FILIÈRE VITI-VINICOLE
Aléas climatiques : les vignerons coopérateurs à l’heure du bilan

Marin du Couëdic
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La Fédération des caves coopératives de l’Ardèche a tenu son assemblée générale, vendredi 17 décembre, à Saint-Sernin. Après une année marquée par les aléas climatiques, les discussions ont largement tourné autour de la baisse de la production viticole et l’indemnisation des entreprises viti-vinicoles.

Aléas climatiques : les vignerons coopérateurs à l’heure du bilan
En 2021, les volumes de production des caves coopératives du département ont chuté de 15 à 20 % en moyenne.

Les présidents des quinze caves coopératives du département se retrouvaient pour la première fois depuis deux ans, vendredi 17 décembre, après l’annulation de la dernière assemblée générale. Cette fois, la séance a bien pu se tenir à la salle culturelle de Saint-Sernin malgré la situation sanitaire, bien qu’une partie des vignerons et des intervenants y aient assisté par visioconférence. Cyril Jaquin, président de la Fédération des caves coopératives de l’Ardèche, est d’abord revenu sur la baisse de la production viticole sur l’exercice écoulé. « Nous l’avons toutes et tous malheureusement subie sur nos exploitations et dans nos structures coopératives. Entre le gel et la grêle, nos volumes ont chuté en moyenne de 15 à 20 %, avec de grandes disparités sur le territoire et des caves à 50 % de pertes quand d’autres ont été plus épargnées », a rappelé celui qui est aussi président de la cave coopérative de Saint-Montan.

Pour mesurer pleinement l’impact des intempéries, les chiffres à l’échelle française ont été présentés, alors que les déclarations de récolte ont été clôturées le 10 décembre. Le volume national est ainsi estimé à un peu plus de 36 millions d’hectolitres, un chiffre en baisse de 18 % comparé à la moyenne des années 2016 à 2020. « C’est l’une des plus petites récoltes que notre pays a connu depuis une dizaine d’années avec celle de 2017, affectée elle aussi par un gel sévère au printemps », a poursuivi le président Jaquin. Un point européen a permis de comprendre que la France est l’un des pays européens qui a subi le plus durement le gel, avec une baisse de production plus importante qu’en Italie (44,5 millions d’hl, - 9%) ou en Espagne (39 millions d’hl, - 15%). En 2021, l’Italie resterait ainsi le plus gros producteur de vin européen suivi par l’Espagne, qui dépasserait pour la première fois la France.

« L’enveloppe de l’État devrait contenter toutes nos structures »

Les débats se sont par la suite attardés sur la question des mesures d’accompagnement prévues par le plan gel. « Une enveloppe de 150 millions d’euros a été fléchée par l’État pour la filière fruits & légumes et vins. Cette somme devrait contenter toutes les structures. Les coopératives et les organisations de producteurs devraient y avoir accès », a indiqué Cyril Jaquin. Les demandes d’indemnisation seront ouvertes dès le début du mois de janvier (lire ci-dessous).

Après des interventions d’administrateurs de Groupama et du Crédit Agricole, plusieurs présidents de caves ont rappelé l’importance de s’assurer face aux sinistres dans une région particulièrement exposée aux risques climatiques. « Ce serait une erreur stratégique en tant que chef d’exploitation et de dirigeant de cave d’abandonner les assurances », a estimé Jérôme Volle, président de la cave de Valvignères et élu FDSEA. « Même si les pertes ont été moins lourdes que prévues à la cave de Ruoms, heureusement que nous avons eu les garanties de l’assurance », a insisté Pierre Champetier, président du syndicat des vins IGP d’Ardèche.

Projets 2022, recrutement

Plus localement, les enjeux et projets pour 2022 ont été évoqués par Noémie Barlet, animatrice de la section Vignerons coopérateurs Auvergne Rhône-Alpes : poursuite du projet de portage foncier régional en partenariat avec l’Inrae (Coop’Portage), renouvellement du plan de filière régional viti-vinicole (2023-2027), sécurisation économique des structures face aux aléas climatiques ou maintien des aides sur les vignes en coteau. Localement, elle a invité les adhérents de la fédération ardéchoise à une assemblée de section en avril 2022 sur le thème de l’emploi agricole.

Un point sur les problématiques de recrutement a d’ailleurs été réalisé. Face au recours restreint à la main-d’œuvre étrangère avec la Covid-19 et les problèmes de mobilité et de logement dans le Sud Ardèche, les intervenants ont notamment conseillé aux vignerons de bien identifier leurs besoins, de recruter à l’avance, de s’intéresser à l’insertion par l’activité économique ou de mutualiser le salariat à l’échelle de la coopérative. Sur le renouvellement des générations, il a été précisé que sept personnes suivent actuellement un BPREA en viticulture au Pradel, un record.

L’assemblée générale s’est terminée sur une note positive. « La coopération viticole, c’est près de 85 % des volumes en Ardèche. C’est le choix d’un grand nombre de viticulteurs », s’est félicité Cyril Jaquin. Le président a conclu la séance en remerciant Anne Moisan et Catherine Jury, salariées de l’association, l’ensemble des représentants des caves coopératives, les services de l’Etat et les invités qui sont intervenus lors de cette session.

GEL / Ouverture des aides pour les coopératives le 3 janvier

Invité lors de cette assemblée générale, Fabien Clavé, chef du service environnement et développement rural à la DDT, a indiqué que le dispositif d’aides pour les entreprises viti-vinicoles ouvrira le 3 janvier 2022. Les demandes pourront être déposées jusqu’au 11 février. Pour accéder à l’indemnisation, les coopératives devront avoir subi une perte de production d’au moins 20 % et une baisse d’au moins 50 % d’excédent brut d’exploitation par rapport à une année de référence. « Nous nous engageons à traiter rapidement les dossiers à la DDT », a-t-il précisé.

Fabien Clavé a également annoncé que le dispositif d’indemnisation de calamités agricoles pour les agriculteurs non assurés sera ouvert tout au long du mois de janvier. Pour les agriculteurs assurés, il devrait ouvrir courant janvier et les aides seront soumises à un seuil de 20 % de perte de production.