BOVINS VIANDE
Logettes sur caillebotis pour des charolaises

BOVINS VIANDE / A Charmoy, la famille Comeau a opté pour des logettes sur caillebotis pour loger des charolaises. Construction certes coûteuse et qui mérite d’être bien pensée, mais cette option peut se révéler comme l’une des plus économes en paille.

Logettes sur caillebotis pour des charolaises
Le nouveau bâtiment compte 78 logettes sur caillebotis pour 78 places de cornadis.

Le Gaec Comeau de Charmoy compte deux associés pour 150 vêlages charolais. Romain Comeau s’est associé à ses parents en 2007 en reprenant une exploitation à une quinzaine de kilomètres du site familial. Sur la ferme de Charmoy, une extension de bâtiment de 48 mètres avait été construite pour 55 vaches à veaux sur aire paillée. Au fil des années, l’étable entravée conservée ainsi que les 34 places de laitonnes ont fini par être « complètement usées », confient Romain et Rémy. La création d’un nouveau bâtiment s’imposait.

Pour les associés, une chose était sûre : « Il fallait reloger les animaux sans augmenter la consommation de paille ». Cette contrainte excluait de fait une aire paillée sur litière accumulée. Située en plein hameau, un raclage n’était pas envisageable non plus car il aurait fallu construire une fumière couverte ce que ne voulaient pas les intéressés. La famille Comeau avait déjà une expérience des logettes car sur le second site du Gaec, Romain avait transformé un vieux bâtiment en y installant des logettes et une aire raclée. Pour concevoir le nouveau bâtiment, Romain confie s’être beaucoup documenté sur internet où, bien qu’elles soient essentiellement laitières, les références en la matière ne manquent pas. Romain et Rémy se sont aussi beaucoup inspirés des retours d’autres agriculteurs ayant tenté les logettes en élevage allaitant. Ce qui leur a permis d’éviter des écueils.

Autant de logettes que de places de cornadis

Greffée sur le bâtiment de 2007, avec lequel elle partage le couloir d’alimentation, la nouvelle construction a été conçue pour accueillir 78 vaches à veaux. Elle abrite quatre cases d’une vingtaine de vaches chacune (de 16 à 22) donnant d’un côté sur les cornadis et de l’autre sur une rangée de cases à veaux.

Les logettes bétonnées sont agencées en tête à tête sur deux rangées. Elles sont desservies par des aires d’exercices et des couloirs sur caillebotis qui avancent jusqu’au pied des cornadis. Dans chaque case, le nombre de logettes correspond au nombre de place de cornadis. Les éleveurs expliquent que c’était un peu une obligation en élevage allaitant, car contrairement à des laitières, les charolaises ont tendance à manger toutes en même temps puis à se coucher en cœur.

Format, pente, hauteur…

Les logettes étant conçues principalement pour des formats de vaches laitières, la famille Comeau a opté pour les plus grandes proposées par le fabriquant : 1,25 m de large par 2,25 m de longueur. « La pente du sol des logettes doit être suffisante pour un bon écoulement », informent Romain et Rémy. Un point important lorsqu’un veau venu téter sa mère urine sur le béton de la logette. La marche d’accès à la logette doit être à la bonne hauteur, ajoutent les éleveurs. Trop basse, les vaches risquent de se coucher à cheval sur le bord. Trop haute, elles sont moins pratiques pour les animaux. Au début de l’hiver, les éleveurs épandent un peu de sciure sur le sol des logettes pour « habituer les vaches ». Par la suite, l’entretien se résume à un raclage quotidien des logettes à la main, « d’une vingtaine de bouses seulement pour tout le bâtiment », précisent Romain et Rémy.

Moins de 200 kg de paille par jour…

La recherche d’économie de paille a un coût. 90 000 €, « non subventionnables », ont été nécessaires rien que pour construire la fosse équipée de son mixeur et de ses caillebotis, terrassement inclus et avec pas mal d’auto-construction. Les sols sur caillebotis surmontent une fosse de 1,5 m de profondeur d’une capacité d’environ 5 mois et demie de stockage. Le brassage est automatisé. Après un premier hiver de fonctionnement, le nouveau bâtiment s’avère satisfaisant pour la famille Comeau. Pour la consommation de paille, les promesses sont largement tenues puisqu’il faut moins de 200 kg de paille par jour pour le nouveau bâtiment à logettes, « même lorsque tous les veaux sont nés », fait valoir Romain. Le besoin en paille est de zéro en début d’hiver ! « A 3 780 € la place de vache suitée hors subvention, c’est un peu cher », conviennent les intéressés. Mais avec une paille à 75 €/tonne et en décomptant 25 € d’engrais économisé grâce à cette paille, le surcoût des logettes représente le même montant à rembourser que les frais de paille d’une stabulation en litière accumulée, avec un remboursement au bout de 14 ans, calcule Romain. Sans oublier le coût de l’épandage du fumier et du paillage.

Cases à veaux bien situées et confortables

Libres de rejoindre leurs mères pour téter, les veaux ont à leur disposition de vastes et confortables cases paillées complétées de onze cases de vêlage/adoption. C’est l’une des particularités de la conduite d’élevage du Gaec Comeau : inséminées et échographiées, les vaches sont allotées en fonction des dates de vêlage et chaque jour, l’éleveur surveille les températures pour isoler les vaches prêtes à vêler dans les cases de vêlage. Précaution supplémentaire, la rangée de cases à veaux ne va pas jusqu’au mur latéral du bâtiment. Un large couloir de service éloigne les cases du bord de la stabulation. Au-delà de l’aspect pratique pour accéder aux veaux et aux vêlages, cette distance évite que les petits veaux ne subissent le courant d’air issu des bardages latéraux, explique Romain.