TÉMOIGNAGE
Changement climatique : être acteur des évolutions pour ne pas les subir

Les acteurs de la filière ovine régionale se sont retrouvés, le 1er mars, sur l’exploitation de la famille Lassalas à Saint-Genès-Champanelle (Puy-de-Dôme) autour de cinq ateliers thématiques, dont l’un portait sur l’adaptation au changement climatique.

Changement climatique : être acteur des évolutions pour ne pas les subir
Camille Lassalas aime par-dessus tout être confronté à de nouveaux challenges dans son métier d’éleveur. (Crédit : SC)

Le changement climatique, Camille Lassalas le mesure depuis plusieurs années déjà. Loin d’être une notion abstraite, d’un péril à venir, il s’immisce chaque année davantage, bousculant son système, mettant à mal ses certitudes, l’obligeant à réinterroger ses pratiques. « C’est un nouveau challenge à relever », confie, enthousiaste, l’éleveur installé en Gaec familial au pied du Puy-de-Dôme. Sur son exploitation où sont élevées 800 brebis de race rava, il expérimente, tâtonne, pour au final être acteur des évolutions et ne pas seulement les subir.

Avec trois agnelages en deux ans, et une volonté d’autonomie fourragère affirmée, la conduite de l’élevage ne supporte aucune approximation. Et les résultats sont là : 1,14 de taux de mise bas¹, 1,66 de prolificité, une mortalité des agneaux d’à peine 4 %, un taux de renouvellement de 19 %, un taux de productivité par EMT de 1,76 en 2020 pour atteindre, au final, une marge brute de 94 euros par brebis (aide ovine comprise, mais hors ICHN et DBP). « On essaie de valoriser au maximum les 160 ha d’herbe de l’exploitation pour diminuer l’achat de concentrés », explique Camille Lassalas.

Retourner certaines prairies…

Une ambition qui a conduit l’éleveur à revoir sa conduite des prairies. « Chez nous, les prairies permanentes sont majoritaires. Les sécheresses successives les ayant fortement endommagées, nous avons décidé sur certains terrains de réimplanter des méteils, des trèfles… » Pour s’adapter aux besoins des animaux aux différents stades, le panel de fourrages a été considérablement diversifié avec des foins précoces, des foins déprimés, des foins plus grossiers et feuillus. « L’écart d’altitude entre les parcelles, de 900 à 1000 mètres avec une partie d’estive favorise cette diversité », indique le producteur.

Au pré, les brebis bénéficient d’un pâturage tournant rationné. Une pratique gourmande en temps de travail, puisque les filets sont déplacés tous les jours, mais payante, « puisque l’herbe n’est pas gaspillée ». Toujours dans un souci d’optimisation du système, le Gaec a décalé d’un mois toutes les périodes d’agnelage, avec à la clé, un mois de stock de fourrages économisé, et une sortie d’agneaux à une période plus favorable à la commercialisation donc mieux valorisés. 85 % des bêtes sont vendues en agneau léger à la coopérative Cyalin (groupe Sicarev), et le reste valorisé en label rouge Agneau de l’Adret.

Sophie Chatenet

1. La ferme est dix mois sur douze en mise bas. Les deux mois en « off » se situent durant la période de fenaison, et en juillet pour prendre une semaine de congés.

Agneaux : des débouchés divers

En Auvergne-Rhône-Alpes, la production de viande d’agneau représente 9 929 tonnes équivalent carcasse (tec). 41 % sont abattues sur le territoire correspondant à 24 % de la consommation régionale. On dénombre trois grands circuits de commercialisation : les organisations de producteurs commerciales et non commerciales ; les négociants et marchés aux bestiaux ; et les circuits courts (boucherie et vente directe). 18 % des agneaux sont produits sous signes officiels de qualité. La production d’agneau répond à un segment de marché bien identifié : les agneaux d’herbe, nés de février à mai, abattus entre 3,5 et 7 mois à un poids maximal de 22 kgc ; les agneaux gris ou de report, vendus entre 7 et 10 mois ; les agneaux de bergerie, abattus entre 3 et 4,5 mois à un poids de 16 à 22 kgc ; et les agneaux légers, abattus entre 2 et 3 mois à un poids de 24 à 30 kg vif.