CASTANÉICULTURE
La châtaigne d’Ardèche poursuit sa reconquête

Le syndicat de défense et le comité interprofessionnel de la châtaigne d’Ardèche (SDCA et Cica) tenaient leur assemblée générale le 13 juillet à Saint-Étienne-de-Boulogne.

La châtaigne d’Ardèche poursuit sa reconquête
Durant l'après-midi, les castanéiculteurs ont visité l'exploitation de Gaëtan Vernol, qui a pu bénéficier d'aides du plan châtaigne pour remettre en état une parcelle et replanter de jeunes châtaigniers

Ils étaient nombreux, jeunes et moins jeunes, à assister à l’AG du SDCA et du Cica... C’est bien là le signe de l’attractivité de la filière, qui poursuit sa dynamique. L’obtention de l’AOP, puis la mise en place du Plan châtaigneraie traditionnelle ont permis à la Châtaigne d’Ardèche de s’imposer comme une filière d’avenir. Mais elle doit faire face à d’importants défis, et en premier lieu celui du changement climatique, dont les effets ne feront que s’amplifier dans les années à venir.

Vers un « nouveau plan ambitieux »

« Avec le changement climatique, on n’a plus le potentiel de production qu’on avait il a 15 ans, confie Daniel Vernol, président du SDCA. Toutefois, les vergers reconquis ou plantés grâce au Plan régional châtaigneraie traditionnelle permettent de compenser ces pertes de productivité. Les volumes devraient se développer dans les années à venir avec l’entrée en production de jeunes châtaigniers. » Aujourd’hui, les rendements se situent autour de 1 à 1,4 t/ha.

Arrivant à échéance, le Plan châtaigneraie traditionnelle a été victime de son succès. « En 2022, on a eu deux fois plus de demandes que de crédits, poursuit Daniel Vernol. On a donc choisi de prioriser les créations de pistes collectives et chantiers de reconquête au détriment des pistes individuelles et des achats de matériel de récolte. » Les « recalés » peuvent se rassurer : un nouveau plan est dans les cartons, pour la période 2023-2027. « Il s’agira d’un plan ambitieux », assure Michel Grange, président du Cica.

Des défis sanitaires et culturaux

Outre le développement de la production, la filière entend relever bien d’autres défis. Parmi eux, l’évolution du matériel végétal est une priorité : « Nous sommes engagés aux côtés de l’Inrae dans la recherche de porte-greffes résistants à l’encre et adaptés à nos variétés traditionnelles, explique Hélina Deplaude, technicienne Châtaigne à la Chambre d’agriculture. Nous travaillons également sur la conservation et l’approfondissement des connaissances de nos 65 variétés ardéchoises. » L’évolution des pratiques culturales (techniques de taille, fertilité des sols, irrigation…), pour faire face aux nouveaux enjeux climatiques et sanitaires, figure également à l’agenda de la filière. 

Des marchés à conquérir

Si les tendances de consommation sont favorables à la châtaigne (produit sain, sans gluten, marque Ardèche…), la châtaigne fraîche semble peu à peu délaissée par les Français, et peine à se vendre en GMS. « La grande distribution exige de gros calibres, et considère trop souvent la châtaigne comme un fruit sec, débouchant sur des problèmes de conservation et de qualité, explique Michel Grange. Il nous faut inverser cette situation. » D’autre part, malgré des prix en hausse metteurs en marché et transformateurs souffrent du contexte d’inflation et de la hausse des coûts des matières premières (sucre, emballages, énergie…). Sur les marchés nationaux et internationaux, la châtaigne d’Ardèche doit aussi faire face à la concurrence de nouvelles régions productrices. Mais la filière semble bien se donner les moyens d’affronter tous ces défis !

Mylène Coste

2021 : une campagne en demi-teinte

On a d’abord cru à une saison exceptionnelle… Mais le brutal coup de froid de septembre, et les chutes de bogues qui en ont découlé, ont mis à mal les espoirs. Ça et là, les problèmes de germination et de septoriose ont également provoqué des pertes de production. Toutefois, les nouvelles plantations de ces dernières années compensent ces pertes, aboutissant à une récolte d’environ 4 400 tonnes, soit près de la moitié de la production nationale de châtaigne.

1,20 €

C’est le montant de la revalorisation du kilo de châtaigne depuis l’obtention de l’AOC, avec un passage de 0,76 €/kg en 2006 à 1,96 €/kg en 2021 !

Chiffres clés

361 producteurs en AOP dont 25 % transforment et/ou vendent leur récolte en direct

1 900 ha en AOP

1650 t produites en AOP

20 entreprises d’expédition

4 grosses entreprises de transformation

3 M€ d’investissements ont été permis par le Plan châtaigneraie traditionnelle entre 2017 et 2022

550 t de châtaignes supplémentaires depuis 2017