OLIVE
La filière oléicole ardéchoise au fil de l’histoire

A.L.
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Abandonnée pendant de longues années, la culture de l’olivier renaît petit à petit en Ardèche, avec aujourd’hui près de 560 hectares d’arbres cultivées.

La filière oléicole ardéchoise au fil de l’histoire
En Ardèche, la récolte des olives se fait traditionnellement entre novembre et décembre, mais certains producteurs n’attendent pas autant afin d’obtenir des huiles vertes, très piquantes et amères, qui sont particulièrement appréciées sur le marché des produits d’excellence. © Matthieu_DUPONT

Très ancienne en Ardèche méridionale, la production oléicole compte de nombreuses variétés locales donnant des huiles aux typicités aromatiques très variées. Son apogée remonte au début des années 1900, où l’on dénombrait environ 500 000 arbres dans le département et 400 tonnes d’huile produite, notamment en Sud Ardèche, sur les secteurs de Privas et de la basse vallée de l’Eyrieux. Des périodes de régression s’en suivront avec la Première Guerre mondiale, les épisodes intenses de gel en 1928 et 1929, le début de l’exode rural et des importations d’huile d’olives, ainsi que la mécanisation des cultures, le gel de 1956…

Dans les années 1990, l’huile d’olives connait un regain d’intérêt permettant à la filière de se développer. Des aides à la plantation sont apportées, essentiellement des variétés locales (Rougette et Négrette de l’Ardèche). Les profils des producteurs varient beaucoup. Nombre d’entre eux sont des producteurs amateurs, propriétaires de gîtes, retraités… Les oliveraies professionnelles, quant à elles, sont souvent cultivées par des viticulteurs. La majorité des producteurs cultivent des variétés locales, mais des vergers plus denses composés de variétés étrangères au potentiel de rendement plus important se développent depuis une vingtaine d’années. L’olivier s’acclimate particulièrement bien dans le triangle formé entre Les Vans, Saint-Marcel-d’Ardèche et Aubenas.

Aujourd’hui, la culture de l’olivier s’étend sur 560 ha en Ardèche et concerne près de 450 exploitations. La filière souffre encore d’un manque de structuration pour développer ses potentiels de production. Le Syndicat des oléiculteurs de l’Ardèche méridionale (Soam) s’engage activement dans le développement des variétés traditionnelles et la réhabilitation d’oliveraies abandonnées, souvent situées sur des zones de pentes et en terrasses. « Nous avons plus d’une vingtaine de variétés autochtones », précise Jean-Noël Berneau, président du Soam. « L’olive est historiquement présente en Ardèche et adaptée à nos sols et à nos conditions climatiques. Elle peut être cultivée dans des garrigues où peu d’autres cultures peuvent s’épanouir. Son impact carbone est aussi positif, là où des vergers sont replantés, on recrée des milieux agroécologiques. » À l’avenir, les oléiculteurs espèrent obtenir une mesure de protection des ressources végétales menacées d’érosion, propice à la préservation des anciennes variétés. Objectif : mieux distinguer ces variétés sur le marché de l’olive et les faire perdurer ! n

Les variétés endémiques de l’Ardèche

Blanche de Payzac, Béchude, Ubac, Pointue, Roussette, Négrette, Noirette.

De l’huile d’olive contre le carbone : l’exemple du trajet en voiture
© Matthieu_DUPONT

De l’huile d’olive contre le carbone : l’exemple du trajet en voiture

Si l’olivier subit le réchauffement climatique, il participe cependant à son atténuation. Selon plusieurs études1, si le fait de produire un litre d’huile d’olive2 émet environ 1,5 kg de CO2-eq de moyenne tout au long du cycle de vie du produit, l’adoption de pratiques agronomiques perti-nentes permet à l’olivier de fixer dans le sol une quantité d’environ 11,5 t CO2/ha/an : un bilan carbone positif !

Un exemple fort pour illustrer cette affirmation : si l’on considère qu’une voiture émet dans l’atmosphère une moyenne de 0,120 kg CO2 eq/km, on peut conclure que la production d’un litre d’huile d’olive vierge ou vierge extra permet de séquestrer l’équivalent de ce qu’émet cette voiture lorsqu’elle parcourt 95 km !

1. Source : Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes.
2. Pour une oliveraie adulte semi intensive (200 arbres/ha) avec un rendement agronomique moyen de 30 kg
d’olives / arbre ; moyennement 6 kg d’olives par un litre d’huile, avec un rendement moyen de 17 %).