ÉLEVAGE
Avortements en série : que faire ?

Vendredi 17 mars, à l’occasion de son assemblée générale à Coucouron, le Groupement de défense sanitaire de l’Ardèche a invité un vétérinaire épidémiologiste pour conseiller les éleveurs en cas d’avortement de leurs bêtes.

Avortements en série : que faire ?
D'après le dispositif Oscar (observatoire des causes d'avortements chez les ruminants) l'infection la plus fréquente chez les bovins était la néosporose en 2021 (dans 41 % des cas). Mais dans environ 20 % des cas, elle était aussi associée à la fièvre Q.

Qu’ils produisent de la viande ou du lait, pour les éleveurs les avortements des animaux sont souvent synonyme d’inquiétude, sans parler des pertes économiques engendrées… Afin de limiter les risques sanitaires, Emmanuel Garin, vétérinaire épidémiologiste à GDS France a rappelé quelques règles aux adhérents du GDS de l’Ardèche.

Comment réagir ? 

En cas d’avortement dans votre élevage, il faut tout d’abord isoler la femelle concernée et mettre, avec des gants, le placenta et l’avorton à l’écart (aire d’équarrissage, le plus loin possible de la zone d’élevage) en attendant la visite du vétérinaire pour les prélèvements nécessaires. Dans l’attente des résultats, le lait ne doit pas être utilisé, y compris pour la consommation animale. Notez que pour les élevages bovins, tout avortement doit être obligatoirement déclaré dans le cadre de la surveillance Brucellose. Pour les petits ruminants, la déclaration est également obligatoire à partir de 3 avortements en 7 jours.  Le déplacement du vétérinaire et l’analyse Brucellose sont pris en charge par l’Etat.

Chercher les causes

Lors du déplacement du vétérinaire suite à un avortement, « profitez-en pour demander la recherche d’autres maladies qui causent des avortements comme la chlamydiose, fièvre Q, néosporose, etc. », insiste Margot Brie, directrice du GDS de l’Ardèche. Des aides financières sont proposées par le GDS pour ces analyses supplémentaires. L’objectif : comprendre la cause, notamment lors d’avortements1 en série. Pour cela, il faut non seulement prélever les animaux concernés mais également ceux qui n’ont pas eu ce problème afin d’avoir une analyse générale du troupeau.

Gérer l’introduction d’animaux 

Pour éviter les avortements d’origine infectieuse la première chose à faire est d’être vigilant au moment d’introduire de nouveaux animaux dans son troupeau. L’idéal est bien sûr de limiter cette introduction en privilégiant l’auto-renouvèlement. En cas d’introduction, il est aussi important de privilégier les animaux jeunes et de les isoler lors de leur arrivée dans l’élevage. Le kit introduction proposés par le GDS permet également de limiter l’introduction de maladie, à condition de ne pas garder des animaux détectés positifs et de bien respecter la quarantaine ! Attention également au mélange d’animaux lors de manifestations ou d’estives, qui peut introduire de nouvelles infections dans le troupeau.

La biosécurité appliquée aux visiteurs

Outre le maintien des animaux en bonne santé qui est évidemment une règle d’or pour tout éleveur, les règles de biosécurité sont essentielles pour limiter l’introduction de maladie. C’est notamment le cas lors de visites sur la ferme pour éviter les transmissions de l’animal à l’homme ou inversement. Des points de lavage des mains doivent être aménagés et des surbottes distribuées. Il est aussi important de ne pas curer, ni épandre juste avant ou pendant les visites. Enfin, il convient de limiter les visites en période de mise-bas. « La biosécurité c’est du bon sens et vous en faites déjà au quotidien » insiste Emmanuel Garin.

Pauline De Deus

1 On considère qu’il s’agit d’une série d’avortements en bovins si 2 avortements ou plus sont constatés en moins de 30 jours ou si 3 avortements ou plus sont constatés en 9 mois. En petits ruminants 3 avortements ou plus en 7 jours ou moins ou évaluation sur le lot de reproduction et sur une durée de 3 mois (4 % d'avortement ou à partir du 10e s'il y a plus de 250 femelles).

Le GDS de l’Ardèche et ses actions

2154

C’est le nombre d’adhérents au GDS de l'Ardèche pour la période 2021-2022.

Bovins

IBR

Grâce à la mobilisation du GDS 07 et des éleveurs, l’Ardèche fait partie des quatre départements français sans bovin positif à la rhinotrachéite infectieuse bovine.

Besnoitiose

7622 bovins ont été dépistés sur la période 2021-2022 dont 5 % ont révélé des résultats positifs.

BVD

96 % des bovins sont garantis non IPI en Ardèche.

Kit introduction bovin

Sur la période 2021-2022, 2821 bovins ont été contrôlés au moment de leur introduction dans le cheptel ardéchois. Parmi eux près de 7 % étaient positifs, notamment à la néosporose.

Caprin, ovins

Dans les élevages ovins et caprins, les principales maladies sont la fièvre Q, le CAEV et la chlamydiose. Le GDS de l’Ardèche réalise des statuts sanitaire sur les troupeau en même temps que la prophylaxie ou à la demande des éleveurs. En 2021-2022, 97 élevages ont ainsi réalisé leurs statuts.

Section apicole

La section apicole compte 217 adhérents, avec lesquels le GDS fait des actions dans le cadre de son PSE contre varroa et lutte contre le frelon asiatique avec la plateforme de signalement régionale : www.frelonsasiatiques.fr

 

Manque de vétérinaire, un problème récurrent en Ardèche
Stéphane Klotz, responsable du service Santé et protection animales et Environnement à la DDETSPP a évoqué la problématique des déserts vétérinaires en Ardèche.
SOINS

Manque de vétérinaire, un problème récurrent en Ardèche

Lors l'assemblée générale du GDS 07, Stéphane Klotz, chef du service santé, protection animales et environnement à la DDETSPP, a évoqué la problématique du maillage vétérinaire en Ardèche.

Ce n’est un secret pour personne (surtout pas pour les éleveurs), l’Ardèche est faiblement doté en vétérinaires. Par rapport à la moyenne nationale, le nombre de vétérinaires est divisé par deux sur notre territoire. Notamment en zone de montagnes où, paradoxalement, l’élevage est très présent. Le bassin d’Aubenas est aussi une zone particulièrement préoccupante puisque, d’après Stéphane Klotz de la DDETSPP de l’Ardèche, quatre structures pourraient prochainement arrêter leur activité rurale, laissant 400 éleveurs sans solution. La moitié du département ne serait alors plus couvert par des vétérinaires.

Des actions à court et moyen termes

Manque d’attractivité de l’Ardèche, vétérinaires davantage attirés par les soins aux animaux domestiques, faible densité des élevages, fréquence des gardes… Autant de raisons qui expliquent les manques du secteur. Pour tenter de résoudre le problème à court et à moyen termes, plusieurs actions sont mises en place par les collectivités, organisations agricoles et l'État. Parmi elle, la sensibilisation à la rurale dans les écoles vétérinaires ou encore l'aide aux vétérinaires en zone rurale. D'autres pistes de travail sont également évoquées, tel que le filtrage d’appels pour prioriser les urgences vétérinaires du territoire, la mutualisation des gardes, la contractualisation ou encore la télémédecine.

 

Christian Boulon : un dévouement salué par tous !

Christian Boulon : un dévouement salué par tous !
Directeur du GDS depuis 2009, Christian Boulon a quitté son poste fin 2022. Margot Brie a pris sa suite au mois de janvier.