COOPÉRATIVE
Natura’pro : « Remettre l’activité agricole au cœur du groupe »

Propos recueillis par Marin du Couëdic
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En 2021, Natura’pro a tiré profit de son activité Gamm Vert pour présenter un bilan financier positif. L’activité agricole, qui a connu une baisse des ventes sur le territoire, est au cœur de la nouvelle stratégie du groupe. Le point avec le président Christophe Devos et le directeur-général Mathieu Staub.

Natura’pro : « Remettre l’activité agricole au cœur du groupe »
Un nouveau logo a été dévoilé lors de l’assemblée générale de Natura’pro le 11 janvier 2022.

Deux ans après la mise en place d’un plan de restructuration, quelle est la situation financière de la coopérative ?

Mathieu Staub : « À fin juin 2021, le groupe Natura’pro clôt son exercice avec un chiffre d’affaires de 84M€ et un résultat net positif de 2,2M€. Ce bon résultat provient avant tout du développement de plus de 16 % de l’activité Gamm Vert (25 magasins en Drôme-Ardèche, ndlr), avec un chiffre d’affaires qui est passé de 39M€ en 2020 à 45M€ en 2021 et un réseau qui a progressé plus que la moyenne nationale et la moyenne régionale. Très clairement, le métier de la jardinerie a profité et profite toujours du contexte sanitaire. L’activité agricole a pour sa part connu un exercice avec de fortes restructurations et une baisse des ventes sur le territoire. Elle représente 30M€ en 2021, le reste du chiffre d’affaires étant réalisé par le pôle irrigation-motoculture (6M€) et la partie énergie (3,7M€). Finalement, ce sont des résultats économiques encourageants, qui se poursuivaient fin décembre et permettent d’envisager les années 2022 et 2023 dans la sérénité. »

Quel bilan pour la campagne de collecte et le pôle agricole en général ? 

M.S : « Nous avons collecté 18 400 tonnes de céréales l’été dernier, dont 2 000 tonnes de bio. C’est un chiffre en amélioration, alors que nous perdions des volumes depuis 2018, même si cela reste une petite collecte. Nous faisons un peu plus de 22 % de parts de marché sur un tonnage total estimé à 70 000 tonnes en Drôme-Ardèche. Nous pourrions faire mieux. La collecte représente un peu moins de 4M€ du chiffre d’affaires de Natura’pro. Le reste de l’activité agricole, soit l’approvisionnement (engrais, produits de santé végétale, phytosanitaires, semences, agroéquipement, ndlr), c’est 18 M d’euros. »

Christophe Devos : « Sur l’exercice 2021, autant nous avons gagné 16 % de chiffre d’affaires en Gamm Vert, autant nous avons perdu le même chiffre sur nos activités agricoles. C’est dû en partie à des événements climatiques, le gel et la grêle en l’occurrence, qui ont réduit les dépenses des agriculteurs mais aussi et surtout au fait que Natura’pro a connu le départ de nombreux collaborateurs sur le terrain, où nous sommes moins présents et moins performants. Aujourd’hui, l’objectif des agriculteurs-administrateurs, qui ne sont en aucun cas des financiers de la grande distribution ou de la jardinerie, c’est de redévelopper ce pôle agricole qui a souffert l’an dernier en mettant un place un nouveau projet d’entreprise. »

En quoi consiste ce nouveau projet d’entreprise ? 

M.S : « Nous l’avons baptisé Vision 2023. Comme son nom l’indique, c’est un projet sur le temps court pour lequel nous avons ouvert un certain nombre de chantiers très concrets. L’objectif, c’est de remettre l’activité agricole au cœur du groupe. Redevenir des partenaires indispensables pour nos agriculteurs adhérents, qu’ils soient céréaliers, viticulteurs, arboriculteurs, éleveurs, sur des grandes ou des petites exploitations. Pour cela, nous souhaitons faire revivre notre ADN coopératif en se servant de notre bonne connaissance du territoire. Ce projet vise à apporter de la valeur ajoutée aux agriculteurs par de l’accompagnement technique, la création de nouvelles filières et la diversification des revenus. Il s’appuie également sur l’accompagnant des jeunes installés et sur la transition vers des pratiques en lien avec agroécologie. Enfin, nous souhaitons développer une nouvelle politique logistique et commerciale qui doit nous permettre de gagner en réactivité sur le terrain et dans nos magasins. »

Un mot sur les autres activités de Natura’pro ? 

M.S : « Le pôle motoculture continue sa croissance à deux chiffres, avec un développement de 25 % en 2021. Nous avons doublé le chiffre d’affaires de cette activité en 5 ans et avons des objectifs de croissance de 40 % en 2022. Concernant le pôle irrigation, c’est une activité stratégique pour le groupe Natura’pro, bien qu’il ne soit aujourd’hui pas rentable. Nous sommes sur un territoire où la gestion de l’eau est primordiale et il n’est pas envisageable pour les agriculteurs administrateurs d’avoir un groupe coopératif sans cette activité. Quant à l’activité énergie, qui a généré 3,6 millions d’euros sur le dernier exercice, elle a été cédée à la société Charvet en juin 2021. Les adhérents de Natura’pro bénéficient de prix avantageux pour leurs commandes de GNR à cette société. L’énergie a été une partie de l’histoire du groupe Natura’pro, qui est désormais finie. »

Où en sont les pistes de rapprochement évoqués avec d’autres coopératives ? 

M.S : « Il y a eu deux projets de rapprochement sur les 12 derniers mois. Un premier projet avec la coopérative Eurea pour lequel il est apparu qu’il n’y avait pas d’intérêt économique au bout de plusieurs mois de travaux. Le projet a été arrêté d’un commun accord. Le second rapprochement concerne la coopérative Valsoleil, basée à Montélier (Drôme). Il s’est arrêté rapidement car nous avons constaté qu’il y avait peu de synergie sur nos activités dans le cadre d’une fusion. Valsoleil fait 55 % de son chiffre d’affaires en production animale, une activité dont la part est relativement faible au sein de Natura’pro. Cela a été une limite au projet. Pour autant, nous avons commercialisé toutes nos céréales lors de la dernière campagne avec la Drômoise de céréales, très proche de Valsoleil. Si ces projets n’ont pas abouti, nous ne vivons pas en vase clos. Tout ce que nous pourrons trouver comme synergie dans notre environnement, en agronomie par exemple, nous le ferons à partir du moment où c’est dans l’intérêt de l’agriculteur. »

C.D : « Je tiens à préciser que si nous avons arrêté ces projets de rapprochement et de fusion, c’est parce que nous avons un objectif commun avec les présidents d’Eurea et de Valsoleil : nous sommes là pour représenter les associés coopérateurs et pour défendre leur revenu. Les intérêts des adhérents sont au cœur des préoccupations de chaque coopérative. »

ORGANISATION / Un nouveau directeur général

Arrivé à Natura’pro en juin 2021, Mathieu Staub a été nommé directeur général du groupe coopératif début octobre. Agé de 47 ans, ingénieur agronome de formation, il a débuté sa carrière en tant que technico-commercial avant de rejoindre le Groupe Roullier, spécialisé dans la production d’engrais, d’abord en France (Saint-Malo) puis pour prendre la responsabilité des filiales au Danemark puis en Suisse. Mathieu Staub est ensuite passé par les coopératives agricoles La Cavac (Vendée) et Terre d’Alliances (Ain) avant de rejoindre le groupe Natura’pro.

MARQUE / Un logo pour mettre en lumière les agriculteurs coopérateurs 

Plus vert, plus moderne, un nouveau logo a été dévoilé lors de l’assemblée générale de Natura’pro le 11 janvier 2022. Avec sa signature « Agriculteurs par nature », le groupe coopératif souhaite montrer sa volonté de remettre ses adhérents au cœur de sa stratégie. Le passage à quatre couleurs, à dominante verte, témoigne de la volonté d’accompagner la transition vers l’agroécologie face au changement climatique.

Photo Christophe Devos
Christophe Devos, président de Natura'pro.
Photo Mathieu Staub 2
Mathieu Staub, directeur général de Natura'pro.