AGRIVOLTAÏSME
Le photovoltaïque, nouvel allié de l’agriculture ardéchoise ?

Mylène Coste
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La Chambre d’agriculture de l’Ardèche a renouvellé fin février un partenariat avec La Compagnie énergies et territoires (Lceet) pour implanter des panneaux photovoltaïques sur des cultures de manière expérimentale. Les panneaux devront servir de protection des cultures face aux aléas climatiques.

Le photovoltaïque, nouvel allié de l’agriculture ardéchoise ?
Régis Perier, responsable du service Espaces, territoires, environnement à la Chambre d’agriculture, Bernard Habauzit, élu à la Chambre en charge de la préservation du foncier agricole et délégué Sefra, Yves Queromain, directeur général de Lceet, Jean Rapenne, directeur de projet (secteur Ardèche)

Cela fait des années déjà que la Chambre d’agriculture de l’Ardèche accompagne les agriculteurs dans leurs projets de bâtiments photovoltaïques agricoles. C’est désormais sur « l’agrivoltaïsme » qu’elle se penche aujourd’hui, afin d'évaluer l'intérêt pour l'agriculture des projets de panneaux photovoltaïques sur des serres ou des cultures et ainsi les protéger contre les aléas climatiques. Un projet expérimental est lancé, en lien avec la société Lceet, et qui s’inscrit dans le cadre des contrats de transition écologique (CTE) du Département. 

« L’agrivoltaïsme s’est beaucoup développé dans la région Paca ou les Pyrénées orientales, mais sans réel recul ni références technico-économiques, estime Régis Perier, responsable du service Espaces, territoires, environnement à la Chambre d’agriculture. Parfois, ces expériences ont conduit à l’échec, avec une chute des rendements pour les cultures - du fait d’un excès d’ombrage par exemple -. Certains projets n’ont pas suffisamment pris en compte les objectifs de performance agricole, et c’est ce que nous voulons éviter. » En ce sens, un groupe régional de partages d’expérience sur le sujet s’est constitué au sein de la Sefra (station expérimentale régionale fruits ).

Engager l’agriculteur sur du long terme

Le partenariat avec Lceet vise donc à implanter des panneaux photovoltaïques sur des cultures fruitières, vignes, petits fruits, de manière expérimentale. Ces cultures peuvent avoir besoin de protection physique contre les aléas climatiques (grêle, excès de pluie, ensoleillement, ...) . Les panneaux photovoltaïques peuvent ils apporter une solution gagnant gagnant? « Nous lançons un appel aux agriculteurs qui seraient intéressés, sur la base de contrat d’un engagement à long terme, précise Régis Perier. L’idée est d’engager des exploitants sur 4 à 5 ha expérimentaux maximum , pas sur toute l’exploitation. Il poursuit : Le but est bien de combiner production d’énergie et production agricole, et que l’un ne se fasse pas au détriment de l’autre. C’est pourquoi nous avons inclus une clause de réversibilité dans les contrats, qui permet à un agriculteur de rompre son engagement au bout de 5 ans si les objectifs productifs ne sont pas atteints. »

Ces projets d’agrivoltaïsme prendront forme via le montage de micro-société intégrant l’agriculteur, Lceet, et le cas échéant le propriétaire du terrain, voire également d’autres acteurs locaux (mairie, comcom...).

Plusieurs types de structures photovoltaïques

Deux types d’aménagement photovoltaïque sont proposés par Lceet. Première option : des panneaux automatisés, pivotant au cours de la journée et de la saison en fonction des données météo et des besoins en lumière des cultures. Autre option : des panneaux coulissants que l’on peut rétracter à tout moment. Dans les deux cas, il est prévu d’installer des filets de protection complémentaire (anti grêle ou insect-proof par exemple).

En lien avec le CTIFL et l’IFV, le but est bien de réaliser un suivi des impacts des panneaux sur la production agricole (comparaison parcelle couverte et non couverte) : Y-a-t-il des impacts sur les rendements ? la qualité? La gestion quotidienne de la parcelle est-elle perturbée ( traitements , récoltes, etc.) ? S’il y a des pertes de rendements, sont-elles compensées, par exemple en termes de protection contre la grêle ?

Affaire à suivre…

M.C.

Photovoltaïque au sol : c’est non !
« Le photovoltaïque doit être au service de l’agriculture, pas un concurrent ! » plaide Bernard Habauzit, élu à la Chambre d'agriculture de l'Ardèche.

Photovoltaïque au sol : c’est non !

L’agrivoltaïsme, c’est oui. Mais pas question pour l’agriculture de céder des terres à la production d’électricité, au détriment de la production agricole. « Nous sommes fermement opposés au photovoltaïque au sol, insiste Bernard Habauzit, élu à la Chambre d’agriculture de l’Ardèche. Les terres agricoles ne doivent pas être détournées de leur destination première qui est la production agricole. La souveraineté alimentaire est la priorité. Le photovoltaïque doit être au service de l’agriculture, pas un concurrent ! Nous appelons les élus – maires, conseillers départementaux et régionaux - à nous soutenir dans cette ligne de conduite. »