FRUITS & LÉGUMES
Biotifood, une légumerie pas banale à Chomérac

Mylène Coste
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Un atelier de transformation de fruits et légumes, appelé « Biotifood » est en cours de création à Chomérac. Éric Fernandez, son créateur, compte y développer des bocaux de produits bio lactofermentés et recherche des producteurs locaux pour l’accompagner dans cette aventure.

 Éric Fernandez est venue parler de son projet de légumerie "Biotifood" le 17 mars, à la Chambre d'agriculture, devant des producteurs.

Éric Fernandez est loin d’être un novice. Directeur commercial chez Boiron Surgélation (Donzère) durant une dizaine d’années, le marché de la transformation des fruits et légumes n’a plus guère de secret pour lui. « Durant toutes ces années, j’ai développé de nombreuses relations avec des clients dans les quatre coins de la France, contribué aux développements de différentes gammes de produits, participé à des négociations commerciales au niveau national et beaucoup voyagé. » En 2020, il décide toutefois de lever un peu le pied. « J’ai eu besoin d’un changement. Je voulais construire un projet davantage en accord avec mes valeurs, tout en restant dans le secteur des fruits et légumes et en bénéficiant de mon expérience. »

Aujourd’hui consultant auprès de Gélifruits (Chanas) ou encore d’Agribio Drôme, ce père de famille s’est lancé le défi de créer sa propre légumerie, « Biotifood » à Chomérac où il vit. Avec une particularité toutefois : « Je souhaite y développer la lactofermentation de fruits et légumes, un process encore assez peu répandu en France et qui pourtant revêt bien des intérêts nutritionnels et thérapeutiques. La lactofermentation développe les vertus antioxydantes des fruits et légumes et contribue à conforter le microbiote intestinal pour une meilleure santé. » Autant de propriétés qui ne le laissent pas indifférent : « Mon épouse est atteinte de la maladie de Parkinson, dont certains scientifiques estiment qu’elle pourrait être accentuée par un dérèglement du microbiote intestinal. Les probiotiques issus de la lactofermentation sont donc des alliés dans la prévention de cette maladie, et de bien d’autres. »

« Je prends tout, y compris les fruits et légumes invendables ! »

Afin de donner vie à ce projet, Éric Fernandez recherche des fournisseurs locaux. « Je souhaite travailler en bio, et recherche des producteurs de fruits (pommes, poires, coings ou encore cerises) et de légumes divers et variés. L’approvisionnement local fait partie de la philosophie du projet, que je veux vertueux pour l’environnement et pour l’économie du territoire. » Et les producteurs pourraient aussi y trouver leur compte : « Outre la régularité des approvisionnements, contractualisés à l’avance, je prends tous les fruits et légumes, y compris ceux qui ne sont pas vendables (produits abimés, hors-calibres, etc.) ! »

L’atelier de transformation s’étend sur un espace de 1000 m2 (+500 m2 de bureaux) pour une capacité de transformation de 10 t/jour. « Cela peut paraître beaucoup, mais on est loin des 500 à 800 t/jour des géants Daucy ou Bonduel », s’amuse-t-il. « Les fruits et légumes réceptionnés à l’atelier transitent par une chambre froide avant de passer au lavage, pelage et découpage. Vient alors l’étape de la lactofermentation en chambre de maturation, entre 18 et 20 °C. 10 à 12 jours plus tard, le processus de lactofermentation étant achevé, les bocaux sont stockés dans une chambre froide à 5 °C pour être expédiés et vendus en rayons frais. »

Un marché porteur

Encore peu concurrentiel, le marché est porteur et Éric Fernandez a déjà un certain nombre de débouchés dans le viseur : « Les particuliers tout d’abord via les magasins spécialisés et la GMS, mais également le snacking, la restauration collective et l’export, puisque les pays du Nord et de l’Est de l’Europe sont consommateurs de produits lactofermentés ».

Outre les produits lactofermentés, Biotifood entend développer la prestation de service pour proposer de la prédécoupe pour la restauration collective locale. « Je suis déjà en contact avec le Département de l’Ardèche à ce sujet », souligne son créateur. 

À terme, Biotifood doit employer trois personnes : un responsable qualité, un conducteur de ligne et un responsable maintenance. « L’idée est d’obtenir le label bio et la certification IFS pour pouvoir développer l’export et la vente à l’industrie. » Le projet, totalement nouveau en Ardèche, pourrait vite connaître son petit succès !

Mylène Coste

Bientôt du cornichon made in Chomérac ! 

BIOTIFOOD / Produit lactofermenté parmi les plus consommés, le cornichon est pourtant rarement issu de filières françaises. Une situation qui pourrait bientôt changer…

« Origine Inde », « Origine Turquie » … Difficile, dans le commerce, de trouver du cornichon français. Depuis des décennies, cette culture pourvoyeuse de main-d’œuvre a été abandonnée. Mais une poignée d’Ardéchois, férus de cornichon, ambitionnent de remettre cette culture au goût du jour en profitant de l’opportunité d’une transformation locale à la légumerie Biotifood. « Avec quelques amis, nous nous sommes lancés le défi de cultiver le cornichon sur une parcelle d’un hectare, à Chomérac, raconte Éric Fernandez. Nous avons choisi uniquement des variétés anciennes, avec une diversité de formes et de couleurs ! » Accompagnés par Agribio Ardèche dans ce projet, ces quelques audacieux veulent voir les choses en grand. « Nous ambitionnons de participer, dès 2022, au « Pickle Day », sorte de championnat du monde du cornichon qui a lieu chaque année aux États-Unis et des participants du monde entier, chacun avec son process de fabrication propre. » Pas de doute, le cornichon choméracois y fera un malheur !