CASTANÉICULTURE
Une filière en quête de reconnaissance

Vendredi 13 janvier, les professionnels de la castanéiculture ardéchoise ont reçu le député Hervé Saulignac pour évoquer les problématiques de la filière.

Une filière en quête de reconnaissance
Le député ardéchois Hervé Saulignac a visité l'exploitation de César Marze, les vergers d'Alisse, à Pranles.

C'était une visite d'enjeu politique, vendredi 13 janvier, sur l'exploitation de César Marze, président du comité interprofessionnel de la Châtaigne d'Ardèche (Cica). Autant au niveau local que national, la filière cherche des soutiens politiques pour poursuivre son développement. Face au député ardéchois Hervé Saulignac, les professionnels de la châtaigne ont présenté un plan national élaboré pour la période 2022-2026. Parmi les axes affichés, le développement de la production avec notamment la plantation et réhabilitation de vergers, l'adaptation au changement climatique et l'accélération de la recherche face à la maladie de l'encre, aux pourritures des fruits et aux chenilles foreuses mais aussi la diversification la consommation de châtaignes, notamment autour du fruit frais dont la demande est en baisse.

L'argent, nerf de la guerre

Les idées sont là, il ne manque plus qu'à les mettre en œuvre, mais c'est là que le bât blesse... Faute de financement, Eric Bertoncello, présent lors de cette visite, n'a que 30 jours par an à consacrer à sa mission d'animateur du syndicat national des producteurs de châtaignes. « Impossible d'avancer », résume celui qui est aussi technicien à la chambre d'agriculture de l'Ardèche. Pour financer un vrai poste, l'animateur estime qu'il manque au minimum 50 000 euros. Une enveloppe que l'État rechigne à fournir faute de ligne budgétaire adaptée. « La châtaigne c'est 10 000 ha en France », souligne encore Eric Bertoncello. Le député assure qu'il continuera à alerter, pour que cette filière puisse être soutenue par les pouvoirs publics et puisse « sortir de la confidentialité ». Et d'ajouter : « La châtaigne n'est pas simplement un symbole du passé, elle doit redevenir un fruit d'avenir... C'est une obligation ! Si on ne le fait pas, d'autres le feront au Portugal, en Espagne ou en Italie. »

Bientôt un verger de conservation

La visite du député sur l'exploitation de César Marze a aussi été l'occasion d'évoquer le nouveau plan châtaigneraie traditionnelle 2023-2027. Là encore, ce sont les finances qui manquent. « On a déjà revu nos ambitions à la baisse mais on a encore besoin d'au moins 55 000 euros pour soutenir l'ingénierie du plan », explique Sébastien Debellut, animateur au Cica. Pour trouver une telle enveloppe, l'interprofession compte faire appel à des co-financements européens, via les fonds Leader ou Feader, mis en œuvre par Arche Agglo. Dans ce nouveau plan châtaigneraie traditionnelle il sera évidemment question de reconquête mais aussi de développement de plantations résilientes avec du matériel végétal répondant aux enjeux actuels. Ce travail d'expérimentation sera évidemment mené grâce à la pépinière et au parc à greffons - déjà mis en place par le syndicat de défense de la châtaigne d'Ardèche (Sdca) -, mais pour poursuivre ces recherches autour des variétés locales, un verger de conservation sera aussi développé. « C'est aussi une manière de conserver nos espèces », souligne Michel Grange, président du Sdca. « Il y a quelques années on avait recensé 65 variétés de châtaigniers en Ardèche, aujourd'hui certaines ont déjà disparu... L'idée est de les retrouver et de les faire perdurer pour pouvoir s'appuyer sur ce potentiel génétique pour s'adapter face aux problématiques sanitaires et climatiques. »

Le député ardéchois Hervé Saulignac a visité l'exploitation de César Marze, les vergers d'Alisse, à Pranles.