PLAN STRATÉGIQUE NATIONAL
Se former au métier d’agriculteur : perspectives et enjeux

Christophe Ledoux
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PLAN STRATÉGIQUE NATIONAL / Dans le cadre du débat public sur l’agriculture baptisé « ImPACtons », trente rencontres sont organisées en régions. L’une d’elles s’est déroulée dans la Drôme avec pour thème la formation et le renouvellement des générations.

Se former au métier d’agriculteur : perspectives et enjeux
Réparties sur une quinzaine de tables, les participants au débat ont proposé des actions de formations pour, d’une part, faciliter l’adaptation des futurs agriculteurs au changement climatique et, d’autre part, assurer le renouvellement des générations.

Tous les sept ans, l’Union européenne (UE) adopte un nouveau cadre budgétaire pour la politique agricole commune (Pac). Chaque fois, cela fait l’objet de longues et complexes négociations entre les États membres, la Commission européenne et le Parlement européen. Pour la prochaine Pac, dont l’entrée en vigueur prévue en 2021 a été repoussée à 2023, les négociations sont en cours. Fait nouveau, chaque État membre doit se doter d’un plan stratégique national (PSN). Celui-ci doit répondre à trois objectifs généraux : favoriser une agriculture intelligente et résiliente assurant la sécurité alimentaire ; renforcer les actions favorables à l'environnement et au climat conformément aux objectifs de l'UE ; renforcer le tissu socio-économique des zones rurales. Plusieurs enjeux sont ainsi débattus tels qu’assurer un revenu équitable aux agriculteurs ; accroître la compétitivité ; agir contre le changement climatique ; protéger les ressources naturelles ; préserver les paysages et la biodiversité ; garantir la qualité des denrées alimentaires et la santé ; moderniser par l’innovation, soutenir le renouvellement des générations…

Changement climatique, transmission et installation

La France a décidé de mettre en débat public son plan stratégique national sur la Pac (PSN Pac). Sous l’égide de la Commission nationale du débat public (CNDP), plusieurs rencontres ont été organisées. D’abord en septembre dernier au sein d’une Assemblée citoyenne sur l’agriculture (Aca) regroupant 130 Français tirés au sort. Ensuite en régions avec, à chaque fois, une thématique différente (voir ci-contre). Le 12 octobre en soirée, au lycée agricole Le Valentin à Bourg-lès-Valence, près d’une centaine de personnes ont participé au débat intitulé « Se former au métier d’agriculteur : perspectives et enjeux ». Pendant près de trois heures, acteurs agricoles, associatifs, économiques, institutionnels, enseignants et étudiants, entre autres, tous volontaires et répartis par table de cinq à sept personnes, ont fait des propositions. D’une part, sur des actions de formation à prévoir dans le PSN pour faciliter la mise en œuvre de la Pac, notamment en ce qui concerne la lutte contre le changement climatique. D’autre part, sur des actions de formation facilitant le renouvellement des générations d’agriculteurs et les installations.

Transition agroécologique, attractivité du métier

Beaucoup de propositions ont été exprimées lors des restitutions. Sur l’adaptation au changement climatique, « il faut mieux former les formateurs à la transition agroécologique », a-t-il été préconisé. D’autres suggestions ont été faites comme former les futurs agriculteurs à la climatologie, à l’agroforesterie, à l’autonomie énergétique, à la gestion des risques, au management de l’incertitude… Ont aussi été mis en avant le travail en réseau et en collectif, le partage d’expériences, la valorisation des résultats de la recherche, le droit à se former tout au long de la vie mais aussi à l’étranger.

S’agissant du renouvellement des générations d’agriculteurs et de l’installation, « il faut encourager les reconversions d’adultes vers l’agriculture », a-t-il été proposé. Les participants au débat ont insisté sur l’attractivité du métier et la communication positive, le renforcement de la formation lors de la pré-installation ou encore une meilleure connaissance des services proposés par les organisations agricoles. Autre suggestion, la sensibilisation des collectivités locales à l’achat de foncier en vue de créer des projets agricoles collectifs ou des pépinières d’entreprises.

Élever le niveau de formation

Après la restitution, quatre acteurs agricoles ont été invités à réagir. « Nous devons avoir une agriculture résiliente, capable de s’adapter au changement climatique et aux demandes sociétales, a souligné Loïc Quellec, vice-président national de Jeunes Agriculteurs. Il faut renforcer la multitude des compétences ainsi que la connaissance de l’environnement des organisations agricoles. Et des efforts sont à faire sur la transmission car, aujourd’hui, on est nul et tout est à construire », a-t-il ajouté. Pour la présidente de l’association de coordination des instituts techniques agricoles (Acta), « l’attractivité du métier est un des nœuds du dossier installation ». Mettant en avant l’efficacité du dispositif français de recherche appliquée et notamment ses programmes sur l’agroécologie, le fonctionnement des sols, « il faut dire aux jeunes générations que l’agriculture contribue à trouver les solutions de demain », a-t-elle ajouté.

« L’enjeu, c’est que davantage d’agriculteurs se forment tout au long de leur carrière, a souligné Régis Aubenas, président du conseil d’administration du lycée agricole Le Valentin. Ils ne sont aujourd’hui que 17 % à le faire. Il faut donner plus de clarté et de moyens au système actuel de formation continue. Et la formation des salariés ne doit pas être dissociée de celle des agriculteurs. » Des propos repris par Jean-Claude Darlet, président de la Chambre d’agriculture de l’Isère, qui estime également nécessaire « d’élever le niveau de formation de base afin de permettre aux agriculteurs de s’adapter aux évolutions climatiques, sociétales... » Quant à l’accompagnement des cédants, il a jugé nécessaire de « l’anticiper plusieurs années avant la retraite tout en sachant bien accueillir les jeunes ». Voilà donc du grain à moudre. Reste à savoir quelles propositions seront retenues dans le cadre du plan stratégique national sur la Pac.

Christophe Ledoux

NOTEZ-LE / Trente débats autour de thèmes variés

NOTEZ-LE / Trente débats autour de thèmes variés

Chacun des trente débats publics sur l’agriculture organisés dans les différentes régions françaises a fait l’objet d’une thématique. À Bourg-lès-Valence, il s’agissait de la formation. Ailleurs, les questions posées étaient les suivantes : quels modèles agricoles pour la société française ? Comment cohabiter dans les campagnes ? Quelle transition agroécologique pour l’agriculture ? Demain, quels agriculteurs et combien ? Revenu agricole : comment relever le défi ? Ressources naturelles et agriculture : quels apports et quels impacts ? Quelle évolution des pratiques d’élevage ? Accéder à la terre quand on veut être agriculteur, comment ça marche ? Souveraineté alimentaire, comment ? Nouvelles technologies et innovations : quels impacts et opportunités pour le monde agricole ?

L’ensemble des contributions est consultable sur le site https://impactons.debatpublic.fr