INTERPROFESSION
Baisse des volumes : les éleveurs laitiers répondent présent

A.J.
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INTERPROFESSION / Pari réussi pour l’interprofession laitière qui avait décidé de mettre en place un dispositif exceptionnel d’incitation à la réduction des volumes pour faire face à la crise du Covid-19. Le Cniel a même dû augmenter le budget initialement prévu pour tenir ses promesses.

Baisse des volumes : les éleveurs laitiers répondent présent

« C’est un succès », se réjouit Thierry Roquefeuil, président du Cniel, l’interprofession laitière, interrogé le 16 juin. L’éleveur dresse un bilan positif du dispositif interprofessionnel de lissage volontaire de la production de lait mis en place au mois d’avril pour aider tout éleveur qui s’engageait à limiter sa production de lait sur le mois d’avril. Au total, 48 millions de litres de lait n’ont pas été produits. 22 000 exploitations laitières « réparties de manière homogène sur l’ensemble du territoire », soit 40 % d’entre elles, seront indemnisées par l’interprofession pour leurs efforts de réduction de la production. L’aide de 320 €/1 000 litres est calculée à partir des déclarations des laiteries, sur la totalité du volume non produit en avril 2020, dans la limite de 5 %, dès lors que la baisse de production dépassait 2 % par rapport à la référence d’avril 2019 ou mars 2020 pour les cas dérogatoires. Cela représente un budget de 15,28 millions d’euros (M€) pour le Cniel. L’enveloppe initialement prévue était de 10 M€. « Nous avons voulu aller au bout de notre décision », explique Thierry Roquefeuil. L’interprofession puisera donc dans ses réserves et assurera une « gestion plus serrée que ce qui avait été prévu pour 2020 ». Face à la crise du Covid-19, « tout le monde était hyper-stressé au mois de mars. Nous voulions éviter de jeter du lait et de saturer les outils de transformation », comme dans d’autres pays, alors que la collecte laitière connaît son pic annuel en avril, justifie-t-il.

Entre sécheresse et incitations

Dans sa note de conjoncture publiée le 16 juin, Agreste fait état d’une baisse de la collecte laitière hexagonale de 0,7 % en avril par rapport au même mois l’année précédente. « La sécheresse subie dans les grandes régions productrices a ralenti la pousse de l’herbe et réduit la production laitière », avance également la note. L’Ouest de la France a particulièrement été pénalisé. La production laitière recule de 2,3 % dans le bassin Grand-Ouest et de 0,6 % en Normandie, elle reste stable en Nord-Picardie (- 0,1 %) et progresse de 2,5 % dans le bassin Grand-Est. Dans les autres bassins, l’évolution de la collecte se situe entre - 3,2 % pour le bassin Sud-Ouest et + 3,2 % pour le bassin Auvergne-Limousin.

Au niveau européen, la Commission estime la hausse de la production à 0,8 % en avril par rapport à avril 2019. L’Irlande (+ 3,5 %), l’Italie (+ 2,5 %), les Pays-Bas (+ 1,7 %) et l’Espagne (+ 2,5 %) ont connu une production laitière particulièrement dynamique. À l’inverse, les livraisons de lait diminuent dans neuf pays dont en France et au Royaume-Uni. Au bout du compte, la collecte de lait européenne a augmenté de 2,4 % en cumulé depuis le début de l’année par rapport à l’année dernière. En France, elle progresse de 1,6 % par rapport à l’an passé et atteint 8 407 millions de litres sur les quatre premiers mois de 2020.

A.J.