DÉGÂTS DE GEL
Vigilance et recommandations

A.L. et M.C.
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Tour d’horizon de l’état des cultures végétales touchées par le gel et des préconisations à suivre concernant leur entretien.

Vigilance et recommandations
Avant toute intervention, il faut attendre la reprise de la végétation.

La nuit du 7 au 8 mars a été marquée par un épisode de gel exceptionnellement froid et long en Ardèche, jusqu’à -7°C dans le nord du département, -4°C sur une partie de la Vallée du Rhône et -6°C en Sud Ardèche. Elle a été précédée et suivie de plusieurs nuits de gel moins intense. L'arboriculture et la viticulture ardéchoises ont été fortement touchées sur l’ensemble du département. En maraîchage et petits fruits, les dégâts constatés sont plus ponctuels. Les grandes cultures et les semences semblent ne pas avoir été impactées, mais la situation de certaines parcelles de colza qui était à un stade sensible lors des gelées inquiète. Pour les céréales, d’éventuels dégâts ne peuvent être visibles qu’une dizaine de jours après le gel. Les températures sont restées fraîches jusqu’en fin de semaine dernière, empêchant la reprise de la végétation. 

Viticulture

En Nord Ardèche, « les dégâts sont très hétérogènes et variables selon les parcelles viticoles et les secteurs. Certaines parcelles sont sorties indemnes du gel de printemps. Sur d’autres, 5 à 100 % de bourgeons ont été gelés », indique Amandine Fauriat, conseillère viticole Côtes du Rhône septentrionales à la Chambre d’agriculture de l’Ardèche. En conséquence, les bourgeons secondaires ou tertiaires seront moins fructifères, ce qui engendrera une baisse de rendements plus ou moins forte. « Les bourgeons touchés par le gel sont entièrement détruits, aucune intervention spécifique n’est donc nécessaire pour le moment sur ces parcelles. Un apport azoté sur les vignes n’est pas utile non plus. » Des préparations phytothérapiques peuvent éventuellement être appliquées, à base d’orties pour booster la vigne, ou d’achillée pour la déstresser. « Mais il est déconseillé d’utiliser des engrais ou des stimulants à base d’azote qui vont accentuer la repousse de manière excessive et risquent d’avoir un effet "buissonnant" et de trop rallonger les travaux de d’ébourgeonnage, insiste Amandine Fauriat. Il faut attendre la reprise de la vigne, voir ce qui est vivant et ce qui est mort, avant de faire quoi que ce soit. »

Dans le sud du département, les dégâts sont variables également et dépendent de la topographie des parcelles, précocité des cépages et période de taille. L'impact du gel serait plus conséquent sur les vignes en plaine que les vignes situées en altitude (coteaux ou plateaux). Là aussi, il est recommandé de ne pas intervenir avant le redémarrage de la végétation. Par la suite, il peut être intéressant d'effectuer un ébourgeonnage afin de limiter l'effet buissonnant et sélectionner les meilleurs rameaux pour assurer la taille de l'hiver prochain, indique le Bulletin de viticulture raisonnée et biologique publié par la Chambre d'agriculture.

Seuils de sensibilité de la vigne en fonction des stades phénologiques

Seuils de sensibilité de la vigne en fonction des stades phénologiques

Arboriculture

En arboriculture, les pertes estimées sont importantes : autour de 75 % en pomme, poire et kiwi, entre 80 et 100 % en cerise (excepté sur certains secteurs épargnés par le gel) et jusqu'a 100 % en abricot. En pêche, il est encore difficile de prononcer des estimations. Là où il reste des fruits, même 20 %, les itinéraires techniques habituels doivent se poursuivre, ainsi que l'irrigation face aux faibles précipitations actuelles, et les fumures être adaptées. Des travaux d'entretien importants seront necessaires sur la taille en vert. Il faudra veiller à l'état et la taille des rameaux situés au cœur de l'arbre, pour améliorer leur ensoleillement et éviter le développement de nécroses de bourgeons en 2022, ce qui permettra de favoriser le retour des fruits. En fin d'été, un traitement contre la rouille sera éventuellement nécessaire pour les abricotiers, dans le but de favoriser l'induction florale des arbres. En cerise, un traitement contre l'anthracnose en milieu de saison permettra de conserver un maximum de feuilles sur les arbres.

Castanéiculture

Le gel pourrait avoir dégradé les troncs sur de jeunes châtaigniers mais il est encore un peu tôt pour évaluer l’ampleur des dégâts, indique Héline Deplaude, conseillère Châtaignes et petits fruits à la Chambre. En cas de gel sur bourgeons, principalement observé sur les variétés Bétizac, aucune recommandation particulière n’est donnée pour les arbres adultes. « L'arbre va se développer sur la base de ses bourgeons de rattrapage, et une taille complémentaire sera éventuellement nécessaire soit dans 1 à 2 mois, soit l'hiver prochain si des branches très atteintes ont eu du mal à redémarrer », ajoute Hélina Deplaude. Sur les jeunes plantations, « il sera important de re-tailler les arbres sur des bourgeons vivants. Si certains bourgeons sont déjà visibles comme étant encore vivants, il est possible d'effectuer cette taille dès maintenant. Sinon, il est préférable d'attendre 2 à 3 semaines pour évaluer la hauteur de tige atteinte et tailler en dessous sur des bourgeons en bon état ».

Maraîchage

Les cultures maraîchères n’ont pas non plus été épargnées ; on recense des dégâts de Vernoux à Gravières, en passant par Privas, Aubenas ou Saint-Julien-le-Roux. « Selon les expositions et les équipements de protection, on observe quelques dégâts plus ou moins importants, indique Renaud Pradon, conseiller Maraîchage à la Chambre. Certaines cultures, y compris sous serre, ont été très touchées, notamment en légumes d’été. C’est toutefois sans commune mesure avec les pertes subies en viticulture et arboriculture. Il poursuit : Ceux qui étaient équipés de tunnel et de voiles de forçage P17 s’en sortent mieux. » Généralement, les légumes bulbes ou racines, à l’instar des pommes de terre, peuvent repartir suite à un épisode gélif. Ce n’est toutefois pas le cas pour les légumes d’été qui doivent être replantés.

Grandes cultures

Après les coups de chaleur fin mars et les épisodes de gel du 6 au 8 avril, l’institut technique Terres Inovia revient sur les craintes exprimées sur le colza. Certes ces gelées pourraient laisser des traces, mais ce sont bien les conséquences des difficultés de maîtrise d'insectes qui restent le plus à redouter (plus d'informations en page 19).

A.L. et M.C.

Météo France / Mise en place d’un bulletin spécial gel jusqu’au 30 avril

Depuis le 1er mars et jusqu’au 30 avril inclus, un bulletin spécial gel est disponible sur le répondeur de Météo France au 08 99 71 02 26 (choix *5), mis à jour quotidiennement vers 17 h. Il indique les conditions météo de la nuit à venir, les températures minimales prévues sous abri en différents points du département, et un aperçu des prévisions de températures sur les jours suivants.