Ardèche
Les zones humides incluses dans l'expérimentation des PSE

Anaïs Lévêque
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Pour inciter les agriculteurs à s'inscrire dans une gestion durable des zones humides notamment, un nouveau dispositif d'action est expérimenté dès cette année en Ardèche, via les paiements pour services environnementaux (PSE).

Les zones humides incluses dans l'expérimentation des PSE
Vue d'une tourbière située sur la montagne ardéchoise près de Saint-Agrève. Crédit photo : PIERRON V

Les dispositifs d'action pour la préservation et le maintien des zones humides sur les exploitations agricoles sont basés sur le volontariat. Des instruments incitatifs existent et rémunèrent les agriculteurs qui maintiennent ces milieux naturels, comme les mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC) ou plus récemment avec les paiements pour services environnementaux (PSE). C'est le cas en Ardèche où deux projets pilotes pour l'expérimentation des PSE des Agences de l'eau Rhône Méditerranée et Loire Bretagne vont inclure les zones humides et les milieux rivulaires (berges de cours d'eau et ripisylves) dans leurs indicateurs de résultat. Ces projets d'expérimentation sont mis en place dès 2021 et pour 5 ans, respectivement dans le sud du département1 et sur la Montagne ardéchoise2. L'objectif est d'inciter davantage les agriculteurs à s'inscrire dans une gestion durable des zones humides, mais aussi de s’adapter aux spécificités des territoires et des pratiques agricoles. 

Un diagnostic personnalisé du milieu

Les contrats PSE mesurent le niveau de performance environnementale globale de chaque exploitation agricole, parmi une palette d'indicateurs de résultat agroécologique. Ils ciblent des zones prioritaires, sélectionnées selon des enjeux de préservation de la ressource en eau, en terme qualitatif. L'évaluation des zones humides y tient une place majeure car elles présentent de nombreux atouts : stockage carbone, épuration, stockage et rétention de l'eau, ressources fourragères complémentaires, faune et flore remarquables... 

Le diagnostic établi sur les zones humides repose sur divers paramètres. « L'état général du milieu est évalué, la présence de certaines plantes qui attestent d'un bon état du milieu, et d'autres pas du tout, mais aussi de la présence de déchets et de résidus de taille, de plastique, d’effets de traitements... », indique Laurence Jullian, responsable de l'Antenne Drôme Ardèche du Conservatoire d'espaces naturels Rhône-Alpes, qui participe à la réflexion des contrats PSE. « Le fait d'avoir une zone humide sur son exploitation, c'est déjà rendre service à la société. Certaines dégradations ne sont pas toujours la conséquence des pratiques agricoles actuelles. C'est parfois dû à des pratiques très anciennes, mais aussi à une dégradation globale des milieux naturels, comme on le constate en bordure de rivières. » 

Adaptation aux pratiques et spécificités locales

Ces indicateurs de résultat agroécologique sont évalués lors d'un audit initial réalisé pour chaque exploitation au préalable du démarrage du contrat PSE, puis réactualisés par des constats effectués chaque année selon l'évolution des pratiques de l'exploitation, la création de nouvelles infrastructures, etc. La valeur technique de ces indicateurs sera également mise à jour au fil des années. « Nous essayons d'adapter la nature de la méthodologie des audits PSE aux spécificités locales et systèmes d'exploitation présents sur les deux territoires, avec des indicateurs différents et pertinents », explique Nicolas Beillon, technicien énergie, biodiversité et agroforesterie à la Chambre d'agriculture de l'Ardèche. 

Intégration à l'éco-dispositif de la future Pac ?

« L'usage des zones humides peut être très différent d'une exploitation à une autre. C'est pourquoi ces PSE sont très intéressants : ils sont pensés en termes de reconnaissance des pratiques agro-environnementales déjà en place ou évoluant sur l'exploitation pendant la durée du contrat, et non de cahiers des charges à obligation de moyens standardisés pour l'agriculteur comme c'est le cas avec les MAEC. » Dans le cadre de l'éco-dispositif (eco-scheme en anglais) de la future Pac, des aides directes du 1er pilier pourraient être apportées concernant notamment la préservation des zones humides, ajoute Nicolas Beillon. « Ces milieux seront aussi peut-être mieux pris en compte dans l'évolution de la conditionnalité des aides Pac. Nous avons encore peu d'éléments à ce sujet mais cela fait partie des pistes de réflexion. »

Anaïs Lévêque

1. Projet PSE « Ardèche Méridionale Agroécologique » piloté par l'établissement public de territoire de bassin de l'Ardèche (EPTB07).
2. Projet PSE « ALtitudes agroécologiques » piloté par le parc naturel régional des Monts d'Ardèche (PNRMA) sur les bassins versants du Haut Allier et du Haut Bassin de la Loire.

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