PATRIMOINE
Labeaume rend hommage à la figue !

Mylène Coste
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PATRIMOINE / Un conservatoire du figuier a récemment vu le jour, sur deux sites distincts à Saint-Alban-Auriolles et Labeaume. Intrinsèquement liée à l’identité de Labeaume, la figue y a longtemps occupé une place centrale.

Labeaume rend hommage à la figue !
Le conservatoire du figuier de Labeaume regroupe aujourd'hui 60 plants et une trentaine de variétés.

« La figue, c’était notre châtaigne à nous », plaisante Jean-Claude Fialon, adjoint au maire de Labeaume. Et il est vrai que la figue et le figuier ont longtemps fait partie de la vie quotidienne des Labeaumois. Sur les terrains calcaires du village, les figuiers étaient partout ! « On ne sait pas dater précisément à quand remontent les premiers figuiers de la commune, mais il est certain qu’ils étaient présents bien avant la Révolution française, souligne Jean-Claude Fialon. Divers séchoirs à figues et cabanes en pierre dans lesquels on les disposait témoignent de leur présence à Labeaume depuis des siècles. »

La figue séchée très consommée durant des siècles

« Certaines familles faisaient sécher jusqu’à 2 tonnes de figues par an », affirme encore Jean-Claude Fialon. « La figue séchée était achetée par des leveurs qui les revendaient dans des échoppes et des centres urbains de toute la région. Mais pas seulement : Les familles en conservaient toujours une certaine quantité pour leur consommation. La figue est très nutritive : elle était donnée aux enfants pour le goûter, les femmes en jetaient quelques poignées dans la soupe lorsqu’il n’y avait pas grand-chose à se mettre sous la dent… Dans les Cévennes, on faisait la dinde aux marrons, ici c’est la figue qui garnissait les plats ! » Les habitants utilisaient également la figue pour l’engraissement des cochons : cela évitait d’acheter des céréales, que l’on pouvait de toute façon difficilement produire sur les sols calcaires du territoire. « Outre ces usages quotidiens, on sait qu’avant la Seconde Guerre mondiale, un Labeaumois produisait même de l’eau de vie de figue ! Le malheureux s’est ensuite fait confisquer son alambic par les Allemands. »

Les « Becs Figue », l’autre nom des Labeaumois

Cette omniprésence de la figue à Labeaume est à l’origine d’un sobriquet utilisé par les habitants des villages alentour pour désigner les Labeaumois : « beca figua », ou bec figue, mangeur de figue. C’est dire si la réputation était tenace ! Mais la déprise agricole et l’exode rural, puis le gel de 1956, ont conduit à l’abandon progressif de la culture de la figue. 

Labeaume entend aujourd’hui redonner vie à ce patrimoine. « Nous avons profité de la restauration des Jardins suspendus du Récatadou pour y greffer le projet d’un conservatoire du figuier, raconte Jean-Claude Fialon. Il a vu le jour dès 2012, et comprend aujourd’hui 60 plants conservatoires qui représentent 30 variétés anciennes. On y trouve des variétés locales, mais aussi des régions Rhône-Alpes, Paca et Languedoc. » Parmi ces variétés, on retrouve la grise de Saint-Jean, la noire de Barbantane, la sucrette, la sultane ou encore la marseillaise…

Un second site du conservatoire a également vu le jour en 2013 à Saint-Alban-Auriolles, dans les jardins du musée Daudet. « On y trouve une trentaine de plants de variétés méditerranéennes de différentes régions : Grèce, Maroc, Turquie, Egypte, etc. » On peut aussi y découvrir de nombreuses plantes exotiques en provenance de ces pays.

Mylène Coste

Divers grilles, séchoirs en bois et en abris en pierre pour le séchage des figues ont été retrouvés à Labeaume, de même que des "ramasse-figues"