CAPRIN
Élevage de chèvres : on en fait tout un fromage !

Mylène Coste
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La châtaigne, le canoé… et la chèvre ! Sans ce petit ruminant à corne, devenu un véritable symbole de la ruralité, la carte postale de l’Ardèche serait incomplète.

Élevage de chèvres : on en fait tout un fromage !

Dans le département, près de 640 fermes détiennent quelques chèvres, mais elles sont réellement 400 à faire de l’élevage caprin une activité notoire. Parmi les éleveurs, on en compte une centaine à exploiter le lait sans le transformer, le livrant à des entreprises ou coopératives de collecte. Pour le reste, on compte de nombreux producteurs fromagers fermiers, de taille variable, qui vendent leurs produits en direct, via les marchés et magasins de producteurs, des fromageries et des restaurants de toute la France. Une soixantaine d’exploitations caprine sont labellisées en bio.

Le mot de Vincent Vallet
Vincent Vallet.

Le mot de Vincent Vallet

Président de la section caprin de la FDSEA, éleveurs de chèvres et viticulteur sur la commune de Vinzieux

« Les exploitations caprines, présentes sur tout le département, sont emblématique en Ardèche. Elles permettent de retrouver dans nos assiettes fromages et viande de qualité. »

Vive le lait cru !

Le lait cru est dans le collimateur des pouvoirs publics, qui y voient un simple vecteur de bactéries potentiellement pathogènes… Bannis des cantines scolaires, les fromages au lait cru ne comptent pas se laisser faire aussi facilement ! « Nous sommes conscients qu’il peut y avoir un risque sanitaire, mais les cas restent très rares et les producteurs n’ont jamais fait autant d’efforts pour être irréprochables en matière de sécurité sanitaire », affirme Laurent Balmelle, éleveur de chèvres et fromager fermier à Ribes. Les producteurs fermiers veulent aujourd’hui remettre en avant les vertus du lait cru sur la flore microbienne. Plusieurs études scientifiques démontrent d’ailleurs que la consommation régulière de lait cru et l’exposition à la diversité du milieu microbien de la ferme jouent un rôle protecteur chez l’enfant à naître et durant sa croissance, avec un effet protecteur contre certaines allergies ! 

Picodon, fromage ancré dans son terroir et ses traditions

Picodon, fromage ancré dans son terroir et ses traditions

Étendard du terroir ardéchois, le Picodon est un fromage de chèvre AOP fabriqué à base de lait cru entier avec un affinage d’au moins 14 jours, sous forme de petit palet. Réputé pour sa qualité et ses saveurs subtiles, il est une pièce majeure des traditions et du terroir de l’Ardèche, de la Drôme ainsi que des cantons de Barjac (Gard) et de Valréas (Vaucluse). Un produit avant tout ancré dans la culture et l’identité de ces territoires. « Ce fromage a toujours été produit par les fermiers des montagnes ardéchoises. Dans l’après-guerre, chaque exploitation avait un petit troupeau de chèvres pour produire son « Picaoudou », nom provençal faisant référence à son goût piquant à l’époque où il était conservé dans des jattes en terre », retrace Jean-Claude Balmelle, ancien producteur à Ribes. Le fromage apparaît même dans des menus de mariage datés de la fin du XIXe siècle. « Dans les années 1970, un mouvement de restructuration des troupeaux et de spécialisation des élevages caprins a démarré. Parallèlement apparaissaient des industriels laitiers. Quant au Picodon, il était peu à peu dénaturé par certains producteurs et industriels, parfois avec des laits de mélange ou des moules de toutes tailles. On commençait à trouver des Picodons un peu partout : l’image du fromage était peu lisible pour les consommateurs. » L’usurpation du nom et de l’identité du Picodon devient un souci majeur, poussant une poignée de producteurs à s’engager dans la création d’un syndicat en 1975 et dans une démarche d’appellation. Depuis 2003, les caractéristiques, le processus et la zone géographique de production de ce fromage de chèvre sont définis par une AOP.  
 

Le caillé doux, du caractère et du goût

Le caillé doux, du caractère et du goût

Le Caillé Doux de Saint Félicien est un fromage au lait cru de chèvre à pâte molle et à croûte fleurie, de fabrication exclusivement fermière. Issu de traditions ancestrales, il est aujourd’hui affiné dans des caves par ventilation. L’emprésurage se fait quasiment immédiatement après la traite entre 26 et 32°C, tandis que la coagulation dure une à cinq heures. Le caillé est ensuite tranché pour en retirer délicatement, toutes les cinq à dix minutes, le petit lait en surface, avant de procéder à un moulage à la louche... Tout un savoir-faire qui donne à ce petit fromage de chèvre sa douceur en bouche et son goût inimitable ! Avec une marque collective déposée depuis 1981, le caillé doux et ses producteurs comptent bien poursuivre le chemin vers la reconnaissance en s’engageant dans une démarche d’AOP. 

La viande de chevreau s’invite au menu

Incontournable des fêtes de Pâques, la viande de chevreau est peu utilisée dans la cuisine française durant le reste de l’année. Très fine et savoureuse, c’est pourtant l’une des plus consommée dans le monde ! Très maigre et riche en protéines de bonne qualité, elle est aussi source de vitamine B12 et de minéraux essentiels. Rôtie au four avec un peu de miel, grillée en persillade… Il existe de nombreuses recettes. Une poignée de producteurs fermiers proposent aussi des rillettes, terrines et autres spécialités originales !

La chèvre Angora pour une laine 100% Ardèche

La chèvre Angora pour une laine 100% Ardèche

Installé avec son épouse à Saint-Pierreville (Ardèche) depuis 1988, Pascal Gouache fait partie de la poignée d’éleveurs français à élever des chèvres de race angora. Une race spécifique et convoitée pour la production de mohair, une laine fabriquée à partir de sa toison. Les animaux sont tondus par l’éleveur, la toison étant ensuite triée en fonction de la qualité et de la taille de la fibre : en effet, celle des femelles est-elle plus fine que celle des mâles mais moins douce que celle des chevreaux, chacune étant destinée à créer des produits différents. La transformation est ensuite confiée à des teinturiers, tisserands, tricoteurs de toute la France. La France est d’ailleurs l’un des leaders de l’élevage d’angora, et le mohair Made In France fortement convoité. Il existe aussi deux labels, « le Mohair de nos chèvres » et le « Mohair des fermes de France », qui garantissent des conditions d’élevage respectueuses de l’animal, de l’environnement, mais aussi une laine de qualité supérieure.