ARBORICULTURE
Maîtriser les monilioses des fruits à noyau

Depuis plus d’une dizaine d’années, la maîtrise des monilioses en arboriculture fait l’objet de nombreuses expérimentations avec des solutions alternatives.

Maîtriser les monilioses des fruits à noyau
La moniliose, maladie fongique provoquées par différentes espèces de champignons, cause d’importants dégâts sur les vergers de pêchers et d’abricotiers. ©SudExpé

Les monilioses, maladies fongiques des arbres fruitiers provoquées par différentes espèces de champignons, occasionnent d’importants dégâts sur les fleurs et rameaux, les fruits en verger mais également en post-récolte. « Les abricotiers et les pêchers sont les espèces fruitières les plus sensibles aux monilioses », explique Valérie Gallia, responsable pôle Fruits à noyau à Sud Expé / chambre d’agriculture du Gard. « Nous considérons généralement que c’est le principal verrou au développement de la production en agriculture biologique », poursuit-elle. En conventionnel, et malgré la disponibilité d’un certain nombre de fongicides, les pertes peuvent parfois être importantes certaines années.  Aujourd’hui, les moyens de lutte sont variés : le choix de matériel végétal, en privilégiant des variétés le moins sensible possible, la conduite raisonnée du verger en évitant les excès d’eau et d’azote pour limiter les microfissures, la réduction de l’inoculum (éliminer les momies et chancres lors de la taille) ou encore une protection fongicide ou avec des solutions alternatives. Ce dernier moyen de lutte a longuement été étudié par les stations d’expérimentation telles que SudExpé, la Centrex,le CTIFL, la Sefra et le Grab, entre 2008 et 2020, à travers 68 essais « produits » (substances d’origine végétale ou minérale, champignons et levures, bactéries, isothérapie) autour de 129 modalités.

Peu de recul sur le sujet

« D’une manière générale, nous avons peu de recul sur la plupart des solutions utilisées, ce qui ne nous permet pas de conclure sur l’efficacité ou la répétabilité de l’efficacité des produits testés », prévient l’intervenante. Concernant les essais sur fleurs et rameaux d’abricotiers, seul le produit Curatio présente un intérêt certain, en particulier en traitement stop. Les expérimentations sur les pêchers en verger ont, quant à elles, démontré que plusieurs produits avaient une efficacité « partielle » : Julietta et Armicarb sont les plus réguliers ; Noli, Akivi, Bestcure, Amylo-x, Rhapsody et un produit en cours d’homologation sont à confirmer. Enfin, l’approche sur les fruits en post-récolte laisse entrevoir des pistes prometteuses, autour notamment du Lalfreshs, en attente d’homologation ou de dérogation. 
« Il reste un gros travail à faire en terme de screening, puis de comparaison, ou de combinaison avec la thermothérapie à l’eau chaude, avance Valérie Gallia. Pour aller plus loin, des essais « stratégies », combinant fongicides et produits de biocontrôle / solutions alternatives, sont en cours. L’intérêt est d’alterner les modes d’action et de limiter les résidus sur fruits. Cependant, les résultats sont rarement significatifs d’un point de vue statistique », conclut-elle. Pour compléter ces travaux, d’autres pistes demandent encore à être éclaircies : eau électrolysée, traitements UV, etc.

Amandine Priolet

PNPP / Biostimulants : des modes d’action à éclaircir

Le CTIFL s’intéresse de près aux apports de produits de biocontrôle, des préparations naturelles peu préoccupantes (PNPP) et des biostimulants (produit qui stimule les processus de nutrition des végétaux) pouvant s’intégrer dans les stratégies de protection, contre la tavelure du pommier par exemple. Cependant, les connaissances quant à ces substances naturelles sont encore limitées : « Beaucoup de questions se posent sur les travaux sur les PNPP et biostimulants, notamment par rapport aux différences d’efficacité entre le laboratoire et le verger », souligne Anne Duval-Chaboussou, ingénieure CTIFL, spécialisée en protection des cultures. Le cuivre, utilisé en vergers, pourrait créer une interaction négative avec certaines substances naturelles. « De plus, nous nous interrogeons sur le mode d’action précis de chacun des biostimulants et PNPP. Ont-ils un effet préventif ? curatif ? Jouent-ils le rôle de barrière fongifuge ? Ces points sont à éclaircir ». Par la suite, le CTIFL entend réaliser des stratégies d’essais : « nous cumulerons alors un certain nombre de PNPP et de biostimulants, avec ou sans cuivre, pour arriver à terme à avoir des solutions sans substances en difficultés sur la tavelure », conclut Anne Duval-Chaboussou.

A.P.