AVICULTURE
Jean-Philippe Nallet, élu à la tête de l’Apose

Producteur d’œufs en Isère, Jean-Philippe Nallet a été élu à la tête de l’Association des producteurs d’œufs du Sud-Est (Apose) en mars dernier, à la suite de Philippe Juven. Son objectif est de rassembler les éleveurs et de les défendre sur les problématiques qu’ils rencontrent, en particulier la salmonelle, le bien-être animal et la biosécurité.

Jean-Philippe Nallet, élu à la tête de l’Apose
Jean-Philippe Nallet est producteur d’œufs en Isère. Il est le nouveau président de l'Apose.

Jean-Philippe Nallet est très investi sur les enjeux de la filière, et notamment les évolutions demandées par les industriels. Il appelle à être vigilant et à « ne pas confondre attente sociétale et attente des consommateurs ». « Dans les années 1995-1996, la production d’œufs était composée de 6 % d’œufs alternatifs. Nous n’avons pas attendu les ONG pour passer à plus de 50 %. Le problème aujourd’hui, c’est qu’ils veulent aller plus vite que la musique. Si l’on ne fait pas attention, cela pourrait mettre en péril la production, car de nombreux éleveurs pourraient renoncer. Nous avons la chance en France d’être autosuffisants sur la production d’œufs. Il faut savoir que tous les pays qui ont abandonné le code 3 (comme l’Autriche, l’Allemagne et l’Angleterre) ne le sont plus. Dans un contexte de recherche de souveraineté alimentaire, il y a des réflexions à mener. » Le responsable invite les parties prenantes à prendre conscience des coûts de production. « Le code 2 ne peut pas être produit au prix de la cage », insiste-t-il. Jean-Philippe Nallet souhaite stopper l’hémorragie de producteurs. « Les industriels ont les moyens de développer la production. La Région Auvergne-Rhône-Alpes met des enveloppes. C’est bien parce qu’elle y croit ! » affirme l’éleveur.

Parcours

À Saint-Lattier, dans le Sud-Grésivaudan, chez les Nallet, l’élevage de poules pondeuses s’inscrit dans la tradition familiale. Installé en 2001, Jean-Philippe Nallet a repris l’exploitation de son père qui l’avait lui-même acquis de son propre père. « Pour moi, cela a toujours été une évidence de m’installer et d’avoir mes bâtiments. J’aime ce travail. J’aime suivre les animaux, les regarder évoluer. J’ai de l’envie pour réaliser la meilleure technique possible pour que la production soit elle aussi la meilleure possible », explique-t-il. Les décennies écoulées ont apporté leurs lots de changements à l’exploitation qui est composée d’un bâtiment de 121 000 poules pondeuses, d’un autre de 34 000 produisant des œufs catégorisés en code 3 (en cage en agriculture conventionnelle) et de 85 hectares de SAU cultivés en céréales. Jean-Philippe Nallet emploie un salarié et un intérimaire. L’installation de l’éleveur correspond aux attentes et besoins en code 3 exprimés par les industriels dans les années 2010-2012. Aujourd’hui, il souhaite transformer son bâtiment de 34 000 places en code 2 (élevage au sol). Mais l’investissement est onéreux. Très onéreux. Le montant des travaux s’élève à hauteur de 25 euros par poule. « Cette rénovation va me coûter plus cher que la création du bâtiment », déplore l’éleveur. « Je prévois de le faire parce qu’il est amorti. Mais il faut faire attention. La pression des ONG environnementales est telle qu’elle impose des changements d’importance aux élevages. Or, nous ne sommes pas des industriels mais des agriculteurs. Nous n’avons pas les mêmes marges et elles ne nous offrent pas la capacité d’amortir de lourds investissements tous les cinq ans. » Installé en intégration, c’est-à-dire engagé via un contrat à une entreprise qui lui fournit les poules et leur alimentation, il est rémunéré à l’œuf, commercialisable ou déclassé. Il reçoit les poules par bande alors qu’elles sont âgées de 16-17 semaines et les garde jusqu’à 75 semaines.

Isabelle Brenguier