Coronavirus : quelles sont les conséquences pour l'agriculture ardéchoise ?

CONJONCTURE / En Ardèche, les conséquences du coronavirus sur la production agricole se font d’ores-et-déjà sentir.

Coronavirus : quelles sont les conséquences pour l'agriculture ardéchoise ?
De la main-d'oeuvre étrangère était attendue dans les champs et vergers français dans les prochaines semaines.

Salons annulés, caveaux fermés … L’impact du coronavirus se fait bel et bien sentir dans la filière viticole. « Depuis quelques semaines, on ressentait déjà une baisse de la consommation courante de vin du fait de la baisse de fréquentation des restaurants, des barsdes grandes surfaces, mais aussi des réservations de séjours oenotouristiques »indique Ludovic Walbaum, président des Vignerons indépendants de l’Ardèche. « Après le Brexit, la taxe américaine sur les vins français et les droits de douane chinois exorbitants, il ne manquait plus que ça ! » 

Président des Vignerons Ardéchois, François Guigon avoue « ne pas dormir tranquille » ces derniers jours. « Jusqu’ici, les cavistes continuaient à passer commande, mais avec la fermeture des caveaux et la réduction des activités, on devrait rapidement sentir un impact commercial. Il poursuit : Dans les caves, l’activité se poursuit au ralenti avec l’absence de certains de nos salariés qui doivent garder leurs enfants. Nous avons quoi qu’il en soit mis en place des mesures de sécurité renforcée pour ne faire courir aucun risque à nos salariés. » 

En amont de la filière, les pépiniéristes aussi continuent le travail malgré le contexte. « Nous avons des difficultés à livrer nos plans puisque nombre de chauffeurs routiers sont à l’arrêt, indique François Guigon, également pépiniériste à Alba-la-Romaine. Mais de la poursuite de l’activité dépend la pérennité de la filière. On est actuellement sur le greffage, dont découle toute l’activité et donc le chiffre d’affaires de 2020. » 

Filières d’élevage 

La continuité du service d’équarrissage et d’abattage est assurée malgré le contexte. Si l’incertitude quant aux commerces et aux marchés de bestiaux est grande (lire ci-contre), les prophylaxies sur les animaux d’élevage se poursuivent, comme l’indique le directeur du GDS de l’Ardèche Christian Boulon. « Nous faisons en sorte qu’elles puissent être réalisées avant la mise à l’herbe. Les prophylaxies d’introduction (IBR, etc.) se poursuivent également. Il ajoute : Il faut continuer à poser des boucles en bovin, et à envoyer les prélèvements de cartilage pour analyse au laboratoire, qui continue d’assurer ses missions. Si un veau est contrôlé IPI, l’éleveur doit impérativement contacter le GDS. » 

Grandes cultures 

Chez Top Semences, qui enregistre un volume d’affaires important avec l’Italie (notamment pois chiche, ail et maïs), les marchandises ont déjà été livrées il y a plus de dix jours. « Nous n’avons jusqu’ici pas eu de problème pour livrer notre maïs en Allemagne, mais cela va changerindique le directeur Didier NuryEn revanche nous n’expédions pas hors-Europe, donc pas de souci de ce côté-là. »  

Du côté de Natura Pro : « Jusqu’à aujourd’hui, nous n’avons pas vraiment eu d’impact, ni sur l’approvisionnement ni sur les débouchésnous confiait lundi le directeur de la coopérative Sylvain Robinet. Les choses risquent d’évoluer rapidement suite aux nouvelles annonces du gouvernement. La seule chose que je peux dire, c’est que nous faisons tout notre possible pour assurer l’approvisionnement de nos agriculteurs. » 

Tomate 

La situation est également compliquée en tomatesSuite à la découverte du virus de la tomate cet hiver en Europe, tous les lots sont analysés en laboratoire avant d’être envoyés au pépiniériste qui fournit ensuite les plants de tomates au producteur. « Le problème en tomates industrielle, c’est que le nombre de variétés est limité et que les dates de plantation doivent être scrupuleusement respectéesOr, beaucoup de variété viennent d’Italie. Et avec le coronavirus, les analyses prennent trop de temps pour pouvoir avoir les variétés habituelles, c’est un vrai casse-tête», explique Simon Cornuttechnicien à la coopérative Valsoleil basée à Crest (Drôme).  

Main d’œuvre 

Nombre de productions (arboriculture, viticulture, maraîchage) s’appuient sur une main-d’œuvre étrangère qui devait arriver d’ici quelques semaines pour les récoltes. Avec la fermeture des frontières, qu’en sera-t-il ? « Nous réfléchissons à la possibilité de partenariats avec des étudiants d’écoles d’ingénieurs pour renforcer nos équipes. Nous travaillons aussi à ce que les salariés déjà présents dans les exploitations puissent poursuivre leur activité », indique Jérôme Volle, vice-président de la FNSEA. Affaire à suivre… 

Mylène Coste 

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