GEL
Un mois après le gel, les agriculteurs s’impatientent

Mylène Coste
-

Un mois après le violent épisode de gel qui a frappé l’Ardèche, JA Ardèche et la FDSEA ont convié le Préfet de l’Ardèche sur une exploitation fruitière à La Voulte. Le message était clair : si des réponses concrètes ne sont pas apportées rapidement, le ton pourrait monter d’un cran.

Un mois après le gel, les agriculteurs s’impatientent
Le Préfet de l’Ardèche Thierry Devimeux a affirmé vouloir « éviter les retards de versement des aides et les écueils que les agriculteurs ont pu subir l’an dernier. » Ici, aux côtés de Benoit Breysse, président de JA 07, Benoit Claret et Bernard Habauzit, président et vice-président de la Chambre d'agriculture, et Christel Cesana, présidente de la FDSEA.

Un mois après les nuits de gel qui ont violemment frappé les cultures viticoles et arboricoles ardéchoises, le bilan est lourd (lire ci-après) : « On avoisine les 100 % de pertes en fruits à noyaux, jusqu’à 70 % en viticulture sur certains secteurs, sans compter le risque de pertes de fond, avec la crainte de dégâts irréversibles sur les vergers et les vignes », alerte Christel Cesana président de la FDSEA. Le Préfet a pu constater par lui-même les dégâts sur l’exploitation fruitière de Christophe Louis, à La Voulte : « Sur un potentiel de 600 t de fruits, je devrais récolter 20 t, toutes espèces confondues. Mais même sans production, on doit continuer à payer les charges courantes. C’est intenable, il nous faut des aides rapidement ! » 

Des aides, vite !

« Après un mois, nous n’avons toujours pas de réponse claire sur ce qui nous attend, s’impatiente Benoit Breysse, président de JA Ardèche. Dans les fermes, on commence à s’énerver. La situation est d’autant plus pressante pour les jeunes qui viennent de s’installer, qui ont dû investir. Il nous faut des réponses, vite ! » Christel Cesana d’insiter : « Nous sommes dans une démarche de dialogue, de construction. Nous préférons tous que des solutions soient trouvées sans avoir besoin de déverser du fumier devant la Préfecture ! » 

Président de la FDPF1 de l’Ardèche, Aurélien Soubeyrand ajoute : « Ces pertes ont aussi un impact sur l’aval de nos filières, sur nos coopératives et entreprises, mais aussi sur toute l’économie locale : les récoltes, ce sont chaque année des centaines de saisonniers qui font vivre les restaurants et les campings de nos villages ! » Une inquiétude partagée par Jean-François Laville, président de la section viticole de la FDSEA : « Ce drame va aussi toucher nos coopératives, Cuma, groupements d’employeurs… Si une grande partie des viticulteurs sont assurés, on sait que l’assurance ne leur apportera pas grand-chose compte tenu du passif détérioré par plusieurs années de calamités agricoles ! »

Benoit Claret, président de la Chambre d’agriculture, pointait à son tour certaines failles dans les mesures annoncées. « Le dispositif des calamités agricoles, et notamment le taux de spécialisation, ne plaide pas en faveur de nos exploitations diversifiées. Malgré toutes ces limites, nous sommes bel et bien au travail. »

« Pas de saupoudrage »

Si la réponse doit être rapide, elle doit aussi être à la hauteur des dégâts : « 1 000 €/ha ne serviront à rien, avertit Olivier Fraisse, secrétaire général adjoint de la FDSEA. Nous ne voulons pas de saupoudrage ! »

Aussi des demandes claires ont été formulées : une année blanche, et non pas un report, pour les cotisations sociales, un relèvement des seuils d’indemnisation des pertes au-delà des 40 % annoncées par le Gouvernement, un chômage partiel pris en charge à 100 % (et non à 60 % du salaire), un accompagnement pour maintenir l’emploi dans les exploitations (mise en place de formations…), le report des annuités bancaires sur 5 ans et sans frais, notamment.

Mylène Coste

1.       Fédération départementale des producteurs de fruits.

Vigilance sur la francisation des fruits !

Conséquence des dégâts du gel, les fruits français vont se faire plus rares, cet été, sur les étals. Dans ce contexte, les syndicats JA et FDSEA disent craindre des tentations de fraudes et de « francisation » de fruits venus de l’étranger. Ils ont appelé les services de l’État à redoubler de vigilance lors des contrôles pour éviter ces comportements.

Un lourd bilan pour l’Ardèche

100 % de pertes en kiwis, abricots, pêches, cerises, et prunes

50 % en pommes et poires

20 à 70 % de pertes en viticulture

100 % de dégâts déclarés sur amandes et grenades

Des milliers d’exploitations touchées :

1320 exploitations produisent des fruits à noyaux (abricot, pêche, cerise, prune)

427 exploitations produisent des fruits à pépins (kiwi, poire, pomme)

1305 exploitations cultivent des vignes