UNE EXPLOITATION PRÈS DE CHEZ VOUS
Le Domaine de La Clapouze, en phase avec son époque

Mylène Coste
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UNE EXPLOITATION PRÈS DE CHEZ VOUS / À la tête du Domaine de la Clapouze (Vallon Pont-d’Arc), Bernard Auriol est dépositaire d’un savoir-faire transmis de père en fils. Il a toutefois su faire évoluer l’exploitation, toujours avec un coup d’avance sur les attentes sociétales.

Le Domaine de La Clapouze, en phase avec son époque
Vigneron indépendant, Bernard Auriol a "prêté" ses mains au photographe Emmanuel Perrin. Elles font la couverture de l'ouvrage "Fascinante Ardèche"

Passionné, enthousiaste, et bien dans ses bottes : c’est ainsi que ceux qui connaissent Bernard Auriol vous le décriront. Ce vigneron indépendant est l’héritier d’une exploitation familiale créée en 1950 à Vallon Pont-d’Arc par son grand-père, et que ses parents avant lui ont fait grandir. « Je me suis installé en 1987, dans la Drôme, à cheval entre Tulette et Suze-la-Rousse. Á l’époque, la pression foncière était trop importante et il était impossible d’acquérir des terres à Vallon ! » En 1992, l’exploitation familiale et celle de la Drôme se regroupent pour former l’Earl Auriol & fils. Bernard Auriol en a pris la tête lors du départ en retraite de ses parents. « Cela exige beaucoup de trajets et de temps pour faire les aller-retour entre Ardèche et Drôme. Mais il y a aussi des avantages : s’il grêle ou gèle d’un côté, on peut compter sur la récolte de l’autre ! »

L’exploitation comprend aujourd’hui une quarantaine de vignes, principalement en Côtes du Rhône et vins de pays. « Je produis 600 à 700 hl/an dans la Drôme, que je livre à la cave coopérative de Costebelle, indique le vigneron. Côté Ardèche, ce sont environ 1000 hl que je transforme moi-même dans ma cave particulière. » Contrairement à son père coopérateur, Bernard Auriol a en effet opté pour la maîtrise de la vinification et de la commercialisation. « Une fierté ! J’ai démarré avec trois bouteilles, et j’ai aujourd’hui une quinzaine de cuvées en trois couleurs ! J’essaie de proposer des vins variés : vendanges tardives, blancs de pays, Vivarais en rouge et rosé, vins élevés en fût de chêne… » Plusieurs de ses cuvées lui ont d’ailleurs valu des médailles lors des concours généraux agricoles (CGA).

Le tourisme, une vraie chance et quelques inconvénients

Située en plein cœur de Vallon, et labellisé Bienvenue à la Ferme, le caveau attire sans peine les touristes, nombreux durant la saison estivale. Et la mère de Bernard, Josette Auriol, plus connue sous le doux nom de « Mamie rosé », aime les accueillir et partager sa bonne humeur. Au caveau, outre les vins, les visiteurs peuvent également s’offrir des fruits et légumes produits à la ferme (lire ci-dessous) et quelques autres produits ardéchois. « Si nous n’étions pas ici, nous ne vendrions sûrement pas autant, estime Bernard Auriol. Le tourisme est une chance. Il nuance : Le revers de la médaille, c’est que le travail devient de plus en plus difficile : les touristes, mais aussi les riverains, se plaignent du bruit des tracteurs, et on s’expose à des conflits dès qu’on sort un pulvérisateur, même si ce sont des traitements bio… »

« Être le plus vertueux possible »

Au fil des ans, Bernard Auriol a su remettre en cause ses pratiques : « À mon époque, on était formé au tout chimique. Aujourd’hui, j’essaie de diminuer mes doses de phyto et d’adopter des alternatives, même si je ne m’interdis pas le chimique. J’ai par exemple acheté une bineuse pour désherber, même si cela demande plus de temps et de coûts de main-d’œuvre. Je laisse aussi de l’enherbement en inter-rang, je désherbe uniquement sous le rang. On fait aussi des rotations avec la lavande pour laisser reposer les sols. » L’exploitation est également certifiée HVE 

Fier d’avoir pu faire évoluer la ferme familiale, aura-t-il transmis sa passion à ses fils ? « C’est encore trop tôt pour le dire. L’aîné, Maxime, semble avoir hérité de l’amour du vin puisqu’il s’est lancé dans des études d’œnologie. Quant au dernier, Gabriel, il est encore au lycée. »

Mylène Coste

Des tomates anciennes au goût de soleil

MARAÎCHAGE / Outre le vin, Bernard Auriol produit également des fruits et légumes pour la vente directe, et notamment des variétés anciennes de tomate cultivée en lutte biologique.

Viticulture, maraîchage, cave indépendante, accueil à la ferme... C’est à se demander où Bernard Auriol trouve le temps pour mener de front toutes ses activités ! « L’été, mes nuits sont très courtes », plaisante-t-il. Outre la production de vins, il cultive en effet 1 ha de fruits et légumes (tomates, melons, courgettes, aubergines, poivrons, et même quelques citrons et oranges) vendus en direct sur le magasin à la ferme. 

Ses tomates sont particulièrement plébiscitées par les visiteurs. « Je cultive des variétés anciennes comme la Noire de Crimée, la Cœur de bœuf ou encore la Corne des Andes. Je fais faire mes plants et récolte mes tomates chaque jour pour pouvoir les vendre directement, ultra-fraîches. » Ses tomates sont cultivées en lutte raisonnée : « Je recours aux lâchers d’insectes (Macrolophus, Encasia formosa…) pour lutter contre les pucerons et les thrips. C’est une technique exigeante car il faut lâcher au bon moment et être très présents pour observer les cultures. Je fais également des lâchers de bourdons pour la pollinisation. » Autant de techniques qui éveillent la curiosité des visiteurs et donne lieu à de nombreux échanges.

Bien que retraitée, Josette Auriol continue d’épauler son fils au caveau. Surnommée « Mamie Rosé » par les visiteurs les plus fidèles, elle partage avec eux sa passion du vin et sa bonne humeur.
Bien que retraitée, Josette Auriol continue d’épauler son fils au caveau. Surnommée « Mamie Rosé » par les visiteurs les plus fidèles, elle partage avec eux sa passion du vin et sa bonne humeur.