NATURA’PRO

La fusion avec Agrial se précise

2022 aura été tendue pour Natura’Pro... Malgré un chiffre d’affaires d’environ 80 millions d’euros, les comptes du groupe étaient en dents de scie depuis 2019. L’année se termine finalement sur un résultat déficitaire, lié principalement à l’activité coopérative. Pourtant, les dirigeants se veulent optimistes. Après plusieurs tentatives infructueuses, un rapprochement est en cours avec Agrial.

Un axe stratégique

Lors de l’assemblée générale, la fusion a été approuvée par une majorité d’adhérents. Pas d’opposition, quelques abstentions et surtout une interrogation : quel intérêt cette fusion présente-t-elle pour la première coopérative agricole et agroalimentaire française ? La réponse est apportée à l’assemblée par les dirigeants d’Agrial, eux-mêmes. « Au fur et à mesure du temps, Agrial [implanté dans le quart nord-ouest du pays] s’est spécialisé dans le frais », souligne le directeur général, Ludovic Spiers, qui avait fait le déplacement depuis la Normandie. Difficile donc d’approvisionner l’est, depuis l’ouest de la France.

Pour le président, Arnaud Degoulet, il est aussi « important d’avoir un sociétariat à la hauteur de notre outil industriel. » Agrial dispose en effet de plusieurs usines de transformation. Sur le territoire, on pense notamment aux fromageries de Crest (Drôme), de Vinay (Isère) ou encore de Pélussin (Loire). « Si on est présent localement, mais que l’on fait venir la production de l’ouest ça n’a pas de sens ! » Renchérit le directeur général. Le groupe veut aussi développer les productions animales et végétales. « Nous manquons, par exemple, de légumes bio. Localement, les producteurs peuvent certainement nous aider », souligne encore Ludovic Spiers.

Une démarche filière 

Pour Natura’Pro, la fusion avec Agrial répond aussi à un besoin de valorisation de la production. Ancrée en Drôme, en Ardèche, ainsi que sur une partie du Gard et de la Loire, la coopérative agricole regroupe une large diversité de cultures et d’élevages. Une force qui ne permet toutefois pas de monter des filières seul, rappelle Christophe Devos, actuel président de Natura’Pro. « On est en lien avec les producteurs mais on ne connait pas l’aval et les débouchés », précise-t-il.

Grâce à une quinzaine de fusions de part et d’autre du pays et au regroupement de plus de 130 sociétés, Agrial dispose d’une force de frappe majeur en la matière. Sur ses onze productions, plusieurs sont transformées (lait, légumes, viande, poisson) et vendues en grande distribution ainsi qu’en restauration collective. La coopérative s’appuie aussi sur une soixantaine de marques, dont Florette et Soignon qui sont commercialisées au-delà des frontières métropolitaines.

Cette taille assurerait aussi la pérennité et la résilience de l’agriculture, « dans une économie extrêmement complexe où les accidents de culture peuvent être fréquents », analyse de président d’Agrial.

Coopérative avant tout 

Concernant la proximité avec les adhérents, les discours se veulent rassurants. « Même si l’entreprise est relativement importante, nous sommes avant tout une coopérative », insiste Ludovic Spiers. « Nous avons toujours voulu garder une organisation décentralisée où les questions sont traitées localement. » 

Pas de changement drastique donc. L’antenne régionale reste à Montélimar, l’équipe salariée ne bouge pas et les responsables gardent leur casquette : Christophe Devos en tant que président régional, avec à ses côtés Mathieu Staub qui deviendra directeur de région chez Agrial.

Pauline De Deus