DOSSIER
Bien-être animal : les filières d’élevage contre-attaquent

Pierre Garcia
-

REACTIONS / Depuis plusieurs années, les filières d’élevage sont confrontées à une offensive sans précédent des associations animalistes. Dans ce contexte inédit, de nouveaux outils de défense des éleveurs et d’amélioration du bien-être animal voient aujourd’hui le jour.

Bien-être animal : les filières d’élevage contre-attaquent
Un élevage de poules pondeuses dans lequel se sont introduits des militants de L214 en 2019. ©L214

Déjà éprouvés au quotidien, les éleveurs doivent désormais composer avec des associations animalistes déterminées. Régulièrement attaquée dans des vidéos clandestines ou des tribunes dans la presse, la filière avicole est l’une des cibles privilégiées de ces militants anti-élevage. « Les éleveurs en ont ras le bol de ces attaques permanentes, beaucoup sont aujourd’hui découragés ! Personne n’apprécie que son métier soit montré du doigt, or certaines associations ne sont là que pour nous descendre », tient à dénoncer Jean-Michel Schaeffer, président de la Confédération française de l’aviculture (CFA). Se refusant à une communication « à chaud », la filière a aujourd’hui adopté une tactique très simple : faire bloc derrière ses éleveurs et adopter une communication positive permettant de mettre en valeur la qualité des produits et les progrès déjà réalisés en matière de bien-être animal. Plusieurs chiffres tendent d’ailleurs à le démontrer : dans les élevages français, l’usage de médicaments a été réduit de 50 % ces cinq dernières années et plus de la moitié des poules pondeuses passent aujourd’hui l’intégralité de leur vie en plein air.

Veille et soutien juridique

Autres cibles de choix des militants anti-élevages : les éleveurs porcins. Depuis plusieurs années, eux aussi peuvent compter sur le soutien d’une filière décidée à ne pas se laisser faire. « Nous avons défini une stratégie en deux temps. Tout au long de l’année, Inaporc surveille ce qu’il se dit de la filière porcine sur les réseaux sociaux ou dans la presse. Et en cas de crises comme des intrusions dans les élevages, nous nous portons immédiatement au soutien de l’éleveur, nous l’aidons à recueillir des preuves et nous le mettons en relation avec notre avocat pour porter plainte », explique Cécile Michon, directrice régionale d’Interporc Rhône-Alpes. Et parce qu’il faut aussi « savoir se remettre en question », dixit Cécile Michon, la filière développe en parallèle une politique d’ouverture en participant aux journées « Made in viande » et en organisant des portes ouvertes en élevages pour recréer du lien avec les consommateurs. Rappelons que la filière porcine travaille également à une refonte du cahier des charges des élevages à échéance 2022 avec l’objectif d’aller plus loin dans la préservation du bien-être animal.

Des indicateurs du bien-être

Du côté des éleveurs laitiers et allaitants, l’engagement en matière de préservation du bien-être animal n’est également plus à démontrer. Le Cniel, l’interprofession laitière, a lancé le plan de filière France Terre de Lait qui comporte un volet d’évaluation du bien-être animal grâce à seize indicateurs. D’ici 2025, l’objectif est que les 58 000 fermes laitières françaises aient été auditionnées. Une démarche qui fait écho à Boviwell, un dispositif mis en place par l’interprofession du bétail Interbev pour faire le diagnostic de l’ensemble des exploitations françaises. Un outil qui confirme, s’il le fallait, l’engagement de la filière pour le bien-être animal. « Sur ces questions, nous travaillons également avec des associations comme Welfarm ou la fondation Nicolas Hulot. Lorsqu’elles sont en capacité de se mettre autour de la table et de discuter avec nous, les associations peuvent faire avancer les filières », assure Romain Kjan, directeur d’Interbev Auvergne Rhône-Alpes.

Pierre Garcia

À lire également :

Anti-viande, anti-élevages... ces mouvements qui montent