VIVACOOP
Un manque criant de volumes de récolte

VIVACOOP / Soucieuse d’une campagne 2019 déficitaire et d’aléas climatiques récurrents, la coopérative Vivacoop cherche des solutions d’avenir tant sur ses productions que sur son fonctionnement.

En 2019, la coopérative a récolté 606 tonnes de légumes et fruits.
En 2019, la coopérative a récolté 606 tonnes de légumes et fruits.

« L’année 2019 n’aura pas échappé aux aléas climatiques et aux problèmes sanitaires liés à la Drosophila suzukii et au chancre du châtaignier », a rappelé le président de Vicacoop, Daniel Vernol, en ouverture d’assemblée générale, organisée mercredi 15 juillet à Saint-Sernin. « Les répercussions de l’épisode de grêle du 15 juin 2019 se feront sentir sur plusieurs années, ajouté à la sécheresse et la période caniculaire qui s’en sont suivis. Les canicules automnales font énormément de mal aussi, particulièrement sur nos trois productions phares : châtaigne, kiwi et cerise », a-t-il prévenu. « Ce sont des événements climatiques récurrents qui découragent la majorité des producteurs car nous ne pouvons plus garantir un revenu sur certaines productions, notamment en cerise, abricot, kiwi et châtaigne. Nombreux sont ceux qui se tournent aujourd’hui vers la viticulture. »

De faibles volumes de récolte en 2019

Sur la campagne 2019, le manque de volumes a entrainé un résultat fortement déficitaire pour la coopérative. Son chiffre d’affaires avoisine 1,76 million d’euros sur cet exercice, pour 606 tonnes de légumes et fruits récoltés. En parallèle à la perte de rentabilité due aux faibles volumes s’ajoutent divers investissements réalisés pour le développement de Vivacoop, notamment l’achat de conteneurs palox à « atmosphère contrôlée » qui permettent de maîtriser l’équilibre de l'oxygène et du gaz carbonique et ainsi de freiner le développement des fruits sans engendrer de perturbations organoleptiques. « Ils nous ont permis de sauver certaines productions perturbées par une consommation avec laquelle elles n’étaient pas en phase, et qui se dégradent très vite », a souligné Daniel Vernol. En 2020, ce type de matériel de conservation a joué un rôle essentiel sur la campagne des cerises qui a connu un pic de production autour du week-end de Pentecôte (1er juin) alors que les circuits de transport et de commercialisation étaient vivement perturbés par la situation sanitaire liée au Covid-19.

Productions et marchés

Certaines productions de Vivacoop suscitent de vives inquiétudes, a indiqué Stéphane Allix, nommé récemment directeur administratif de la coopérative. En châtaigne, la baisse d’activité est « critique ». En kiwi, le vieillissement des vergers combiné aux problèmes sanitaire de la bactériose et des rats taupier bousculent le développement de la filière « qui ne cesse pourtant de croître ». Produit phare des activités de Vivacoop, « la cerise est vouée à disparaître ». En abricot, c’est le manque de producteurs au sein de la coopérative qui fragilise la production en cas d’aléa climatique. En cassis, « il y a un marché même si c’est une petite niche, mais nous avons de très faibles volumes de récolte ». En Ppam1, la coopérative développe sensiblement son atelier de transformation en investissant dans divers outils et projette de récolter entre 20 et 25 t de plantes en 2020.

Prévisions pour 2020

Vivacoop n’a pas été épargné par les répercussions économiques de la situation sanitaire liée au Covid-19 et du confinement. Elle a eu recours au Prêt garanti par l’État et au chômage partiel pour l’ensemble de ses salariés « à la suite d’un cas de pneumonie sévère sur un membre de notre personnel », a expliqué Stéphane Allix. « L’activité de transformation s’est arrêtée durant une semaine avant le confinement et a repris progressivement à partir du 11 mai. L’activité économique de nos magasins Village de producteurs a été bousculée également, il n’a pas été évident d’y adapter l’organisation de travail et de vente... Aujourd’hui, il faut s’attendre à continuer de vivre avec ce virus pendant encore plusieurs mois. »

En 2019, les magasins Village de producteurs regroupaient 97 producteurs et 24 entreprises artisanales, affichant un chiffre d’affaires en progression (+15 %). 

Les prévisions de la campagne 2020 laissent espérer une récolte de châtaignes « suffisante », a indiqué Daniel Vernol. « Nous avons une pluviométrie plus favorable cette année. En revanche, nous avons une forte concurrence sur les produits transformés qui engendre une surenchère et impacte l’ensemble des producteurs qui jouent le jeu de l’AOP. »

Côté visibilité et fonctionnement de la coopérative, le site Internet de Vivacoop a été modernisé pour servir de véritable support de communication et d’Intranet2 pour ses adhérents. De même efforts de développement ont été apportés sur la structure Vivatransfo (voir ci-contre). Des travaux d’entretien et de rénovation ont aussi été réalisés pour la mise en sécurité des locaux de la coopérative et l’aménagement de l’atelier Ppam.

Anaïs Lévêque

  1. Plantes à parfum, aromatiques et médicinales.
  2. Réseau informatique privé.
Booster le marché des produits transformés
Lancé en 2016, l’atelier de transformation de fruits et de légumes de Vivacoop est aujourd’hui opérationnel

Booster le marché des produits transformés

TRANSFORMATION / Avec son atelier Vivatransfo, la coopérative développe son offre de produits transformés, tout en proposant à ses adhérents une transformation « surmesure » de leur production.

Lancé en 2016, l’atelier de transformation de fruits et de légumes de Vivacoop est aujourd’hui opérationnel : « Avec Vivatransfo, nous espérons diversifier l’activité des exploitations. L’objectif de cette structure de transformation est de proposer à nos producteurs adhérents de pouvoir y faire du surmesure avec leur production et un travail artisanal haut de gamme », indique le président Daniel Vernol.

Saveurs de Châtaignes® et Saveurs d’Ardèche®

Afin de se distinguer sur les étals, la coopérative a créé deux marques de produits transformés, orientées sur une offre de produits locaux de qualité ou bio : Saveurs de Châtaignes® proposant uniquement des produits bio (confiture, pâte à tartiner, farine, etc.) et Saveurs d’Ardèche® des produits locaux (coulis de tomate, purée, dessert de fruits, ratatouille, etc.). « Il y a peu de concurrence, les produits sont très appréciés et se vendent bien, nous arrivons à être présents sur de nombreux magasins », ajoute le directeur administratif Stéphane Allix. La coopérative cible la clientèle de la GMS et des épiceries fines. Elle projette aussi de développer une gamme de produits spécialement pour les épiceries fines. Pour l’heure, l’atelier Vivatransfo a déjà réussi à se distinguer lors du Concours général agricole en recevant une médaille d’argent pour sa confiture de châtaignes d’Ardèche AOP bio !

Daniel Vernol
Daniel Vernol