PORCIN
Une filière dynamique orientée sur l’élevage de plein air

A.L.
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ÉLEVAGE / La filière porcine ardéchoise est principalement orientée sur de l’élevage plein air et de la production fermière, où figurent diverses races locales ou anciennes.

Une filière dynamique orientée sur l’élevage de plein air

La filière porcine compte une centaine d’exploitations en Ar­dèche, principalement de petites structures orientées sur des élevages de porcs en plein air, dont de nom­breux producteurs fermiers. Face à la demande croissante de produits de qualité, cette filière a tendance à se développer ces dernières années en Ardèche. Les structures « naisseur-en­graisseur », les ateliers de transforma­tion et de vente directe y sont en nette progression. Les diverses entreprises de salaisons ardéchoises permettent aussi de bien valoriser la viande de porc locale. Et ce type d’élevage s’adapte bien aux parcelles peu productives, composées de bois et de cailloux. Dans ces conditions, de plus en plus de jeunes agriculteurs s’installent dans cette filière ! La charge de travail, les mesures de biosécurité et les investissements relatifs à ce type d’élevage imposent toutefois de bien raisonner son projet avant de se lancer.

Le mot de Stéphane Roche
Stéphane Roche.

Le mot de Stéphane Roche

Président de la section porcine agriculteur au sein du Gaec du Sardier en porcs plein air, vaches allaitantes Aubrac et en poules pondeuses bio sur la commune de Lafarre.

« La production de porc en Ardèche, majoritairement plein air, est bien adaptée pour valoriser les surfaces de bois peu productives en herbe, nombreuses sur le département. »

RACES / Des cochons d’exception !

Le porc Gascon

Originaire du sud-ouest de la France et reconnu par le Ligeral1, le porc Gascon est une race ancienne qui perdure depuis plus de 1 000 ans ! Connus pour être « baroudeurs et gourmands », il ne s’adapte qu’à des modes d’élevages naturels (extensifs et en extérieur) et présente de grandes qualités gustatives. « Nous sommes tombés amoureux de cette race, rustique et bien adaptée au plein air, notamment ici où les sols sont calcaires et drainants », indique Sandra Mollier, installée avec Mathieu Comte comme naisseur-engraisseur au Pouzin, en agriculture biologique. Ils disposent aussi d’une atelier de transformation et de vente directe à la ferme, et vendent leur viande de porc, charcuterie sèche et bocaux en magasin de producteurs, via les Stolons, expéditions et dans des épiceries locales.

1. Association des livres généalogiques collectifs des races locales de porcs, regroupant les races de Porc Pie Noir du Pays Basque, Porc de Bayeux, Porc Gascon, Porc Cul Noir Limousin, le Porc Blanc de l’Ouest et le Porc Nustrale.

Le porc Mangalitza

Trapu, massif et laineux, le porc Mangalitza est l’une des races la plus vielle d’Europe, longtemps menacée de disparaître, qui a besoin de temps et d’espace pour se développer. Rustique, il résiste très bien au froid et aux maladies, mais présente une croissance lente et ainsi une plus faible rentabilité. Sa viande est très appréciée et se valorise très bien. Cette race intéresse de plus en plus d’éleveurs ces dernières années, telle que Meddy Guilhon installée comme naisseur-engraisseur à Berzème. « Je cherchais un type d’élevage qui s’adapte au milieu et à des parcelles peu productives, qui soit moins dépendant aux aides et qui me permette de valoriser une production de qualité avec les structures locales », indique l’éleveuse qui travaille avec les salaisons Guèze, basées à Vernoux-en-Vivarais. Elle a créé également un second atelier en partenariat « Porcs plein air du soleil » (démarche équitable de la société Étoile porcine), pour lequel elle s’occupe uniquement de l’engraissement des porcs, dont la viande est vendue localement à Sovisal (Saint-Privat).

SANITAIRE / Des mesures de biosécurité renforcées depuis janvier 2021

SANITAIRE / Des mesures de biosécurité renforcées depuis janvier 2021

« Avec une filière à petits effectifs en Ardèche, dont 70 % en porc de plein air, les risques liés à la faune sauvage ne sont pas à négliger. Il faut être très vigilant sur les éléments liés à la biosécurité », prévient Meddy Guilhon, éleveuse à Berzème et membre du bureau du Groupement de défense sanitaire (GDS) de l’Ardèche. À la suite de la détection de cas de peste porcine africaine (PPA) en Belgique, des mesures renforcées de biosécurité ont été mises en place en France. Plan de biosécurité, clôtures, SAS sanitaire, systèmes de circulation des animaux dans l’exploitation, transport, obligations de nettoyage… Toute une série d’instructions techniques doivent être appliquées depuis janvier 2021 par les élevages porcins. Pour les porcs non pubères, une double clôture ou un filet électrifié des deux côtés doit être installé pour éviter l’intrusion de sangliers et leurs contacts groin à groin avec les porcs. Pour les porcs reproducteurs ou pubères, les contraintes sont plus importantes sur la clôture extérieure, avec la présence d’un grillage et d’une clôture électrique (deux fils intérieurs, deux fils extérieurs). Les parcours doivent être protégés des engins agricoles via un passage canadien ou une double barrière. Ceux en rotation doivent être protégés un mois avant la mise en place des porcs.