EDITO
Calamités sécheresse 2019 : le comité national fait fi du travail départemental !

Calamités sécheresse 2019 : le comité national fait fi du travail départemental !

« Depuis 2015, nous avons déjà connus 4 années de forte sécheresse. Pour 2020, les inquiétudes sont déjà présentes, avec des premières coupes très faibles et des sols secs en profondeur, malgré les récentes pluies. En 2019, à la suite de la sécheresse persistante qui a impacté les rendements en fourrages, une grande tournée d’enquête a été réalisée à la demande de la profession. Celle-ci a mobilisé les services de l’État, la Chambre d’agriculture et deux agriculteurs non concernés par la sécheresse durant 4 jours pour couvrir l’ensemble du département, auprès d’exploitant(e)s nous ayant accueillis pour nous faire part de leurs difficultés et de leurs pertes chiffrées. Des enquêtes « papier » ont été menées en parallèle portant le nombre total d’exploitations à 50, afin d’être représentatif de la diversité des productions et des territoires de notre département. Ce travail a conduit à un constat de perte en fourrage sur l’intégralité du département ardéchois, avec un taux de pertes retenu de 40 % sur la majorité du département, et un taux légèrement inférieur – à 35 % – sur une bande frontalière à la Haute-Loire. Ce sont ces deux zones qui ont été transmises au niveau national pour l’étude de notre dossier, mais ce travail n’a visiblement pas été pris en compte, malgré l’envoi d’un courrier par la préfecture pour l’appuyer. Le CNGRA (comité national de gestion des risques en agriculture) s’est finalement basé sur des relevés satellites, biaisés pour l’Ardèche, car non adaptés à des topographies de pentes et d’altitudes qui caractérisent en partie notre territoire… Aussi les parties à l’ouest et au nord du département ont été exclues, malgré notre opposition. On peut alors se poser la question de l’utilité de ces commissions d’enquête. D’une part pour ceux les ayant effectuées, avec le temps passé sur le terrain et le travail de synthèse. D’autre part pour les exploitant(e)s rencontré(e)s, qui ont le sentiment que la difficulté de leur situation n’est pas reconnue et qui se retrouvent par ailleurs sans solutions ni financières ni techniques. En effet, les difficultés d’approvisionnement conduisent à des achats de fourrage quand cela est possible, qui nécessitent des investissements souvent importants. Mais d’autres, ne pouvant investir, décapitalisent en vendant des bêtes en nombre, saturant les marchés, sans assurance de pouvoir reconstituer le troupeau l’année suivante… Aussi, se pose la question de la pérennité des exploitations ardéchoises sur certains secteurs. Les prévisions pour l’avenir s’orientent vers des étés plus secs avec de faibles pluviométries, où les premières coupes, même si elles sont correctes, risquent d’être consommées de plus en plus tôt en été, sans s’assurer de réserves suffisantes pour l’hiver si les secondes coupes ne sont pas au rendez-vous. Il est aussi indispensable de revoir notre modèle actuel. Le système des calamités agricoles doit être maintenu pour permettre de pallier temporairement le manque de trésorerie, mais doit être complété avec un système assurantiel et des solutions techniques adaptés. »

Bernard Habauzit,
Secrétaire général de la FDSEA, en charge du dossier « aléas climatiques »

Liste des communes ardéchoises éligibles au titre de calamités agricoles en 2019, à retrouver ici.