FILIÈRE BOIS
L’association Bala veut tirer profit durablement de la ressource en bois

Sur les exploitations, les haies sont souvent considérées comme contraignantes par l’entretien qu’elles nécessitent. Pour transformer cet obstacle en opportunité, des agriculteurs du département de l’Ain en lien avec les autres acteurs du territoire ont élaboré un programme d’action sur trois ans, chapoté par une charte de gestion durable du bois.

L’association Bala veut tirer profit durablement de la ressource en bois
Journée de formation sur la valorisation et la gestion durable des haies. Crédit photo DR

Bien entretenue, la haie rend de nombreux services sur les exploitations, comme l’explique Régis Favier, installé en polyculture-élevage : « Son effet brise-vent permet de lutter contre l’érosion. C’est une source d’ombrage pour les bêtes, un habitat pour les auxiliaires de culture et une ressource énergétique exploitable pour se chauffer ou pour faire du paillage ». Dans le département de l’Ain, la faible valorisation du bois s’explique par « une carence sur la prestation de broyage dans la région. Certains pouvaient se retrouver avec du bois sur les bras pendant plus d’un an », raconte Régis Favier. Quant à ceux qui ne cherchent pas à valoriser le bois, cette ressource est souvent perçue comme une contrainte : « Vu l’évolution des structures d’exploitations et des moyens disponibles, il n’y a plus le temps d’entretenir, et puis quelques accidents ont marqué les esprits », ajoute Laurent Jullian-Binard, conseiller à la chambre d’agriculture de l’Ain. 

Réhabiliter le rôle multiple des haies 

Pour que la gestion des haies ne soit plus une charge insurmontable, apporter une solution technique facilitant cet entretien était un préalable indispensable : « On a organisé des journées de démonstration de matériel sur la mise en place de système de grappin coupeur. Cela permet de sécuriser le chantier et de produire des débits intéressants », explique Laurent Jullian-Binard. Mais l’objectif n’était pas de fournir du matériel pour supprimer systématiquement les haies jugées encombrantes : « Il faut changer de regard, enlever toutes les haies n’a pas de sens », affirme Régis Favier.

Pour réhabiliter le rôle multiple que peuvent jouer les haies sur les exploitations, la chambre d’agriculture de l’Ain, la fédération départementale des Cuma 01 et l’association Missions Haies Auvergne ont élaboré avec les agriculteurs une démarche de gestion durable de cette ressource, en lien avec les autres acteurs du territoire. « On a construit une charte et un guide de bonnes pratiques, en y associant un certain nombre de partenaires : le conseil départemental, l’association des maires pour faire le lien avec les collectivités, le conservatoire des espaces naturels etc. »  En parallèle s’est structurée l’association Bala (Bois Agrilocal Aindinois), fondée en 2019 : les adhérents y acquièrent des compétences pour tirer durablement profit de la ressource en bois grâce à une formation animée par la mission Haies Auvergne, et bénéficient de l’appui d’un conseiller technique. « L’association fédère de plus en plus d’agriculteurs, nous sommes 40 aujourd’hui. C’est un lieu de partage entre pairs, le choix du matériel et des types de travaux se fait collectivement » ajoute Laurent Jullian-Binard.

Des débouchés en construction 

« On ne va pas broyer du bois pour broyer du bois ! Si on ne l’utilise pas, on n’aura rien changé », affirme Régis Favier. « Ceux qui se chauffent au bois ont maintenant un service qui tient la route. D’autres n’avaient pas entretenu de haie depuis des années et ils se sont mis à l’utiliser sous forme de paillage pour les animaux. Il y a une réelle satisfaction à pouvoir limiter l’utilisation de la paille qui devient certaines années une denrée rare et chère », explique-t-il.

Quant aux exploitants qui n’ont pas besoin de bois à titre personnel, la production de plaquette pourrait être un débouché intéressant. « Le but est de sensibiliser les collectivités qui ont une chaufferie à un approvisionnement local », explique Laurent Jullian-Binard.  « Structurer une filière sur le territoire est un peu l’objectif de demain, mais cela prendra du temps. Il faut continuer à créer des moments de rencontres, expliquer nos pratiques et se donner rendez-vous dans quelques années sur les exploitations des uns et des autres pour voir les résultats de nos efforts ! », conclut Régis Favier. 

Comité technique de la région Auvergne Rhône-Alpes