Lundi 16 janvier, les producteurs de cerises ont manifesté à Tournon-sur-Rhône. Leur objectif : interpeler le ministre de l'Agriculture et obtenir une solution efficace face au principal ravageur de ce fruit.

Les producteurs de cerises dans la rue

« SOS Cerises », « N'importons pas l'agriculture dont nous ne voulons pas ! », « Papy a planté, papa aussi et moi je dois arracher »... Lundi 16 janvier, une cinquantaine de tracteurs et 200 agriculteurs ont répondu à l’appel à mobiliser de la FDSEA et JA de l’Ardèche à Tournon-sur-Rhône pour dénoncer l'impasse dans laquelle se trouvent les producteurs de cerises. Dans les rangs des manifestants, on comptait aussi des producteurs de l’Isère, de la Loire, du Rhône, de la Drôme, et du Vaucluse. Laissés sans solution face à la Drosophila Suzukii, nombre d'entre eux craignent de devoir arracher leurs vergers faute de rentabilité. Symbole de cette inquiétude grandissante, les arboriculteurs ont déposé des cerisiers déracinés devant la sous-préfecture.

800 hectares menacés en Ardèche

En Ardèche, 800 hectares de vergers seraient menacés, d'après la FDSEA et les JA. Rencontres d'élus, envois de courriers, interpellations du ministre... Depuis deux ans, les deux syndicats ardéchois essaient de faire entendre qu'un drame risque d'arriver avec le retrait du Phosmet... En vain. Entrée en vigueur en France au mois de novembre, cette interdiction risque d'avoir de graves conséquences pour la production française de cerises dès cette année. « C'est un fruit emblématique du territoire mais surtout une production structurante en termes d'économie et d'emploi », a souligné Benoît Claret, président de la chambre d'agriculture de l'Ardèche, lors de la mobilisation.

Réactions en chaîne pour la filière

Si au niveau national, le poids de la cerise est limité, cette production représente un enjeu majeur pour de nombreux territoires, tels que la région de Bessenay dans le Rhône. À lui seul, ce secteur produit autant de cerises que toute l'Ardèche (10 % de la production nationale) et l'économie tourne autour de ce fruit. Pour représenter cette logique de filière, l'un des deux expéditeurs locaux avait fait le déplacement à Tournon, lundi 16 janvier. Avec le retrait du Phosmet, c'est la qualité mais surtout la disponibilité du produit qui inquiète Mathilde Chambe, arrière-petite-fille du fondateur et co-gérante de Chambe Agri-Fruits : « On travaille presque exclusivement avec les cerises et on dépend à 100 % de la production locale. » Au total, 2000 tonnes de cerises sont conditionnées et vendues chaque année par l'entreprise.

« Rendez-vous au ministère »

«  Comme le gouvernement l'a déjà fait, il faut des dérogations d'accompagnement de la filière cerise jusqu'à ce qu'il y ait une solution alternative », a clamé Jérôme Volle, vice-président de la FNSEA. Face à lui, les manifestants acquiescent : « S'il y a de la recherche, pourquoi ne pas maintenir les vergers le temps de trouver les solutions ? », s'interroge un arboriculteur. « S'ils ont disparu d'ici là, ça ne servira à rien ! », ajoute un autre. 

D'ailleurs, comme le rappelle Christel Cesana, présidente de la FDSEA de l'Ardèche, un contrat de solution a été signé entre exploitants et ministère : « Il dit qu'il n'y aura pas d'interdiction sans solution ! » Martèle la présidente. « Lorsque l'on signe un contrat, les deux parties doivent respecter leur engagement... Rendez-vous au ministère », conclut-elle sous les applaudissements. Un rendez-vous que les manifestants ont effectivement obtenu dans l'après-midi, sans qu'une date précise ne soit pour l'instant fixée. « C'est un pas dans la bonne direction », réagit Nathalie Soboul, présidente des Jeunes agriculteurs de l'Ardèche. « Mais il ne va pas falloir attendre que les cerisiers soient en fleurs... Le temps presse ! »

PDD