CONGRÈS
Anciens exploitants : une grande victoire et des chantiers

La Section nationale des anciens exploitants de la FNSEA (SNAE) s’est réunie, en assemblée générale, par visioconférence le 10 mars. Si les retraites vont passer à 85 % du Smic, il reste encore de nombreux chantiers en cours, dont ceux de la transmission et de la dépendance.

Anciens exploitants : une grande victoire et des chantiers
Hélène Blaud est la présidente de la section nationale des anciens exploitants de la FNSEA (SNAE). ©Actuagri

La présidente de la SNAE, Hélène Blaud, n’a pas boudé son plaisir à l’ouverture de ce congrès en rappelant la victoire de haute lutte conquise par les anciens exploitants : parvenir à une retraite égale à 85 % du Smic pour une carrière complète de chef d’exploitation. C’est une victoire de longue haleine puisqu’elle a commencé en 2003 et qu’il a fallu 17 ans avant que la réforme aboutisse. « C’est un acquis historique et 2020 est une grande année pour les retraites », a d’ailleurs souligné Christiane Lambert, présidente de la FNSEA qui reste attentive sur les modalités d’application de cette disposition.

Au mieux, cette mesure sera appliquée à partir du 1er septembre prochain, au plus tard le 1er janvier 2022. Le gouvernement a les cartes en main, ont dit, en substance Hélène Blaud et Christiane Lambert. Toutes deux regrettent, comme les anciens exploitants, que le régime universel de retraite que le gouvernement envisageait d’instaurer, n’ait pas pu se mettre en place en raison de la crise du Covid. « Pourtant, nous sommes toujours volontaires pour l’expérimenter », a indiqué Hélène Blaud. La déception est aussi de mise en ce qui concerne la revalorisation des retraites des conjointes d’exploitants et des aides familiaux. « Ce combat est juste et il faut le poursuivre », a martelé la présidente de la SNAE. 

Anticiper le 5e risque

La crise sanitaire a également reporté, sine die, le dossier de la dépendance qui concerne aujourd’hui presque 1,5 million de personnes en France, dont de nombreuses personnes issues du milieu agricole et rural. La SNAE s’inquiète que la Mutualité sociale agricole (MSA) soit, administrativement, écartée de ce dispositif alors même qu’elle travaille depuis plus de 30 ans sur cette problématique, notamment par la mise en place des Maisons d'accueil et de résidence pour personnes âgées (Marpa). « Cela n’empêche pas d’en parler au sein des familles. Il est important d’anticiper pour nos parents et pour nous-mêmes en préparant quand on le peut », a souligné Christiane Lambert qui a salué « le précieux travail de sentinelle, le rôle de proximité et d’accompagnement des anciens », très impliqués dans la vie locale et les mouvements associatifs. « Ils permettent d’expliquer autre chose qu’une vision idéalisée de l’agriculture », a-t-elle lancé.

Poursuivant sur le dossier du 5e risque, Vanessa Wisnia-Weill, secrétaire générale du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA), a porté le débat sur les mobilités résidentielles et la question du maintien à domicile, notamment en milieu rural. « Ce sujet recoupe celui des zones blanches qui concerne l’accès limité à la téléphonie et au numérique, aux commerces et à la santé. » Une « expérimentation terrain » va être menée dans quatre départements : Hérault, Nord, Saône-et-Loire, Val d’Oise et au second semestre, le HCFEA ouvrira un chantier sur le patrimoine et l’intergénérationnel, en vue du maintien à domicile. Les anciens exploitants représentés au HCFEA seront les premiers impliqués. 

Christophe Soulard