REPORTAGE
Le drone agricole commence à prendre son envol

Présents depuis une dizaine d’années dans le monde agricole, les drones offrent chaque année un peu plus de possibilités à leurs utilisateurs. Rencontre avec Camille Peyrache, ancien journaliste qui s’est reconverti en pilote de drone et est le nouveau président d’Air Images Consulting.

Le drone agricole commence à prendre son envol
Camille Peyrache a repris la société Air Images Consulting en ce début d'année 2021. ©CP

« Cette nouvelle aventure est finalement un peu le fruit du hasard, ce n’était pas prévu. » Après quinze ans de carrière dans le journalisme agricole, Camille Peyrache s’est en effet lancé un nouveau défi en 2021 avec le rachat de la société Air Images Consulting (Albigny-sur-Saône, Rhône). « Dans le cadre de différents articles, j’ai eu à traiter à plusieurs reprises de sujets sur les drones et de leur rôle dans l’agriculture. De fil en aiguille, c’est un domaine qui m’a attiré », confie-t-il.

Pour autant, au début de sa reconversion professionnelle, l’objectif était ailleurs : « Avant la crise sanitaire, je devais faire d’autres formations, dans le domaine de l’innovation, malheureusement tout a été annulé. Puis j’ai eu l’occasion de discuter plus amplement avec mon voisin, un homme de soixante-dix ans qui cherchait à vendre sa société de photographie aérienne par drone, Air Images Consulting. » Et c’est ainsi qu’au 1er mars 2021, dix ans après sa création et après quelques mois de formalités administratives, l’entreprise a changé de propriétaire.

Un hectare survolé par minute, pour une précision au centimètre près

Air Images Consulting est présente dans plusieurs secteurs d’activité : les drones peuvent voler aussi bien au-dessus de carrières que de constructions BTP ou d’exploitations agricoles, avec une mission bien définie. « La vitesse de déplacement ainsi que la précision des images rendent les drones très efficaces dans l’inspection, que ce soit des toitures, des tours télécom, des silos agricoles ou de toute autre construction », explique Camille Peyrache.

Il faut dire que les quatre drones de l’entreprise sont capables de couvrir un hectare par minute et permettent une précision d’image au centimètre près grâce à leurs vingt-huit millions de pixels, une aubaine pour effectuer ces taches. Mais plus que l’activité d’inspection bien établie, c’est un autre aspect que souhaite développer le nouveau dirigeant d’Air Images Consulting : « À l’avenir, j’aimerais que l’entreprise soit la référence régionale pour l’agriculture par drone. Aujourd’hui, c’est le champ d’investigation qui semble offrir le plus de possibilités de développement ». 

Détection de maladies ou de plantes toxiques dans les parcelles

Pour le moment, l’usage agricole reste proche des autres secteurs d’activité, principalement de l’inspection, mais tout porte à croire que cela ne devrait pas être le cas très longtemps. « Il y a actuellement environ soixante-dix usages différents des drones dans l’agriculture mais chaque jour de nouvelles idées apparaissent, et à mesure que la technologie avance on peut envisager de nouvelles choses. » Parmi les possibles usages expérimentés il y a évidemment la détection de maladies comme la flavescence dorée dans les vignes ou de plantes toxiques comme le datura. « Même si les agriculteurs connaissent leurs parcelles et savent quelles sont les zones problématiques, avoir la vision précise du drone permettrait de lutter plus efficacement contre les nuisances, explique Camille Peyrache. Pour chaque usage spécifique on a besoin que l’IA se développe pour traiter les données photographiques produites par les drones et surtout donner des résultats, mais cela prend un peu de temps. » 

« À mesure que la technologie avance on peut envisager de nouvelles choses »

La donne est encore différente pour les expérimentations sur l’épandage par drone. Si les bénéfices en termes d’accessibilité, de vitesse de chantier, de risque sanitaire ou de précision de l’épandage sont évidents, d’autres inconvénients sont présents. En plus des problématiques techniques liées à l’IA (intelligence artificielle), il y a également un souci de droit commun puisque les drones sont soumis aux réglementations aéronautiques. « Il est nécessaire d’obtenir des dérogations préfectorales pour faire voler les drones pour l’épandage, abonde Camille Peyrache, cela demande un peu d’anticipation et ce n’est pas toujours compatible avec les réalités de l’agriculteur soumis aux intempéries ». Et dans le cas d’épandage de produits phytosanitaires, le pilote de drone doit également être agréé pour sa pulvérisation, une contrainte de plus. Rien qui ne semble insurmontable aux yeux du patron d’Air Images Consulting : « le milieu bouge sans arrêt avec des acteurs qui ont envie, rien qu’à l’horizon de deux ou trois ans on devrait déjà avoir de grandes avancées ». Rendez-vous en 2024.

Sébastien Detournay

drone ux11
Grâce au Drone UX 11-AG de la société toulousaine Delair équipé d'une caméra multispectrale, Air Images Consulting est en mesure d'effectuer des suivis de cultures. ©Delair