VISITE

Gabriel Attal en commercial du plan de relance

« C’est quoi le jarlot ? ». En costume, cravate et chemise blanche au milieu des vignes, Gabriel Attal est curieux. Il questionne, fait montre de son intérêt et croque dans la grappe avec gourmandise. En réalité, chaque jeudi, le jeune porte-parole du gouvernement, 30 ans, et secrétaire d’État auprès du Premier ministre, se rend sur le terrain. Il se déplace sur les territoires en mode « séduction », attentif à la proximité, à la ruralité qui s’est souvent considérée oubliée par les politiques. Il vient à la rencontre des maires, des commerçants, des entreprises ou des agriculteurs. Dans ce cas-là, il a fait étape au Domaine des Palais à Ambierle chez Yann Palais, vigneron dynamique.

Avant cela, il a déjeuné à Renaison avec les maires du secteur pour présenter les mesures du plan de relance à destination des collectivités (plus de 5 milliards d’euros). Il s’est ensuite rendu dans un magasin bio dans ce même village : « Côte roannaise bio », Le Clos de Brosse. Une façon de montrer que les petites communes auront toute leur place dans le plan « France relance ».

L’œnotourisme a bien marché cet été

Sur le coup des 15h30, il a donc débarqué chez le volubile Yann Palais, en pleine récolte du millésime 2020. Ce dernier exploite 6 ha, en bio depuis onze ans. Un domaine, concentré géographiquement mais diversifié du point de vue des cépages. Au-delà de l’incontournable gamay, il cultive viognier, roussanne, gewurztraminer et syrah. Il a partagé avec le secrétaire d’État l’état des lieux d’une appellation en pleine bourre, « avec 46 % des surfaces en bio et ça continue à monter en puissance grâce aux jeunes », mais aussi le développement de l’œnotourisme, qui a très bien fonctionné cet été. Pandémie oblige, les consommateurs ont choisi le tourisme de proximité et se sont massivement arrêtés au domaine.

Les vendanges 2020 se déroulent dans d’excellentes conditions avec une vingtaine de coupeurs, essentiellement des locaux. La récolte est saine, avec de bons degrés. Le porte-parole a cheminé jusqu’à une parcelle en contre-bas du prieuré d’Ambierle pour se joindre quelques minutes à la troupe. Avec le producteur, ils ont parlé maturité du raisin, vinification, vertus de l’enseignement agricole. Yann Palais lui a fait faire le tour du propriétaire, après les vignes, le pressoir, la cuverie, la cave de dégustation, la salle de réception et le verre de l’amitié à l’ombre des arbres. Le vigneron pense que le plan de relance pourrait l’aider l’an prochain pour installer son fils. Stéphane Babe, élu à la chambre d’agriculture de la Loire, en charge de l’élevage, en a profité pour évoquer avec le secrétaire d’État les grandes difficultés de l’élevage, les effets des sécheresses successives qui mettent en péril les exploitations et le besoin de développer des projets de retenues collinaires.

« La fierté des territoires »

Gabriel Attal, après avoir assuré la volonté gouvernementale de relever le défi de la souveraineté alimentaire, s’est exprimé au nom du président de la République. « Ce qui lui tient à cœur, c’est que cette crise serve de relance pour le pays. Et l’art de vivre à la Française tient toute sa place. » Et de dresser le bilan de sa visite, un verre à la main. « Je ne connaissais pas la côte-roannaise. C’est réjouissant de voir un vigneron se développer et faire la fierté de son territoire. Il incarne l’excellence à la Française. On a besoin de mettre en lumière des choses positives. Ici la crise du Covid-19 a apporté du plus car les ventes ont augmenté cet été. C’est ce genre de dynamique qu’on aimerait soutenir dans le plan de relance. » En fin d’après-midi, Gabriel Attal s’est rendu à la Manufacture Pralus, une entreprise symbole du territoire qui avait bénéficié des aides de l’État durant la période de confinement. Il a également rencontré d’autres entrepreneurs durement touchés et inquiets face à l’avenir.

David Bessenay