PRÉDATION
Loups : le comptage fait hurler les éleveurs

Mylène Coste
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PRÉDATION / Le préfet référent national sur la politique du loup, Jean-Paul Celet, a rencontré les représentants des éleveurs, le 6 août à Aleyrac (Drôme). Ceux-ci ont fait part de leurs difficultés face à la prédation de leurs troupeaux et interpellé le haut fonctionnaire sur le comptage officiel des loups.

Loups : le comptage fait hurler les éleveurs
Le 6 août près du col d’Aleyrac, autour de Frédéric Gontard (président de la FDO Drôme) et Claude Font (secrétaire général de la FNO), et en présence notamment de fonctionnaires et d’élus, les représentants des éleveurs ont expliqué à Jean-Paul Celet (préfet référent national sur la politique du loup) leurs préoccupations et difficultés alors que la prédation lupine ne fait que croître

On nous ment sur la population de loups. Ce ne sont pas 580 spécimens qu’il y a en France mais peut-être 2000 ». Didier Beynet, élu de la Chambre d’agriculture de la Drôme et éleveur ovin à Saint-Nazaire-le-Désert, donne le ton. Face à Jean-Paul Celet, préfet référent national sur la politique du loup, il demande que « soient levés les freins du prélèvement » pour garantir le maintien du pastoralisme. La vingtaine de représentants des éleveurs, réunis le 6 août près du col   d’Aleyrac, n’en démordent pas. Pour Grégory Chardon, président de la FDSEA de la Drôme, « la situation est incontrôlable car le loup est présent plus que de  raison. »


« Il faut que l’on objective »

« Je suis là pour tout entendre, a répondu Jean-Paul Celet. Il faut que l’on objective. Au risque de vous choquer, peu importe le nombre de loups. Ce qui compte,  c’est le niveau de la prédation qu’il faut faire baisser. » Et d’ajouter : « J’ai confiance dans les administrations et agences de l’État mais cela n’exclut pas le contrôle ».
Le président de la FDO de la Drôme, Frédéric Gontard, fait remarquer que la prédation ne cesse de croître : « + 40 % par rapport à 2019, et + 20 % entre 2018 et 2019. Et on nous dit qu’il n’y a pas plus de loups ! » Il ajoute : « 39 loups ont été tués à ce jour (au 6 août - ndlr) contre 57 l’an dernier. L’administration freine les prélèvements pour ne pas arriver au quota ». Le préfet explique : « L’an dernier, 98 loups ont été tués mais pas de manière ordonnée sur l’année. En 2020, on veut avoir la capacité à protéger les troupeaux au moment où la prédation est la plus élevée, c’est à dire au second semestre. » Ainsi, 70 loups restaient à prélever début août, « du jamais vu » selon le préfet référent.


« Aucun frein sur les tirs renforcés »

Face au désarroi des éleveurs, Jean-Paul Celet assure qu’« aucun frein n’a été donné à l’administration sur les tirs de défense renforcée dès lors que les mesures de protection sont en oeuvre. Il faut concentrer les moyens les plus efficaces aux endroits où la prédation est la plus forte. » Le président de l’association des éleveurs et bergers du Vercors, Alain Baudouin, estime que le décompte par l’administration des brebis tuées est sous-estimé, « car les procédures utilisées ne sont pas identiques d’un département à l’autre ». « On a demandé à tous les préfets un comptage en temps réel », précise le préfet référent national sur la politique du loup.
Par ailleurs, Frédéric Gontard témoigne de la difficulté à vivre une attaque de loups. « C’est un moment très difficile et l’on aimerait que les agents de l’Office français de la biodiversité (OFB), lorsqu’ils viennent constater, prennent davantage en compte la détresse des éleveurs. » Il se dit également « choqué » par la procédure.
Après le constat de l’OFB, la validation du dossier se fait en DDT, « organisme qui n’est pas sur le terrain de l’attaque », s’étonne-t-il.


Responsabilités de l’éleveur

Face à la multiplication des plaintes d’usagers de la montagne (randonneurs, vététistes…), notamment suite à des morsures par des chiens de protection, le préfet juge nécessaire « d’atténuer juridiquement les responsabilités de l’éleveur ». Des menaces et des pressions sur les éleveurs, il en a été encore question avec le protocole d’intégration des chiots dans les troupeaux, opération dénoncée par des associations de protection des animaux. « Des chiens ont même été enlevés et transférés dans des refuges », a-t-il été expliqué. « Des louvetiers ont été menacés de mort », a complété le préfet, fustigeant certaines associations de protection de l’environnement qu’il qualifie « d’activistes ».


Christophe Ledoux