MÉCAGRI
La concession a changé de gouvernance

Roland Saint Thomas
-

MÉCAGRI / Partis pour d’autres projets, les dirigeants de l’entreprise Mécagri ont cédé en mars dernier leurs trois bases du Nord-Isère-Ardèche.

La concession a changé de gouvernance
Charles Trémeau a repris la concession de machine agricole.

C’est l’histoire singulière d’une belle réussite d’un chef d’atelier, Denis Jullien, qui en 1998 se retrouve au chômage à la suite de la défaillance de la concession de machine agricole qui l’employait à Roussillon. Il prend alors son courage à deux mains et relance l’entreprise avec son épouse Marielle. Vingt-deux ans plus tard, après avoir hisser leur entreprise dans le paysage de la distribution de la machine agricole sur le Nord-Isère, Nord-Ardèche et Nord-Drôme, ils décident de passer à autre chose. Lui passionné de rénovation de voitures anciennes veut en faire son nouveau métier, elle se voit travailleuse indépendante après une longue carrière de collaboratrice aux côtés de son mari… Finalement, après mûre réflexion, ils cèdent leur entreprise multi plateformes à Charles Trémeau, un quinquagénaire venu de l’industrie.

De l’ingénierie au matériel agricole, il n’y a qu’un pas

Charles Trémeau n’est pas complètement étranger au milieu agricole puisqu’il est né dans une famille de viticulteurs du mâconnais, mais son parcours de gadzarts l’a conduit, ces vingt-cinq dernières années, à travailler dans l’industrie. Il est passé chez Moulinex, Brandt, Grofillex… où il était tour à tour chargé de développement, automaticien, hydraulicien, responsable bureau d’étude… A 54 ans, il trouvait que le monde de l’industrie manquait de relation humaine et il se voyait au service des autres. Cette idée altruiste, il en a fait sienne en conjuguant ses connaissances techniques avec celles du machinisme agricole. Il reprend alors murs et fond de l’entreprise roussillonnaise,  encadre une équipe de vingt personnes réparties sur trois bases au service. Sa devise : ne jamais laisser un agriculteur dans l’embarras : « Les fenêtres de travail sont de plus en plus étroites pour les agriculteurs avec parfois des changements brutaux de météo et l’on se doit d’apporter des réponses immédiates à nos clients. Cela passe par une disponibilité instantanée de nos mécaniciens, jusqu’à du prêt de matériel, si c’est possible. »,  nous dira-t-il.

Créer des pôles de compétence dans l’entreprise

Notre homme ne se voit pas non plus être le seul timonier de l’entreprise, il dit volontiers à ses collaborateurs que ce n’est pas « son entreprise », mais celle de toute une équipe. Pour éviter toute personnalisation, il va créer des pôles de compétence en mécanique, en pièces, en commerce et en gestion afin  que la concession puisse fonctionner, même en son absence. Il veut aussi embaucher encore plus des jeunes en mécanique, en commerce dans ses bases qui comptent déjà cinq apprentis…

En reprenant cette concession de machine agricole, seulement douze jours avant le confinement du mois de mars, Charles Trémeau souffre de ne pas être suffisamment allé à la rencontre de ses clients. L’absence de foires et salons de cet automne ne fait qu’exacerber ce ressentiment. Il n’a pas eu non plus le temps de faire connaissance avec ses confrères et concurrents. Il prévoit dans les prochaines semaines d’ouvrir ses bases à la clientèle et aux fournisseurs pour enfin aller à la rencontre des autres, ce sentiment qui l’animait justement dans la reprise de Mécagri au printemps.

Roland Saint Thomas

Légende photo : Charles Trémeau, un gadzarts aux commandes de Mécagri depuis le mois de mars