MARCHÉ
Situation délicate pour la viande de chevreau

Mylène Coste
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MARCHÉ / Du fait de sa très forte saisonnalité, au niveau de la production comme au niveau de la consommation, la filière française de viande de chevreau a subi de plein fouet les conséquences de la crise sanitaire liée à la Covid-19.

Situation délicate pour la viande de chevreau
À court terme, les éleveurs caprins vont être confrontés à de grandes incertitudes sur le devenir de leurs cabris.

Dès la fin février, les opérateurs de la filière ont constaté que leurs débouchés traditionnels à l’export, sur l’Italie, le Portugal et l’Espagne, se fermaient. Quelques semaines plus tard, et à un mois des fêtes pascales, le confinement en France a également anéanti toute perspective sur le marché national. En pleine période de production, le risque était donc de voir les cabris immobilisés dans les fermes des engraisseurs, mais aussi, par répercussion en cascade, dans celles des naisseurs. Cette catastrophe à l’amont de la filière a été évitée grâce à l’engagement des trois principaux abatteurs français de chevreaux (Loeul et Piriot, Palmid’Or et Ets Ribot) qui ont convenu de poursuivre les abattages jusqu’au 15 mai.

Cependant, faute de débouchés, une part importante des volumes abattus ont dû être stockés en congélation, jusqu’à constituer un surstock d’environ 500 tonnes au niveau national. Cette viande de chevreau congelée s’avère aujourd’hui très difficile à écouler, sauf à accepter une dévalorisation vertigineuse, avec des prix de vente pouvant être divisés par 3 ou plus sur des marchés de dégagement. Les trois abatteurs nationaux, sont donc fortement déstabilisés et n’aperçoivent pas l’issue de cette crise. Outre les difficultés liées à la mévente, les surcoûts de congélation, la dévalorisation des stocks, ils craignent que le marché de la viande de chevreau soit durablement impacté par cette crise. Les semaines passent sans que de réelles solutions de désengorgement soient trouvées, et l’on peut s’inquiéter de la capacité des opérateurs à absorber de nouveaux volumes dans l’immédiat, en commençant par les chevreaux désaisonnés qui arriveront sur le marché dès le 15 septembre.


Réagir face à la crise

Cette crise conjoncturelle a révélé les faiblesses structurelles de la filière chevreaux. À moyen terme, les opérateurs devront s’interroger sur leur stratégie et probablement opérer un vrai tournant pour faire évoluer la filière, adapter ses produits et rechercher de nouveaux débouchés. À court terme, les éleveurs caprins vont être confrontés à de grandes incertitudes sur le devenir de leurs cabris. Les engraisseurs viendront-ils ramasser les petits chevreaux cet automne comme ils le faisaient chaque année ? Nul ne peut le prédire avec certitude. Pour contourner le problème, deux possibilités se dégagent, probablement pas applicables par tous les éleveurs, mais qui peuvent contribuer à apporter une solution, au moins temporaire, à l’engorgement de la filière.


La première option est d’engraisser au moins une partie de ses chevreaux à la ferme. Les chevreaux fermiers ne sont pas sur les mêmes marchés que les chevreaux de la filière longue. La période de confinement a montré que cette viande trouvait facilement sa clientèle. (Pour plus d’informations, vous pouvez vous connecter sur la page : http://www.aurafilieres. fr/engraisser-ses-chevreauxa- la-ferme/). La deuxième option est de faire naître moins de chevreaux, en profitant de la capacité des chèvres à se maintenir en lactation longue. C’est le moment d’anticiper sur les mises bas de début 2021 !

 

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