilégier un diagnostic précoce

PRÉVENTION / La gestion des risques sanitaires en élevage était l’un des thèmes de l’assemblée générale de JA 07.

Par le biais d’une vidéo à la fois humoristique et pédagogique avec jeu de rôles, les Jeunes agriculteurs ont voulu sensibiliser les éleveurs à l’attitude à adopter dans leur exploitation face aux différentes maladies des bovins (ici, strongles, petite douve, besnoitiose). La vidéo mettait en évidence les méthodes de soins qui varient d’une génération d’agriculteurs à l’autre, les habitudes qui sclérosent. Elle insistait sur la prévention qui reste une bonne pratique d’élevage. Deux techniciens du Groupement de défense sanitaire (GDS) de l’Ardèche, Margot Brie et Fabrice Méjean, ont rappelé l’importance du kit introduction pour protéger le troupeau de maladies comme la besnoitiose, la BVD (diarrhée virale bovine), l’IBR (rhinotrachéite infectieuse bovine), la paratuberculose et maintenant la néosporose, (en Ardèche 3,46 % des bovins ont la néosporose). Ce kit introduction bovin permet d’analyser les animaux directement chez le vendeur ou à l’arrivée de l’animal dans un délai de 30 jours. Sur 2 914 bovins analysés, 3,48 % étaient positifs à une maladie. À noter que cette démarche de contrôle est basée sur le volontariat. Quant à la besnoitiose, « elle exige une stratégie d’assainissement basée sur la réforme des bovins positifs et la surveillance des animaux de plus de 6 mois et des animaux introduits. Les éleveurs qui mettent en place ce plan d’assainissement sur leur élevage signent un contrat spécifique. Il leur permet d’être accompagnés sur le plan financier par le GDS. Dans cette maladie, il ne faut pas attendre le cas clinique mais plutôt utiliser le dépistage. Si ce dépistage s’avère positif, il convient de séparer les animaux malades des animaux sains, bien gérer les lots, avertir le voisinage », ont expliqué les techniciens.

Un agriculteur, Jean-François Crozier dont le troupeau a été touché en 2007/2008 a fait partager son expérience : « C’est une maladie lourde en termes de croissance, une maladie sournoise. Il ne faut pas avoir peur de dépister car quand on ne cherche pas, on ne trouve pas. Nous devons être très vigilants lors de l’achat d’un animal ». Il a signalé le gros travail du GDS, le fait que l’Ardèche soit pionnière et que maintenant d’autres départements suivent.

Sylvain Bertrand, ancien président de JA Ardèche, a souligné qu’il ne fallait pas négliger « le côté psychologique et peut-être accompagner l’agriculteur sur ce point car il peut craindre d’avoir 80 % de positifs et de devoir se séparer de son troupeau. Cela est valable pour toutes les maladies ».

C.C.

INTERVENTIONS /

Jean-Pierre Graule, directeur de la Direction départementale des territoires

« La période a été difficile et vous avez tenu la barre. C’est une chance pour l’Ardèche d’avoir des agriculteurs encore nombreux, formés. L’agriculture de demain est bien armée. Mais des nuages arrivent avec l’augmentation des coûts de production, un plan de résilience se prépare pour y répondre. Nous serons à vos côtés pour vous accompagner. L’agriculture et les JA sont une chance pour le département, le préfet y est très attaché. »

Olivier Amrane, président du conseil départemental

« Cela me tenait à cœur de venir à cette assemblée. Le Département va travailler avec les JA sur la nouvelle convention entre le Département et la Chambre d’agriculture, en augmentant la participation du Département de plus de 20 %. Pour faciliter la vie des agriculteurs, on va valoriser les filières agricoles, activer le nouveau plan châtaigne, de nouvelles filières vont se mettre en route pour les chevreaux, les myrtilles. Je suis fier de mettre à l’honneur des jeunes comme vous qui s’installent et font la promotion du territoire ardéchois. » Il a rappelé la participation du Département au Salon international de l’agriculture en partenariat avec la Chambre d'agriculture, et pour lequel, il a mis les Jeunes agriculteurs à l’honneur, en annoncant cette participation au SIA le 7 février depuis la ferme de Clément Coing située jusqu’à côté du lieu de l’assemblée générale, et tout au long du salon en mettant en avant les différentes filières agricoles, le lien avec la restauration et le tourisme.

Fabrice Brun, député de la 3e circonscription

« Je reprends mon habit de syndicaliste pour dire qu’en agriculture on travaille beaucoup et pour un revenu, c’est bien de le rappeler. À ce sujet, j’espère qu’Égalim 2 aura un meilleur succès. Le devoir des pouvoirs publics, c’est de sécuriser le parcours des JA (sécuriser une récolte, un rendement). On a la chance en Ardèche d’avoir une agriculture familiale, des gens passionnés, je vais continuer à vous accompagner. Le renouvellement des générations, c’est vous. »

Isabelle Massebeuf, conseillère régionale

« Je suis engagée aux côtés des agriculteurs et des femmes en agriculture. Je peux vous assurer également du soutien du président de la Région. Pour la DJA, la Région va prendre le relais de l’État pour vous aider à vous développer. » La conseillère régionale a insisté sur le fait que la plus haute DJA se trouvait en Auvergne Rhône-Alpes, tout comme le budget agricole en général.

Christel Cesana, présidente de la FDSEA de l’Ardèche

« Je vois la banderole "Pas de pays sans paysans" et j’ajoute : pas de paysans sans DJA. Pour défendre nos paysans, il y a la communication : à Paris au Salon de l’agriculture, Découvre la ferme de ton voisin ou encore le Salon de l’agriculture ardéchoise. Il s’agit pour nous d’expliquer au public ce que l’on sait faire. »

Benoit Claret, président de la Chambre d’agriculture

Il a salué le président sortant : « C’est le poste que l’on apprécie le plus. Ton mandat a été court et particulier et je souligne ton engagement. Par ailleurs, on fait face à un manque d’anticipation terrible. On a considéré l’agriculture au moment du confinement mais depuis rien n’a été fait. Des mesures urgentes devront être mises en œuvre pour la soutenir, arbitrage des volumes et des prix, on ne va pas payer du blé français 400 € la tonne. L’urgence est totale et vitale pour nos territoires. JA on a besoin de vous plus que jamais. »

Propos recueillis par C.C.

ÉLECTIONS / Un mandat court mais intense
Le président sortant, Benoit Breysse.

ÉLECTIONS / Un mandat court mais intense

Cette année étant élective, une partie du bureau actuel est rééligible et il y aura vote pour un nouveau président, jeudi 17 mars. Benoit Breysse, actuel président de JA Ardèche, s’arrête après 2 ans de présidence. Il a dans son dernier discours souligné la mobilisation des équipes. « Nous savons nous adapter, nous avons continué d’avancer, de suivre les dossiers, de nous mobiliser. » Certaines difficultés cependant persistent, comme celles liées au retour du loup en Ardèche et sur le Coiron, le problème du foncier. Et aussi les projets photovoltaïques au sol qui inquiètent : « On n’en veut pas. Le terrain agricole aux agriculteurs. En Ardèche, il reste 23 % de SAU. Cela dit, je reste animé par une passion que l’on a tous. »

C.C.